25 février, 2011

Irak : manisfestastion d’ampleur sur la place Al Tahrir de Bagdad

Vendredi 25 février, une manifestation d’ampleur se tiendra sur la place Al-Tahrir de Bagdad. Ce rassemblement, surnommé « Révolution de la colère des Irakiens », intervient après trois semaines d’émeutes dans plusieurs villes d’Irak. Une hausse significative de l’insécurité a été observée dans des régions jusque là épargnées par les affrontements entre forces armées et mouvements insurgés.
Alors que les révolutions tunisienne et égyptienne s’étendent à plusieurs pays du Maghreb et du Moyen-Orient, les revendications des Irakiens se font de plus en plus fortes et les manifestations se multiplient. Le premier mouvement de protestation s’est tenu le 3 février à Diwaniya (province d’Al-Qadisiyya, sud de Bagdad) ; depuis cette date, la contestation s’est propagée jusque dans les zones les plus reculées du pays. Néanmoins, c’est au Kurdistan irakien (Nord) que les manifestations se sont déroulées avec le plus d’intensité et de violence. A Souleimaniyeh, ville réputée pour son calme et sa prospérité (notamment grâce au pétrole extrait sur son sol), des heurts particulièrement violents ont été rapportés ces dernières semaines.

Les revendications des manifestants issus de diverses provinces du pays se rejoignent sur certains points. D’une part, l’accès aux services de première nécessité (eau, électricité) doit être amélioré ; d’autre part, le chômage et la corruption qui gangrènent le pays doivent être considérablement réduits. Depuis le début de la contestation, le gouvernement irakien – mené par Nouri Al-Maliki – a proposé une série de réformes sociales qui, jusqu’à présent, n’a pas mis fin au mouvement de protestation. Ainsi, un projet de loi rédigé en Conseil des ministres a été récemment présenté devant le Parlement ; la réforme proposait de réduire de 40% le salaire des députés et de 50% celui des plus hauts dirigeants de l’Etat. Cette concession admise par le Premier ministre et le Président Jalal Talabani n’a pas trouvé d’écho auprès des représentants du peuple, qui n’ont consenti qu’à une baisse de 10% de leurs revenus. Le refus des députés a par conséquent attisé la colère des Irakiens et mené à une aggravation du contexte politico-sécuritaire dans le pays.

A ces problématiques nationales s’ajoutent des problématiques locales et régionales. En effet, plusieurs rassemblements ont été organisés aux abords d’édifices publics et de représentations du pouvoir local, qui ont subi de graves dégradations dans plusieurs villes de province. Ainsi, dans les régions kurdes du nord de l’Irak, les protestations concernent pour beaucoup la détention du pouvoir par une élite politico-économique et les inégalités de répartition des richesses. Alors que le Kurdistan fournit la majeure partie des réserves de pétrole du pays, le taux de chômage y demeure particulièrement élevé. En réalité, le secteur pétrolier (qui représente 65% du PIB) ne fournit qu’1% de l’emploi national. Seule une diversification des activités et une multiplication des réformes sociales pourraient permettre un retour au calme. La symbolique assumée par le peuple irakien – qui a choisi pour organiser le prochain rassemblement d’ampleur la place Tahrir de Bagdad, en référence à celle du Caire – est à replacer dans un contexte régional. Au cours des dernières manifestations, des slogans faisant directement référence à la révolution égyptienne (« N’oubliez pas ce qui est arrivé à Moubarak ») étaient inscrits sur certaines pancartes des manifestants. Aujourd’hui, les parlementaires et les responsables locaux cristallisent les frustrations du peuple irakien, et la répression menée par les forces de l’ordre tend à aggraver de manière significative le désir d’insurrection chez les populations locales. Si la faim et l’injustice sont les moteurs de la révolte arabe, une intensification du mouvement irakien ne doit pas être négligée

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Source : GEOS, www.groupegeos.com

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