24 février, 2011

Blaise Compaoré/Jacob Zuma : Match nul

Arrivé lundi 21 février 2011 à Abidjan, le panel des chefs d’Etat mis en place par l’Union africaine (UA) pour dénouer la crise ivoirienne est reparti quelque peu en rang dispersé après un séjour de 48 heures. Il faut dire que l’affaire était mal engagée après le forfait du président Blaise Compaoré, indésirable sur les bords de la lagune Ebrié, où les partisans de Laurent Gbagbo l’accusent de sympathie pro-Ouattara.

Réduit donc à quatre, c’est presque une virée touristique ou un voyage d’étude que ces panélistes de luxe ont effectué. D’ailleurs selon les mots mêmes de Jean Ping, le président de la Commission de l’UA, ils sont partis s’informer de la situation.

Et de fait, les panélistes ont suivi le même rituel que les autres bonnes volontés qui les ont jusque-là précédés : rencontre avec Laurent Gbagbo, rencontre avec Alassane Dramane Ouattara, rencontre avec le patron de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).

Mais au juste, quelle information cherchaient-ils donc qu’ils n’avaient déjà ? Avaient-ils besoin de faire des milliers de kilomètres pour savoir qu’il y a un président démocratiquement élu et un autre qui a perpétré un coup d’Etat électoral et que l’un et l’autre campent sur leurs positions au point que tous les observateurs se demandent quel peut être le plus petit commun dénominateur entre les deux camps.

Le panel est pourtant tenu par une obligation de résultats, puisque, c’est au cours de la semaine prochaine qu’il doit présenter à l’UA les conclusions des différents pourparlers menés sur le terrain. Pour ajouter à l’imbroglio, on assiste à une cacophonie entre l’UA et la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), qui ne parlent plus d’une seule et même voix.

En effet, l’organisation ouest-africaine a définitivement tranché la question et considère Alassane Dramane Ouattara comme le président de Côte d’Ivoire et entend œuvrer, par tous les moyens, y compris l’usage de la force, à chasser du pouvoir Laurent Gbagbo.

De son côté, si l’UA a reconnu Ouattara comme président, il n’en demeure pas moins qu’il y a encore quelques pays qui épousent les idées de Gbagbo et qui sont favorables à la solution du partage du pouvoir entre les deux camps qui se disputent la présidence de la République de Côte d’Ivoire.

De plus, les deux organisations, l’UA et la CEDEAO, ont étalé au grand jour un autre aspect de leurs divergences au sujet du maintien de la mission du panel à Abidjan alors qu’un de ses membres, Blaise Compaoré, y était persona non grata. Se fendant d’un communiqué, la CEDEAO a en effet regretté la non-modification de l’agenda du panel.

Du coup, cette mission s’est déroulée en l’absence du président Compaoré, représentant de l’Afrique de l’Ouest, mais aussi en l’absence du président de la CEDEAO, qui a refusé de se rendre à Abidjan dans ces conditions.

Dans cette crise postélectorale, on constate que c’est toujours l’impasse et le statu quo. Et bien malin qui pourra dire comment tout cela va se terminer.

Dans son « malheur », Blaise Compaoré peut s’estimer heureux d’avoir été contraint à jeter l’éponge, puisqu’au moins son nom ne sera pas associé à l’échec, déjà prévisible. Après l’espèce de camouflet qu’il a essuyé, il fait à présent match nul avec Jacob Zuma, qu’on sait proche de l’enfant terrible de Mama.

Le président Sud-Africain, on l’a vu, a été proprement conspué par les partisans d’Alassane : au moment où la voiture de Zuma se garait devant l’hôtel du Golf, des jeunes favorables à Alassane Dramane Ouattara ont entouré le véhicule en le huant et en lui demandant de « dire la vérité ». Les gardes du corps sud-africains ont dû s’interposer physiquement entre le président Zuma et les manifestants.

Si les sympathisants de Ouattara ne s’en sont pris que verbalement à Jacob Zuma, il n’est pas évident qu’il aurait été de même de la part des partisans de Gbagbo face à Blaise Compaoré. Autant dire que le Burkinabè et le Sud-Africain se sont, en quelque sorte, neutralisés pour le malheur de la Côte d’Ivoire postélectorale.

Dans tous les cas, on se demande bien quelle décision contraignante le panel pourra rendre publique le 28 février prochain à Nouakchott.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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