21 février, 2011

Bahreïn: défilé de soutien au gouvernement avant une grande marche de l'opposition mardi

MANAMA (AFP)

AFP

Des manifestantes hostiles au gouvernement place de la Perle à Manama le 21 février 2011

Des milliers de Bahreïnis ont défilé lundi soir à Manama pour clamer leur soutien au gouvernement dominé par la famille royale sunnite et dont la démission est demandée par des protestataires chiites.

Au même moment, le royaume de Bahreïn a annoncé ne pas pouvoir, en raison des troubles, accueillir le Grand prix de Sakhir prévu le 13 mars et qui devait marquer le début de la saison de formule 1.

Des milliers de partisans du gouvernement, des hommes et des femmes se sont rassemblés autour de la mosquée sunnite Al-Fateh aux cris de "Vive Abou Salam", en référence au roi, Hamad Ben Issa Al-Khalifa.

Tout comme les manifestants en majorité chiites de la place de la Perle, qui exigent la démission du gouvernement, ceux de la mosquée Al-Fateh agitaient des drapeaux rouge et blanc de Bahreïn.

Ils brandissaient aussi des portraits du roi et du prince héritier Salman Ben Hamad Al-Khalifa, tandis que leurs voitures étaient ornées de portraits du Premier ministre, oncle du roi, en poste depuis 1971.

"Nous affirmons notre attachement à la légitimité du régime actuel", a déclaré le président du "Rassemblement de l'Unité nationale", cheikh Abdellatif Mahmoud Al-Mahmoud, en lisant un communiqué du nouveau groupe, formé de dignitaires religieux sunnites et de personnalités nationales.

"La stabilité du pays est une priorité absolue qui ne se prête à aucun marchandage", a-t-il ajouté à l'adresse d'une foule rassemblée à l'intérieur et autour de la grande mosquée Al-Fatah, dans l'est de la capitale.

"Vive le roi", "Vive Khalifa Ben Salman", le Premier ministre, et "Unité, unité bahreïnie", a répondu une foule compacte, arborant le drapeau national et estimée par la télévision d'Etat à quelque 300.000 personnes.

AFP

Des manifestants sur la place de la Perle, à Manama, le 21 février 2011

En milieu de journée, l'opposition chiite a annoncé la mort d'un jeune manifestant, blessé vendredi par les tirs de l'armée, ce qui porte à sept le nombre des morts de la répression depuis le début des manifestations le 14 février à Bahreïn où l'opposition préparait une démonstration de force avec une grande marche mardi à Manama.

Les manifestants, qui poursuivaient leur sit-in sur la place de la Perle à Manama, ont radicalisé leurs revendications en réclamant la fin du règne de la dynastie des Al-Khalifa alors que l'opposant chiite Hassan Machaimaa, jugé par contumace pour terrorisme, a annoncé de Londres son intention de regagner le pays mardi.

A Doha, où il est arrivé en provenance de Ryad, le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, a dit qu'il continue de croire que l'Iran est un pays qui continue à fomenter l'instabilité dans la région, à prendre avantage de chaque opportunité, mais je pense que cela n'a pas été le principal déterminant des événements en Egypte, à Bahreïn ou dans les autres pays".

Ces troubles sont "dans l'ensemble dus à des problèmes internes et non à quelque chose de fomenté par une puissance extérieure", a-t-il ajouté à l'issue d'une matinée d'entretiens avec de hauts responsables saoudiens.

L'amiral Mullen pourrait se rendre à Bahreïn, quartier général de la Ve flotte américaine, plus tard dans la semaine, selon son son entourage.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a répété dimanche que les violences mortelles à Bahreïn étaient "inacceptables" et que les autorités devaient procéder à des "réformes" aussi vite que possible.

Pour sa part, le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Nayef Ben Abdel Aziz, a assuré au roi de Bahreïn que Ryad soutenait Manama "contre tout ce qui nuit à la sécurité, la stabilité et l'unité nationale" de Bahreïn.

L'opposition poursuivait lundi ses concertations sur l'offre de dialogue faite par le prince héritier de Bahreïn, tout en mobilisant ses partisans pour une marche mardi après-midi.

"Nous attendons jusqu'à 100.000 participants à la marche" qui devrait converger vers la place de la Perle, a déclaré à l'AFP un élu du Wefaq, le principal mouvement chiite, Abdel Jalil Khalil Ibrahim.

"Nous sommes prêts au dialogue, qui n'a pas encore commencé. Mais il faut une plate-forme pour que ce dialogue soit fructueux", a-t-il dit, réclamant entre autres "la démission du gouvernement qui n'a pas protégé son peuple".

L'opposition assure ne pas vouloir un changement de régime, mais l'instauration d'une monarchie constitutionnelle.

Sur le plan économique, l'agence de notation Standard and Poor's a baissé d'un cran lundi la note du Bahreïn, passée de A à A-, et prévenu qu'elle pourrait la baisser de nouveau au vu du "risque politique élevé" auquel est confronté cet Etat du Golfe après une semaine de manifestations.

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