21 janvier, 2011

Une manifestation de l'opposition dégénère: trois morts par balles

TIRANA (AFP)

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Des manifestants emmènent le corps d'un homme tué par balles, à Tirana, en Albanie, le 21 janvier 2011

Trois personnes ont été tuées par balles, vendredi à Tirana, au cours d'une manifestation de l'opposition marquée par de violents accrochages avec les forces de l'ordre, donnant une tournure dramatique à la crise politique que traverse le pays depuis un an et demi.

Le chef des urgences de l'hôpital militaire de Tirana, Sami Koceku, a indiqué à l'AFP que trois manifestants étaient arrivés morts dans son service, tués par balles.

"Il y a en outre 55 blessés, dont 25 policiers et 30 civils", a-t-on indiqué par ailleurs de sources hospitalières.

Dans la soirée, de hauts responsables de l'Union européenne ont appelé au calme, regrettant "avec force" la perte de vies humaines, mais ont souligné le droit des citoyens à manifester.

"Manifester est un instrument de la liberté d'expression et permet aux citoyens de s'assembler pacifiquement", ont déclaré la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et le commissaire européen chargé de l'Elargissement, Stefan Füle, dans un communiqué commun.

Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, s'est dit "très inquiet de l'explosion de violence" et a appelé "toutes les forces politiques à engager un dialogue constructif, dans le cadre des institutions démocratiques albanaises actuelles".

Les trois victimes ont "été tuées à bout portant par des armes légères, par des pistolets. Et la police ne possède pas de tels armements", a assuré le Premier ministre albanais, Sali Berisha, lors d'une conférence de presse.

"Toute la responsabilité de ces incidents et pour ces victimes incombe directement aux organisateurs de cette manifestation", a-t-il ajouté.

Le chef de l'opposition socialiste, Edi Rama, a accusé pour sa part la police d'avoir tiré contre les manifestants, "tuant trois innocents".

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Affrontements entre manifestants anti-gouvernementaux et policiers le 21 janvier 2011 à Tirana

C'est la première fois qu'une manifestation de l'opposition donne lieu à de telles violences, avec des tués, depuis le début de la crise politique que traverse l'Albanie.

L'opposition, menée par M. Rama, n'a jamais reconnu les résultats des élections législatives de juin 2009, accusant le pouvoir de fraudes.

Et depuis lors, c'est le bras de fer. L'opposition refuse de jouer un rôle actif au Parlement et réclame un nouveau décompte des votes, une revendication à laquelle n'a jamais satisfait le gouvernement de M. Berisha.

La manifestation de vendredi avait pour mots d'ordre la démission de M. Berisha et la convocation d'élections législatives anticipées.

Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés en début d'après-midi devant le siège du gouvernement, dans le centre de Tirana, protégé par un important cordon d'effectifs des forces de l'ordre.

La tension a été tout de suite palpable et les manifestants n'ont pas tardé à lancer divers projectiles, dont des pierres, contre les policiers.

Ceux-ci ont répliqué en tirant des gaz lacrymogènes et en ayant recours à des lances à eau pour repousser les manifestants et disperser la foule.

De nombreux véhicules, notamment de la police, ont été incendiés, des vitres d'immeubles brisées.

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Des manifestants lancent des pierres contre des canons à eau de la police, le 21 janvier 2011 à Tirana

D'autres appels au calme pressants ont été lancés en fin d'après-midi, émanant d'autorités albanaises et étrangères.

"J'appelle tous les acteurs politiques à retourner d'urgence au dialogue et à prendre leurs responsabilités pour préserver la stabilité politique", a lancé le président albanais, Bamir Topi.

Edi Rama a également appelé au calme lors d'une conférence de presse.

Dans un appel commun, l'ambassade des Etats-Unis, la Délégation de l'UE et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Tirana ont invité "toutes les parties" au "calme et à la retenue, et à s'abstenir de provocations"

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