17 janvier, 2011

Tunisie: l'opposition au gouvernement, l'équipe Ben Ali garde les postes clé

TUNIS (AFP)

AFP

Le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi à Tunis le 17 janvier 2011

Le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a annoncé lundi à Tunis la formation d'un "gouvernement d'union nationale" marqué par l'entrée de trois chefs de l'opposition au régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, mais dans lequel l'équipe sortante conserve les postes clés.

M. Ghannouchi a également annoncé devant la presse des mesures d'ouverture démocratique: "liberté totale d'information", libération de tous les prisonniers d'opinion, et levée de l'interdiction d'activité des organisations de défense des droits de l'homme.

Il a indiqué aussi que tous les partis politiques qui le demanderaient seraient légalisés. Le parti islamiste Ennahda et le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) sont notamment interdits en Tunisie.

AFP/Archives

Le nouveau ministre tunisien de l'Enseignement supérieur Ahmed Ibrahim, chef du mouvement Ettajdid (Renaissance, ex-communiste) à Tunis le 17 septembre 2009

Le nouvel exécutif a été formé trois jours après la chute du régime de Ben Ali, contraint à l'exil par un mois de révolte populaire, la "révolution du jasmin", au cours de laquelle, selon une ONG, au moins 66 personnes ont été tuées.

Il sera chargé de gérer la transition et de préparer les prochaines élections présidentielle et législative, qui doivent être organisées dans un délai de deux mois, selon la Constitution.

Plus tard, dans une déclaration à la chaîne de télévision Al-Arabiya, M. Ghannouchi a estimé que ce délai était insuffisant et annoncé que les élections générales devraient se tenir dans "six mois au plus tard".

Dernier Premier ministre de M. Ben Ali, M. Ghannouchi a expliqué qu'il avait formé "un gouvernement qui intègre les différents partis et les composantes de la société civile".

Parmi les 24 ministres et ministres délégués du nouveau cabinet figurent trois chefs de partis politique de l'ancienne opposition au régime du président Ben Ali, qui a fui vers l'Arabie saoudite après 23 ans de règne sans partage.

Il s'agit de Ahmed Néjib Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP, formation d'opposition légale la plus radicale), Ahmed Ibrahim, chef du mouvement Ettajdid (Renaissance, ex-communiste) et Mustapha Ben Jaafar qui dirige le Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL).

Outre le Premier Ministre, sept membres de l'ancien régime sont reconduits, notamment aux postes régaliens de l'Intérieur, Ahmed Friaa, de la Défense, Ridha Grira, des Affaires étrangères, Kamel Morjane, et des Finances, Ridha Chalghoum.

Des représentants de la société civile figurent aussi dans ce gouvernement, dont la composition va être scrutée à la loupe par les Tunisiens, qui n'entendent pas se faire confisquer leur révolution.

AFP

Plan de Tunis situant les endroits où siège le pouvoir national tunisien (présidence, Parlement, ministères...)

De Paris, l'opposant historique Moncef Marzouki a déjà dénoncé le nouveau gouvernement comme une "mascarade", fustigeant une "fausse ouverture".

Auparavant, des centaines de personnes avaient manifesté à Tunis et en province, pour demander l'exclusion du nouveau gouvernement des hommes politique liés à l'ancien régime et à son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), dont M. Ghannouchi.

"La révolution continue! RCD dehors!", ont scandé plusieurs centaines de manifestants, dispersés par la police. Des rassemblements identiques ont eu lieu à Sidi Bouzid (centre-ouest) et à Regueb. C'est à Sidi Bouzid qu'un jeune chômeur de 26 ans s'était immolé par le feu le 17 décembre, déclenchant le mouvement de révolte.

Dans le centre de la capitale tunisienne, les commerces ouverts étaient rares en dépit de l'arrêt des échanges entre francs-tireurs et forces de sécurité.

La France a indiqué lundi qu'elle se tenait "à la disposition des autorités constitutionnelles tunisiennes" pour examiner le sort des biens immobiliers en France du président tunisien déchu et de son entourage.

Sa seconde épouse, Leïla Trabelsi, et la famille de cette dernière, se sont accaparé les richesses du pays en utilisant l'appareil d'Etat, selon de nombreux observateurs.

La famille de l'ex-président se serait enfuie de Tunisie avec 1,5 tonne d'or, selon le journal Le Monde qui cite des sources à la présidence française, une information démentie par la Banque centrale de Tunisie.

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