31 janvier, 2011

Tunisie : l’islamiste Rached Ghannouchi de retour

Après plus de 20 ans d'absence, Rached Ghannouchi est arrivé en début d’après-midi, dimanche, à l’aéroport de Tunis, acclamé par des milliers de sympathisants. Ghannouchi, que beaucoup voient sans doute pour la première fois, est le visage de l'islamisme que semblent tant redouter nombre de tenants de la laïcité dans la nouvelle Tunisie de l'après Ben Ali, le président chassé le 14 janvier par un soulèvement populaire.

Apparaissant à l'aéroport de Tunis-Carthage, le septuagénaire qui vivait à Londres a lancé un « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand), les bras tendu vers le ciel, à son comité d’accueil, avant de monter dans une voiture. Dans la cohue, les militants du mouvement Ennahda (Renaissance) entonnent un chant très symbolique en islam, celui qui évoque le départ du prophète Mahomet de la Mecque vers Médine en 622. Un peu en retrait, plusieurs dizaines de défenseurs de la laïcité ont tenu malgré tout à être présents à l'aéroport avec des pancartes contre le fondamentalisme.

"Je ne suis pas un Khomeiny"

Rached Ghannouchi a fondé en 1981 Ennahda (Renaissance) avec des intellectuels inspirés par les Frères musulmans égyptiens. Il dit aujourd'hui représenter un islam modéré proche de l'AKP turc. « Je ne suis pas un Khomeiny et la Tunisie n'est pas l'Iran », a-t-il expliqué à Londres. « Je veux apporter une contribution intellectuelle à ce tournant historique qui sort la Tunisie d'une ère de répression pour la mener à la démocratie. »

Toléré au début de l'ère Ben Ali en 1987, son mouvement avait été réprimé après les législatives de 1989, où les listes qu'il soutenait avaient recueilli au moins 17% des suffrages. Environ 30.000 militants et sympathisants islamistes avaient été arrêtés dans les années 90. Ghannouchi avait alors quitté le pays pour l'Algérie, puis Londres. En 1992, il avait été condamné par contumace à la prison à perpétuité pour un complot contre le président.

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