19 janvier, 2011

Succès de l’agriculture africaine: les enjeux de la filière laitière en Afrique

afriqueavenir.org Le lait représente un enjeu majeur en Afrique. Non seulement, il est une source de protéines et de bien d’autres nutriments pour les populations locales, mais il assure aussi un revenu régulier aux éleveurs qui le produisent.

Or, le lait africain est concurrencé par le lait européen la plupart du temps bien moins cher. Cette concurrence a un coût important pour les pays africains. Les importations à bas prix des produits laitiers pèsent très fortement sur la baisse des prix des produits nationaux. Or le prix des produits agricoles constitue l'incitation à l'investissement la plus importante et la plus aisée à mettre en oeuvre dans les pays en développement. Ces importations à bas prix sont donc un frein de plus au développement des filières agricoles et plus largement de l'ensemble de l'économie nationale.

Malgré cette concurrence déloyale, des initiatives africaines ont permis l’émergence d’une véritable filière laitière dans certains pays du continent. Retour sur ces réussites de l’agriculture africaine.

La filière laitière africaine est encore largement sous-développée

Dans le secteur de la production laitière, on observe de grandes différences entre les exploitations des pays développés et celles des pays en voie de développement. Au Burkina Faso, les troupeaux comptent de 5 à 20 têtes avec une productivité estimée à 110 litres de lait par vache et par an. Alors qu’en Europe les troupeaux comptent en moyenne 28 têtes et peuvent aller jusqu'à 100 bêtes ou plus, pour une productivité moyenne de 6000 litres par vache et par an. Cette différence est en partie due aux conditions difficiles de la production laitière en Afrique. Pourtant, on dispose aujourd'hui de solutions techniques qui, quand elles sont associées, permettent d'améliorer la productivité des troupeaux.

Mais la difficulté rencontrée en Afrique se concentre sur la rencontre de la production et des consommateurs. Les secteurs de la collecte et de la transformation sont actuellement très peu organisés et performants. Aujourd'hui le lait local ne parvient aux centres villes ni en quantité ni en qualité suffisantes, ou alors à un prix élevé, surtout comparé au lait reconstitué.

Or, aidée et protégée, la filière laitière africaine peut se développer...

En Mauritanie, le lait local a le vent en poupe

La laiterie TIVISKI a été créée en 1989 par Mme Arahamane, avec l’appui de l’Agence Française de Développement, dans les environs de Nouakchott. En un peu plus de dix ans, elle a acquis la confiance des producteurs et des consommateurs. Elle collecte actuellement 20 000 litres de lait par jour dans un rayon de 300 km autour de la capitale. Elle fournit un revenu régulier et satisfaisant à un millier de familles, et des produits de qualité aux consommateurs urbain. Son offre est composée de quatorze produits à base de lait de chamelle ainsi que de lait de vache et de chèvre.

La laiterie fournit aussi des soins vétérinaires, des vaccins, des aliments pour bétail à crédit ainsi que des formations sur l’hygiène de la traite.

Au Kenya, le soutien aux petits producteurs a permis l’autosuffisance

Le Kenya, avec une production annuelle moyenne de plus de 2,9 millions de tonnes est largement autosuffisant. 80 % la production est assurée par des petits éleveurs et l'industrie laitière kenyane est une des plus développée d'Afrique subsaharienne. Ce succès s'explique par une importante politique nationale de soutien à la filière lait. L’Etat a crée un organe de régulation, le Kenya Dairy Board, dont la mission principale est d'organiser, de réguler et de développer la filière laitière nationale. De plus, l’Etat a mis en oeuvre un contrôle strict du niveau des importations grâce à un tarif douanier de 60 % qui protège son industrie laitière. Enfin, des politiques d'aide et de formation pour les éleveurs (soutien aux investissements, amélioration de l'hygiène, formation sur la conduite d'élevage, établissement de normes et standards de qualité, etc.) ont été réalisées.

Aujourd’hui, d’autres pays africains sont sur le point de développer une véritable filière laitière. C’est le cas du Mali qui dispose de l’un des cheptel les importants d’Afrique et dont la production laitière atteint 600 000 tonnes. C’est également le cas du Burkina Faso dont la production laitière pourrait couvrir les besoins de la population. Dans tous ces pays, il faudrait maintenant que les pouvoirs publics, à l’instar du Kenya ou de la Mauritanie, protègent ce secteur et que les industriels privés investissent dans des industries de transformation comme les mini-laiteries implantées localement pour développer les filières laitières locales.

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