09 janvier, 2011

Sahel : Paris rejette le "diktat des terroristes" après la mort de 2 otages

PARIS (AFP)

AFP

Le restaurant "Le Toulousain" à Niamey, où deux Français ont été enlevés le 7 janvier 2011

La France a rejeté dimanche "le diktat des terroristes" et mis en garde ses ressortissants au Sahel au lendemain de l'échec d'une opération militaire franco-nigérienne pour tenter de sauver deux otages, probablement exécutés par leurs ravisseurs à la frontière malienne. Evènement

"Les démocraties, c'est leur honneur, c'est leur noblesse, doivent lutter pied à pied contre ces barbares venus d'un autre âge qui veulent terroriser le monde entier. Nous n'accepterons jamais le diktat des terroristes et du terrorisme", a déclaré dimanche le président français Nicolas Sarkozy, depuis les Antilles.

Le rapt n'a pas été revendiqué, mais tous les soupçons se portaient dimanche sur la branche maghrébine d'Al-Qaïda, Aqmi, déjà responsable de plusieurs enlèvements de Français au Sahel.

"Au regard de la menace terroriste qui pèse sur la région, aucun endroit ne peut désormais plus être considéré comme sûr", affirmait le ministère des Affaires étrangères sur son site internet, recommandant "la plus extrême prudence" dans trois pays : Mauritanie, Mali et Niger.

Antoine de Léocour et Vincent Delory, deux Français âgés de 25 ans, ont été enlevés vendredi soir dans un restaurant de Niamey par des hommes armés qui les ont emmenés vers la frontière malienne, au nord.

AFP

Les parents de Vincent Delory, de retour à leur domicile, à Linselles le 9 janvier 2011

Antoine avait vécu au Niger et travaillait depuis six mois pour l'organisation humanitaire Aide médicale internationale (AMI) en Centrafrique. Il était en congés à Niamey où il devait épouser une jeune Nigérienne. Son ami d'enfance, Vincent, l'avait rejoint et devait être son témoin.

Ils ont péri samedi au cours d'une opération menée par la garde nationale nigérienne et coordonnée par des militaires français, au nord de la localité de Tiola, à la frontière du Mali. Leurs corps ont été rapatriés dimanche à Niamey, selon une source sécuritaire nigérienne.

"Tout semble indiquer que les deux otages ont été exécutés", a déclaré dimanche à l'AFP le porte-parole de l'état-major des armées françaises, le colonel Thierry Burkhard.

A Niamey, une source sécuritaire nigérienne a affirmé à l'AFP que quatre ravisseurs avaient été tués et évoqué plusieurs morts du côté des forces de sécurité nigériennes. L'état-major français parle, lui, de "plusieurs" ravisseurs tués. Mais on ignorait dimanche si tous les ravisseurs avaient été tués ou si certains avaient été capturés ou avaient pu s'enfuir.

Dans la capitale nigérienne, jusque là réputée comme sûre, l'inquiétude était palpable dimanche, même si aucun dispositif de sécurité particulier n'était déployé aux abords de l'ambassade de France ou du restaurant où le rapt a eu lieu.

AFP

Carte de localisation du Niger où deux Français ont été tués

Pour Moussa Aksar, directeur de publication de journal privé L'Evénement, "les enlèvements à Niamey prouvent que Aqmi et ses sous-traitants peuvent frapper n'importe où et n'importe quand. C'est donc l'alerte générale".

L'annonce de la mort des deux jeunes otages a suscité émotion et indignation, tant chez les proches des disparus, "consternés", que dans la classe politique française, "solidaire" et "unie" face à l'épreuve.

Le ministre de la Défense Alain Juppé a annoncé sa venue dès lundi à Niamey, tandis que l'opposition socialiste a demandé à ce que "toute la lumière soit faite" sur les circonstances de la mort des otages.

"Je suis sous le choc, je n'arrive pas à y croire", a déclaré à l'AFP à Niamey Rakia, la jeune fiancée d'Antoine de Léocour.

A Linselles, petite commune du nord de la France dont étaient originaires les deux jeunes amis, la consternation le disputait au chagrin et à la colère.

"Les parents sont effondrés", a témoigné le député Christian Vanneste. Antoine était "un amoureux de l'Afrique", a témoigné une autre élue locale.

Quelque 1.550 ressortissants français (y compris les binationaux) résident au Niger, 2.115 en Mauritanie et 4.330 au Mali. Plus des trois-quarts vivent dans les trois capitales: Niamey, Nouakchott et Bamako.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire