25 janvier, 2011

Poutine promet de châtier les coupables de l'attentat, piste caucasienne

MOSCOU (AFP)

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Evacuation d'une victime de l'aéroport international Domodedovo après l'attentat suicide commis le 24 janvier 2011 à Moscou

Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a promis mardi le "châtiment" des coupables de l'attentat qui a fait 35 morts la veille à l'aéroport de Moscou-Domodedevo, les autorités s'orientant clairement vers la piste des rebelles islamistes du Caucase du Nord.

De son côté, le président Dmitri Medvedev a dénoncé la violation des règles de sécurité à Domodedovo, le plus grand aéroport de Russie, alors que les autorités russes étaient critiquées par l'opposition et sur la blogosphère pour leur incapacité à empêcher la répétition des actes terroristes.

Dans la soirée, le comité d'enquête russe a annoncé l'ouverture d'une enquête contre X pour violation des règles de sécurité à cet aéroport, après celle pour terrorisme.

"Je n'ai aucun doute que le crime sera élucidé et que le châtiment (des coupables) est inévitable", a déclaré M. Poutine au cours d'une réunion du gouvernement, dénonçant un acte "cruel et insensé".

M. Medvedev a lui ordonné aux autorités de "tout faire pour que les bandits qui ont commis ce crime soient identifiés, arrêtés et traduits en justice, et que les repaires de ces bandits soient liquidés".

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L'aéroport international Domodedovo après l'attentat suicide commis le 24 janvier 2011 à Moscou

"Le terrorisme reste la principale menace pour la sécurité de notre Etat", a averti le chef de l'Etat, ordonnant au Service fédéral de sécurité (FSB) d'accorder un "maximum d'attention" à la sécurité, notamment en vue des jeux Olympiques de Sotchi en 2014.

M. Medvedev a imputé la responsabilité de l'attentat à l'absence de respect des règles de sécurité à Domodedovo.

"Les témoignages venant de la scène du crime nous montrent que c'était l'anarchie. Les gens étaient autorisés à entrer n'importe où", a déploré M. Medvedev.

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Dmitri Medvedev au Kremlin, à l'issue d'une réunion d'urgence tenue après l'attentat contre l'aéroport moscovite de Domodedovo, le 24 janvier 2011

Selon des sources policières, de cinq à sept kilogrammes d'équivalent-TNT ont été utilisés pour perpétrer cet attentat dans la salle des arrivées internationales de Domodedovo, premier aéroport russe avec environ 22 millions de passagers en 2010.

L'aéroport a nié avoir une quelconque responsabilité dans le drame, affirmant que "toutes les exigences en matière de sécurité aérienne" avaient été observées.

C'est de Domodedovo qu'avaient décollé en août 2004 deux avions de ligne que deux femmes kamikazes originaires du Caucase du Nord avaient fait exploser peu après, faisant 90 morts. L'enquête avait révélé qu'elles avaient soudoyé les services de sécurité.

L'attentat lundi a probablement été commis par une femme kamikaze accompagnée d'un complice, un mode opératoire "habituel" pour les rebelles du Caucase du Nord, selon une source policière citée par l'agence officielle RIA Novosti.

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Carte de localisation du terminal des arrivées des vols internationaux de l'aéroport moscovite de Domodedovo où a eu lieu l'explosion le 24 janvier 2011

"La terroriste était accompagnée d'un homme, qui se trouvait à ses côtés et a eu la tête arrachée par l'explosion", a expliqué cette source, selon laquelle la bombe avait pu être "déclenchée à distance".

D'autres sources ont évoqué depuis lundi soir la piste du Caucase du Nord, cette région du sud-ouest de la Russie où s'est propagée une rébellion armée d'inspiration islamiste, après les deux guerres livrées par les forces russes depuis 1994 dans la petite république de Tchétchénie.

Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a appelé M. Medvedev pour lui "présenter ses sincères condoléances (...) et exprimer sa solidarité avec les Russes", a précisé la Maison Blanche dans un communiqué.

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L'aéroport international Domodedovo après l'attentat suicide commis le 24 janvier 2011 à Moscou

Interpol a annoncé de son côté mettre à disposition "tous ses moyens d'enquête" à la Russie, tandis que les pays du G8 ont affiché leur "détermination à combattre et empêcher le terrorisme et l'extrémisme violent".

Le pape Benoît XVI a exprimé sa "profonde douleur".

Au moins huit étrangers, parmi lesquels deux Britanniques, un Allemand et un Bulgare, figurent sur la liste préliminaire des personnes tuées.

"84 personnes sont à ce jour hospitalisées. La plupart d'entre elles sont dans un état grave", a déclaré le maire de Moscou Sergueï Sobianine.

Une journée de deuil a été décrétée mercredi dans la capitale russe.

A la suite de l'attentat, les mesures de sécurité ont été renforcées dans les transports publics à Moscou, en particulier dans le métro, où des messages diffusés régulièrement mardi appelaient les usagers à prévenir le conducteur s'ils remarquaient des personnes ou des objets suspects.

Deux attentats suicide revendiqués par la rébellion du Caucase avaient fait 40 morts en mars 2010 dans le métro de Moscou, notamment à la station Loubianka, face au siège du FSB.

Les mesures de sécurité ont également été renforcées à Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie, notamment des inspections des rails de chemins de fer où circulent les trains express Sapsan (Moscou-Saint-Pétersbourg) et Allegro (Saint-Pétersbrourg-Helsinki).

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