05 janvier, 2011

Le chef chiite Moqtada Sadr de retour, quatre ans après son départ d'Irak

NAJAF (Irak) (AFP)

AFP/archives

Le leader shiite Moqtada Sadr, le 16 mai 2005 à Najaf, en Irak

Le chef radical Moqtada Sadr, qui jouit toujours d'une immense popularité chez les chiites défavorisés d'Irak, est rentré au pays mercredi sous les acclamations de ses partisans rassemblés dans son bastion de Najaf, après quatre années passées à l'étranger.

Vers 17H00 (14H00 GMT), le jeune chef âgé d'une trentaine d'années, coiffé du turban noir typique des "sayyid" -- descendants du Prophète -- s'est rendu au mausolée de l'imam Ali, l'un des lieux les plus saints du chiisme, entouré de gardes du corps, selon un journaliste de l'AFP.

Auparavant, un responsable de son puissant courant politique avait annoncé que Moqtada Sadr était arrivé vers 15H00 avec plusieurs dirigeants de son mouvement à Najaf, à 150 km au sud de Bagdad.

"Ce n'est pas juste une visite. Il va demeurer à Najaf", avait-il ajouté, rappelant que son chef avait quitté l'Irak à la fin de 2006. Il a résidé ces dernières années en Iran, où il suivait des études religieuses, selon ses partisans.

A l'annonce de son retour, des centaines de ses partisans se sont massés dans les rues du quartier d'Al-Hannana, où se trouve sa maison, dans le centre de Najaf.

AFP/archives

Le mausolée de l'Imam Ali, à Najaf, en Irak, en 2003

"Je n'ai pas de mot pour décrire mon bonheur quand j'ai appris le retour de Moqtada", a déclaré Mohamed Hussein, un commerçant de 33 ans. "Je suis venu en courant pour vérifier de mes propres yeux que c'était vrai."

Après son passage au mausolée d'Ali, Moqtada Sadr est rentré chez lui, selon un journaliste de l'AFP. On ignorait s'il comptait rendre visite dans la soirée au Grand ayatollah Ali Sistani, le plus influent dignitaire chiite d'Irak, comme l'avait affirmé plus tôt un responsable de son mouvement.

Né dans les années 1970, Moqtada Sadr reste très populaire chez les chiites, notamment au sein des couches sociales les plus pauvres, à Najaf et dans l'immense quartier de Sadr City à Bagdad.

Moqtada Sadr avait créé en 2003 l'Armée du Mahdi, une milice longtemps considérée comme la plus puissante du pays avec 60.000 hommes, et qui a plusieurs fois affronté l'armée américaine lors de sanglantes révoltes.

Le Pentagone la considérait en 2006 comme l'une des plus grandes menaces pour la stabilité de l'Irak.

En août 2008, Moqtada Sadr avait décrété un arrêt définitif des opérations de sa milice, après une année d'une trêve unilatérale respectée à l'exception de combats au printemps 2008.

Pour autant, les autorités américaines vouent toujours une profonde méfiance à l'égard de Moqtada Sadr. Contactée par l'AFP, l'ambassade des Etats-Unis a refusé de s'exprimer sur son retour.

Moqtada Sadr est à la tête d'un groupe politique majeur sur la scène irakienne, qui compte 39 députés sur 325 au Parlement et six ministres au gouvernement. Le vice-président du Parlement, Qoussaï Abdel Wahab al-Souhai, est également issu de ses rangs.

Après les législatives de mars 2010, le mouvement sadriste s'est longtemps opposé au maintien au pouvoir du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, lui reprochant notamment d'avoir lancé une campagne militaire contre l'Armée du Mahdi en 2008.

Mais il s'est ravisé en mai, et ce soutien a été crucial pour permettre à M. Maliki de se maintenir au pouvoir.

Moqtada Sadr est le fils de Mohammed Sadek Sadr, héraut d'un chiisme militant et assassiné par les forces de l'ex-président Saddam Hussein en 1999, et cousin de Mohamed Baker, un grand penseur chiite tué en 1980.

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