17 janvier, 2011

Israël: Ehud Barak lâche le parti travailliste pour rester dans le gouvernement Netanyahu

JERUSALEM (AFP)

AFP

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak à Jérusalem le 17 janvier 2011

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a provoqué lundi une scission au sein du Parti travailliste qu'il dirigeait, en créant une nouvelle formation centriste afin de conserver son poste dans le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu.

La manoeuvre surprise, destinée à court-circuiter une réunion des instances dirigeantes du parti, qui menaçaient de quitter le gouvernement faute de progrès vers des négociations avec les Palestiniens, a aussitôt entraîné la démission des trois ministres travaillistes qui ont refusé de suivre M. Barak.

"Le gouvernement a été grandement renforcé aujourd'hui, à la fois dans sa gouvernance et sa stabilité", a déclaré M. Netanyahu lors d'une réunion de son parti, le Likoud.

"Le monde entier sait, et les Palestiniens savent également, que ce gouvernement sera là dans les années à venir et que c'est avec lui que les négociations doivent être menées", a-t-il ajouté.

M. Netanyahu a ainsi rejeté les appels à une modification de sa coalition, qui allait des travaillistes (centre-gauche) à l'extrême droite, pour favoriser les pourparlers de paix, compromis par la présence de ministres hostiles à des compromis territoriaux avec les Palestiniens.

Selon les médias, M. Barak s'est concerté avec le chef du gouvernement, qui avait amorcé la manoeuvre dimanche en conseil des ministres.

M. Netanyahu avait imputé à certains dirigeants travaillistes l'échec des négociations avec les Palestiniens, en multipliant les menaces de défection qui avaient encouragé, selon lui, ces derniers à durcir leurs positions pour reprendre le dialogue.

"Ce gouvernement n'a plus de légitimité et ne survit que par de basses manoeuvres politiques", a estimé la chef de l'opposition Tzipi Livni, dirigeante du parti centriste Kadima.

"Face à l'opportunisme politique, la seule solution ce sont des élections et Kadima réitère son appel à des élections anticipées", a-t-elle assuré.

Selon plusieurs sites d'information, la composition du nouveau cabinet doit être annoncée mercredi.

M. Barak a justifié son initiative en dénonçant "le glissement à gauche, encore plus à gauche" du Parti travailliste, qu'il dirigeait depuis 2007.

Son nouveau parti, Hatzmahout (Indépendance), comprend, outre M. Barak, quatre autres parlementaires travaillistes, dont Shalom Simhon, qui conserve le portefeuille de l'Agriculture, soit 5 des 13 sièges (sur 120) que contrôlait les travaillistes.

"Nous créons aujourd'hui un groupe (parlementaire), un mouvement et par la suite un parti qui sera centriste, sioniste et démocratique dans la lignée de Ben Gourion", le fondateur de l'Etat d'Israël, a déclaré M. Barak au Parlement.

La démission des trois ministres travaillistes restants est une première depuis la formation du gouvernement Netanyahu en mars 2009.

"Pour moi, le processus de paix est une question existentielle pour Israël", a dit Binyamin Ben Eliezer, en charge de l'Industrie et du Commerce, pour expliquer sa décision, après celles de Yitzhak Herzog et Avishaï Braverman, qui détenaient les portefeuilles des Affaires sociales et des Minorités.

Depuis des mois, de nombreux leaders travaillistes estimaient qu'il fallait fixer un ultimatum à M. Netanyahu pour reprendre les négociations de paix, alors que M. Barak était déterminé à se maintenir à tout prix au gouvernement.

Ils devaient réunir leurs instances dirigeantes en février ou mars pour annoncer leur départ du gouvernement, faute d'une reprise du processus de paix, selon la radio publique.

Déjà affaibli par sa pire défaite électorale aux législatives de 2009, le parti n'est plus crédité dans les sondages que de 5 à 6 sièges en cas de nouveau scrutin. Une menace d'extinction pour une formation qui s'est longtemps identifiée à Israël, qu'elle a gouverné sans interruption pendant 29 ans.

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