17 janvier, 2011

Gbagbo - Ban Ki-moon - Le dialogue de sourds se poursuit

Le décompte macabre des tueries s'aggrave pendant que le Secrétaire général de l'Onu et le président sortant jouent à se neutraliser au sujet du départ ou du maintien de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (Onuci).

La passe d'armes entre Laurent Gbagbo contesté par la communauté internationale et Ban Ki-moon, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU) se poursuit. Le dernier acte en date de leur tirade par médias et communiqués interposés, remonte au week-end passé. Samedi, le premier nommé a fait dire à son gouvernement qu'il a « rappelé le départ » de la force onusienne du territoire ivoirien. En réponse à cette « demande », le second a asséné que la force qu'il dirige « ne se laisserait pas intimider » dans la gestion de la crise post-électorale. Ces coups de gueule témoignent que la qualité des rapports entre les deux hommes se dégrade gravement. Cela arrive au lendemain des jours où la violence a atteint le pic, faisant officiellement 11 morts en 2 jours dans la seule semaine dernière. Mais le décompte est plus triste quand on sait que la dizaine de personnes tuées porte à 247 le nombre de morts, civils et forces de l'ordre. Malheureusement, le dialogue de sourds entre l'organisation internationale et Laurent Gbagbo ne résout pas la question de la sécurisation des populations. Bien au contraire, l'antagonisme s'endurcit au détriment de ces populations dont une frange non négligeable (25.000) a trouvé l'exil comme le moyen sûr de se protéger des tueries. L'exode se poursuit notamment à l'Ouest où une ville comme Duékoué a été le théâtre d'affrontements interethniques. A Abidjan même, deux opérations de « perquisition » dans la commune d'Abobo par des forces de l'ordre se sont soldées par des pertes en vies humaines (des policiers et des civils). L'Onuci se serait interposée comme elle l'a fait dans la nuit de mercredi à jeudi, au quartier Pk 18, toujours à Abobo, qu'il n'y aurait certainement pas eu de drame.
L'Onu dit niet à Laurent Gbagbo, mais jusqu'à quand va-t-elle continuer à faire le décompte macabre ? Parce qu'à la réalité, si elle prétexte des empêchements de circuler et de travailler librement, l'Onuci n'exerçait pas pleinement son mandat de protection des populations civiles. Sinon, le compteur des tueries et leur corollaire d'exode vers l'extérieur n'auraient pas grimpé de 34 morts (il était déjà à 210) en l'espace d'une semaine. L'Onuci qui a annoncé, jeudi, qu'elle dispose d'un mécanisme pour lever les obstacles sur son passage devrait mettre tout en œuvre pour rassurer les Ivoiriens de ses capacités à les protéger véritablement.

Bidi Ignace

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