18 janvier, 2011

Facebook sur la trace des internautes

lepoint.fr Une nouvelle fonctionnalité du réseau social suscite la controverse. Facebook a décidé de reporter sa mise en place à une date ultérieure

Facebook sur la trace des internautes

Des développeurs d'applications pourraient désormais accéder à l'adresse et au numéro de téléphone mobile des utilisateurs © Armin Weizel / Maxppp

Par Laurence Neuer

Dans la série "Ma vie privée ? Rien à cacher !" Facebook a ajouté une ligne à son tableau de chasse aux informations personnelles. Des développeurs d'applications pourraient désormais accéder à l'adresse et au numéro de téléphone mobile des utilisateurs qui l'autorisent expressément. En clair, au moment de l'installation d'une nouvelle application, l'utilisateur verra apparaître la mention "accéder à mes informations contact" dans la fenêtre d'autorisation. L'intérêt ? Recevoir des alertes par SMS pour des offres commerciales ou, par exemple, être averti d'un retard de vol par sa compagnie aérienne. Mais, lundi, le réseau social a fait marche arrière en ajournant la mise en place de ce nouveau service.

Tous accessibles dans le monde physique

Naturellement, rien n'oblige l'internaute à souscrire à cette "demande". S'il accepte, il s'expose à un premier danger. "Ces données permettront de contacter directement les utilisateurs dans le monde physique", note Gwendal Le Grand, à la tête du service de l'expertise informatique à la Cnil. La bienveillance n'étant pas l'apanage de l'ensemble des acteurs du Web, en particulier de ceux dont le modèle économique repose sur la publicité ciblée ou comportementale, les apôtres de la vie privée craignent de voir cet outil de collecte des données personnelles se transformer en base de données sur les individus. D'autant que les développeurs ont déjà accès à de nombreuses informations via leurs applications, notamment le nom de l'utilisateur, sa photo, les réseaux et groupes auxquels il appartient, son identifiant utilisateur, etc. "Certaines applications peuvent aussi aspirer périodiquement des données qui se trouvent sur le profil", explique Gwendal Le Grand. Et les applications telles que Birthday Calendar accèdent également aux informations qui se trouvent sur les profils de ses amis.

D'autres applications développées l'an dernier permettent à un internaute de recommander un article ou un site web à ses "amis" en cliquant sur un bouton J'aime. Un outil particulièrement sournois. "Dans ce cas, la personne qui consulte un site d'informations, qui n'a rien à voir avec Facebook, ne réalise pas qu'elle envoie un message à Facebook indiquant qu'elle a consulté un article précis. Cette information est évidemment réutilisée pour faire du ciblage publicitaire", prévient Gwendal Le Grand. Qui conseille aux utilisateurs de garder le contrôle sur leurs données. "Pour identifier les données collectées, il faut aller dans les paramètres de confidentialité applications et sites web, où un écran indique quelles sont les applications installées sur son profil. L'utilisateur peut en supprimer certaines afin qu'elles ne puissent plus interagir avec son profil", rassure le spécialiste. On peut cliquer sur modifier les paramètres, et décocher les informations optionnelles, comme par exemple l'autorisation de publier sur son mur". Autant de conseils que l'on peut transposer aux données de géolocalisation, dont la collecte sournoise inquiète les autorités de protection des données.

Les pièges de la géolocalisation

Lancée en octobre 2010, l'application Facebook Lieux, disponible sur l'Iphone et le Blackberry, permet aux utilisateurs d'indiquer aux membres du réseau social l'endroit où ils se trouvent et de localiser leurs "amis". Pour s'enregistrer, l'utilisateur doit activer l'option de géolocalisation. "Publier sa localisation au cours de la journée peut conduire à dévoiler aux cambrioleurs potentiels vos horaires de présence ainsi que votre adresse", met en garde la Cnil. Qui a demandé à Facebook d'"améliorer les paramètres de confidentialité et l'information des personnes". En attendant, elle invite les internautes à la prudence et recommande certains petits réglages de confidentialité.

Les utilisateurs de Facebook sont notamment invités à désactiver au minimum les options "M'inclure dans la liste des personnes présentes" et "Mes amis peuvent indiquer que je me trouve à certains endroits", ce fameux tag permettant de signaler la présence réelle ou supposée à un endroit d'un internaute sans que ce dernier puisse donner son accord préalable avant d'être "tagué". Il est par ailleurs conseillé de "personnaliser une liste des amis habilités à voir les lieux dans lesquels vous indiquez vous trouver".

La Cnil redoute par ailleurs que les informations sur les lieux visités servent, "dans un proche avenir", à alimenter le système de publicité ciblée de Facebook. "On peut imaginer que si vous vous trouvez près d'un magasin où vous [vous êtes] préalablement [localisé], vous recevrez une publicité ou un coupon de réduction", écrit l'autorité. D'ailleurs, Facebook a déjà proposé aux restaurants, commerçants, petites entreprises de s'enregistrer sur les services de façon à cibler leur publicité en fonction du lieu où se trouve le "mobinaute". Avec Facebook Places, un nouvel outil de fidélisation est né.

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