26 janvier, 2011

En présentant ses projets pour le G20, M. Sarkozy ménage la Chine et l'Amérique



Entre le yuan et le dollar, pas question de désigner un coupable. Lundi 24 janvier, Nicolas Sarkozy a pris bien garde de ne froisser ni la Chine ni les Etats-Unis en abordant la nécessité d'une réforme du système monétaire international, l'une des priorités de la présidence française du G20. Pékin, qui répugne à parler devises, a eu droit à tous les égards. " La Chine est une grande nation et je me garderai de lui faire des réflexions sur sa politique monétaire ", a assuré le chef de l'Etat français.

" Le rôle éminent du dollar "

M. Sarkozy refuse d'emboîter le pas aux Etats-Unis, qui s'affrontent régulièrement avec les autorités chinoises sur la question du taux de change du yuan, jugé par Washington sous-évalué. Le président français préfère noter que, pour contrer les pressions inflationnistes et tenter d'augmenter la demande intérieure, les autorités chinoises commencent )" à souhaiter une appréciation du yuan ".

Pékin se voit même soutenu dans ses efforts visant à internationaliser sa monnaie. Une façon plus subtile, plaide-t-on à l'Elysée, d'amener le gouvernement chinois à faire des concessions, voire tout simplement à accepter de prendre part au débat. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs admis que l'organisation en Chine, fin mars, d'un séminaire sur les changes n'avait " pas été si facile à obtenir ".

Le président s'est aussi employé à rassurer les Etats-Unis. " La France ne souhaite pas remettre en cause le dollar, qui joue un rôle éminent et doit être une monnaie forte ", a-t-il proclamé dans son propos liminaire. Le billet vert, a-t-il souligné, représente " 85 % des transactions mondiales ". Et même si " monnaie prépondérante ne veut pas dire monnaie unique ", il n'est désormais plus du tout question d'un " nouveau Bretton Woods " pour refonder le système monétaire, comme évoqué début 2010 au grand dam de Washington.

Impuissant à trancher entre les intérêts économiques vitaux de la Chine et des Etats-Unis, M. Sarkozy veut donc aborder les déséquilibres monétaires sous l'angle de la prévention et de la concertation. Le Fonds monétaire international (FMI) est érigé en arbitre. Ses statuts devront " éventuellement " être modifiés pour pouvoir accomplir une vraie mission de surveillance des déséquilibres mondiaux et des flux de capitaux.

Soucieux de montrer son sens du collectif, Nicolas Sarkozy a confié à la chancelière allemande, Angela Merkel, et au président mexicain, Felipe Calderon, la direction d'un groupe de travail sur les changes. Un rapport devrait être rendu lors du sommet du G20 à Cannes, en novembre.

Pour moraliser la planète finance et trouver de nouvelles ressources pour le développement, le président français a aussi proposé l'instauration d'une taxe sur les transactions financières. Il a toutefois admis qu'un tel projet, malgré le soutien de l'Allemagne et du Japon, comptait de " grands ennemis ".

Marie de Vergès

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