30 janvier, 2011

Egypte: Hosni Moubarak nomme un vice-président mais la rue ne faiblit pas

MONDE - Des milliers de manifestants ont encore bravé le couvre-feu samedi...

Les manifestations ont continué sans relâche samedi dans les principales villes d’Egypte. Une pression qui a obligé Hosni Moubarak à nommer pour la première fois en trente ans un vice-président. Selon plusieurs observateurs, le président égyptien préparerait ainsi sa succession.

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Succession en préparation

Il a officiellement nommé le chef des renseignements Omar Souleimane comme son «numéro deux». Une décision qui a relancé les spéculations sur le scrutin présidentiel prévu en septembre, auquel le vieux raïs, âgé de 82 ans, pourrait ne pas se présenter.

Avant ces cinq journées de troubles sans précédent, des responsables laissaient entendre que Moubarak briguerait un nouveau mandat. Nombre d'Egyptiens pensaient qu'à défaut, son fils Gamal, 47 ans, pourrait se porter candidat. Cela paraît désormais impossible.

Manifestations

Car les manifestants ont encore une fois défié samedi le couvre-feu pour réclamer la démission d’Hosni Moubarak. De violents incidents ont de nouveau éclaté entre des protestataires et la police égyptienne qui protégeait au Caire l'accès au ministère de l'Intérieur. Des témoins ont aussi fait été de pillages et d’incendies. Le musée du Caire a ainsi été pillé.

A Alexandrie, la police a fait usage de balles réelles et de grenades lacrymogènes dans la journée contre des milliers de manifestants. Des accrochages ont aussi éclaté à Suez, près du terminal est du célèbre canal.

De la France aux Etats-Unis en passant par l’Allemagne, les alliés occidentaux ont appelé le régime égyptien à de la modération et à des réformes concrètes.

L'armée au coeur du pouvoir

Pour beaucoup d’observateurs, l'armée détient aujourd’hui la clé de l'avenir politique de l'Egypte. Hosni Moubarak a ainsi désigné samedi comme Premier ministre Ahmed Chafik, ancien commandant de l'armée de l'air et ministre sortant de l'Aviation. Il est chargé de former un nouveau gouvernement.

Mais de nombreux protestataires ne souhaitent pas que le pouvoir soit entre les mains de l'armée et des organes chargés de la sécurité. Le nouveau vice-président «est comme Moubarak, il n'y a pas de changement», a déclaré un manifestant du Caire à Reuters.

«Moment berlinois»

«C'est assurément mieux que rien», a cependant commenté Chadi Hamid, directeur de recherches au Brookings Center de Doha. «Cela laisse penser que le régime prend les choses plus au sérieux et mesure la gravité de la situation. Les vieilles promesses de réformes et de changement économique ne marcheront pas.»

Jusqu'à présent, le mouvement de protestation semble sans dirigeant ni organisation identifiables. Mohamed ElBaradei, prix Nobel de la paix 2005 et ancien directeur général de l'AIEA, a regagné l'Egypte pour se joindre aux manifestations contre Moubarak. Mais beaucoup de ses compatriotes estiment qu'il a passé trop de temps hors du pays.

Pour Fawaz Gerges, de la London School of Economics, le mouvement a déjà changé la donne au Proche-Orient: «C'est le moment berlinois du monde arabe. Le mur de l'autoritarisme s'est effondré, indépendamment du fait que Moubarak survive ou non. C'est vraiment le commencement de la fin du statu quo dans la région.»

E.M. avec Reuters

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