11 janvier, 2011

Castres."Sans le videur, mon frère serait mort"

ladepeche.fr
La police avait effectué récemment une visite massive de tous les lieux festifs castrais./Photo DDM, archives, T. Antoine
La police avait effectué récemment une visite massive de tous les lieux festifs castrais./Photo DDM, archives, T. Antoine

Une violente bagarre rue d'Empare s'est soldée par 7 blessés dont trois sérieux, au nombre desquels un policier. Le frère d'une victime témoigne de ces faits.

Fabrice est le frère de l'une des victimes de la très violente rixe où sept personnes ont été blessées, dimanche vers 6 h du matin, devant un établissement de nuit de la rue d'Empare (voir notre édition d'hier et encadré ci-contre). Il s'agit de trois policiers dont un a été sérieusement touché à un bras, et de quatre des protagonistes dont un se trouve hospitalisé à Toulouse-Rangueil, victime d'une perforation de poumon Un autre, le frère de Fabrice, a été opéré hier à Castres. Il nous livre sa version des faits et lance « un appel au calme ».

Quelles nouvelles de votre frère ?

Il a été opéré ce matin (N.D.L.R. : lundi) à Castres ; il a été victime de fracture des maxillaires et des pommettes.

Comment votre frère s'est-il retrouvé dans cette rixe ?

En fait, il se trouvait dans l'établissement le Living-Room et un ami devait l'y rejoindre. C'est lui qui a été pris à partie devant « l'after » rue d'Empare.

Dans quelles circonstances ?

Je suppose qu'il s'agit au départ d'une broutille. Mais un groupe de quatre-cinq gars étaient très excités à l'extérieur ; ils venaient de se voir refuser l'entrée. Mathieu, qui lui aussi voulait rentrer, a été pris à partie. Rapidement, il s'est retrouvé face à une quinzaine de types. Vous savez, Mathieu n'est ni grand ni costaud ; entre-nous on le surnomme Kirilkou. Mais, il a été militaire et il ne s'en laisse pas compter. ça a dégénéré. Face au nombre, il a été rapidement débordé. Il a sorti un couteau et il en a « planté » trois : un a été touché à une cuisse, un autre a eu une éraflure à la tête et un troisième a pris un coup dans le thorax.

Et votre frère ?

Il s'est aperçu de ce qui se passait. Il est sorti. Il a pris le couteau, l'a plié et l'a mis dans sa poche… Il ne savait pas ce qui s'était passé. Les autres lui ont sauté dessus. Il a pris des coups de pied dans la tête. Des videurs sont sortis et l'ont tiré à l'intérieur, avec Mathieu, pour les mettre à l'abri. Sans le videur mon frère serait mort ! Mathieu aussi.

Et ensuite ?

Les policiers sont arrivés. Les gars dehors étaient surexcités. Ils s'en sont pris aux policiers qui n'étaient que trois au départ ; il a fallu qu'ils appellent des renforts. La tension est retombée jusqu'au moment où mon frère et son ami sont ressortis, sous la protection de la police qui a été exemplaire. Les gars les insultaient, essayaient de les frapper, de rentrer dans la voiture et d'y piquer des trucs.

La tension subsiste ?

C'est ce que j'ai cru comprendre. Mathieu n'a pas été sensé ; il aurait dû jouer profil bas. Pour autant, il faut que les choses se calment. Au moins, qu'il n'y ait pas de représailles. Nous sommes bien dans notre petite ville…

On veut continuer à vivre tranquillement. Je n'ai pas envie de vivre en rasant les murs. C'est attristant que l'on en soit arrivé là. Je voudrais dire à tous : réveillez-vous, changez ! On pourrait tous passer de super-soirées ensemble. Je voudrai dire enfin que le patron du Living-Room a réagi comme il fallait ; les videurs aussi. A Castres ceux qui ne sont pas acceptés dans les soirées ne le sont que pour leur comportement habituel. Ce sont les individus alcoolisés et violents qui sont en cause. Mon frère comme Mathieu sont des gars gentils ; j'espère qu'il y aura une justice équitable.


Le syndicat Unité Police réagit

Le bureau régional du syndicat Unité police a réagi aux événements castrais par la plume de son délégué, Didier Martinez.

Extraits.

« Les événements de ce week-end nous interpellent une fois de plus quant aux conditions d'exercice de nos collègues policiers sur de moyennes circonscriptions, dans le contexte continu de baisse des effectifs et de moyens. Le Bureau régional Unité SGP Police dénonce le manque de moyens des effectifs de police la nuit sur des sites qui présentent de réels aspects de mise en danger des fonctionnaires.

Qu'il s'agisse des établissements de nuit ouverts jusque tard et suscitant des risques potentiels de rixes ou d'agressions, l'absorption d'alcool la nuit, l'usage de stupéfiants, les déplacements de groupes ou bandes. Ce sont autant de critères potentiels qui à tout moment peuvent nécessiter une réponse massive des services de police locaux, afin de rassurer la population et de démontrer la présence et l'efficacité d'une sécurité publique profitable à tous. Malheureusement ce genre d'événement nous amène à reconsidérer le caractère toujours rassurant des commentaires politiques, qui se montrent toujours démonstratifs de garanties d'une sécurité optimale pour chacun, en tous lieux et toutes circonstances. Force est de constater que les policiers eux-mêmes ont bien du mal à se défendre pour simplement intervenir afin de protéger la population… Dans le Tarn comme partout en France, les agressions sur les personnes, les atteintes à l'intégrité physique des victimes caractérisent l'absence totale de scrupules des auteurs de ces délits et l'inquiétante progression du sentiment d'insécurité qui hélas ne semble pas inquiéter outre mesure les responsables dirigeants.

UNITÉ SGP Police apporte son total soutien aux policiers blessés lors de cette intervention et leur souhaite un prompt rétablissement. »


En détention

À l'issue de sa garde à vue et de ses auditions, l'auteur présumé des coups de couteau a été présenté au parquet en fin d'après midi. Le jeune homme âgé de 25 ans a été mis en examen pour « violences aggravées » ; il a été placé en détention provisoire. Les autres protagonistes, en particulier ceux qui auraient commis des violences sur les policiers, seraient en cours d'identification et d'interpellation. Autant dire que le commissariat castrais se trouvait toujours hier en ébullition. Deux des policiers blessés ont pu reprendre leur travail, le troisième est en arrêt avec une ITT de 10 jours.

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