19 janvier, 2011

Burkina faso culture, Burkina faso patrimoine, Musée de Manega

Le village de Manéga se trouve à environ 50 km au nord de Ouagadougou ; un de ses enfants est Maitre Pacere, premier avocat Burkinabé, qui fut bâtonnier de l’ordre burkinabé, travailla auprès du TPI pour le Rwanda à Arusha.
Sa réflexion et ses voyages l’amenèrent à prendre conscience que, pour connaitre la culture et l’héritage de son pays, il fallait se rendre en Europe ; il décida alors d’ouvrir un musée dans son village. Aujourd’hui ce musée, ouvert en 1990, reçoit des visiteurs par milliers.
Il est composé de plusieurs pavillons et d’habitats des différentes ethnies qui vivent au Burkina : hutte peule, maison Bobo, maison Sénoufo, maison Kassena.
Chaque pavillon comporte un couloir de chaque côté duquel on peut voir, dans de grandes niches, des scènes de la vie ou des collections d’objets tels que des masques.
Un pavillon entier est consacré aux tangsoba, les guerriers du Mogho Naba, l’empereur des Mossi ; les mannequins portant les costumes correspondant aux différentes fonctions ont fière allure avec leurs chevaux.
Un autre pavillon abrite l’histoire de Yennenga, la fière amazone qui rencontra dans la forêt un chasseur ; de leurs amours naquit Ouedraogo, le premier Mossi. Toutes ces scènes sont représentées avec des figurines en bronze
Un pavillon présente les stèles funéraires des Youyounse, premiers occupants de l’actuel Burkina-faso. Certaines ont plusieurs milliers d’années ; on n’en voit plus aujourd’hui dans la nature. Les Mossi sont arrivés au XI° siècle sur le plateau central du Burkina-faso actuel ( anciennement Haute-Volta), venant de l’est.
Nous avons la chance que Me Pacere soit présent ; c’est lui qui nous fait visiter le pavillon qui a trait aux rapports des Mossi à la mort. Il a obtenu des anciens l’autorisation de montrer cela à condition que les visiteurs respectent quelques règles : se déchausser, se découvrir la tête, entrer à reculons, sortir à reculons également.
Nous sommes assis ace à une mise en scène d’un enterrement ; une jeune file a apporté une calebasse de lait ; un homme joue d’un tambour particulier ; un homme avec un habit confectionné dans un pagne tissé à rayures bleues et blanches particulières porte un sac sur l’épaule et une hache particulière sur l’autre ; elle lui permet de tuer quelqu’un à distance : quand il trouve les empreintes de celui qui l’intéresse, il pointe son bâton trident dessus puis les frappe avec sa hache ; dans les 2 semaines, la personne meurt ; cet homme a un rôle très particulier auprès du Mogho Naba; Me Pacere fait le lien avec l’aura :ici en Afrique, les gens marchent pieds nus et leurs empreintes gardent sans doute quelques parcelles de leur sueur….IL ne s’agit pas ici de juger mais d’écouter cet homme cultivé parler des valeurs de sa culture ; il est passionné, passionnant, a parcouru le monde pour donner des conférences, échanger avec d’autres chercheurs, a écrit des livres ( beaucoup sont publiés à l’Harmattan).
Il est né en 1943 et son visage porte des scarifications rituelles ; chaque homme portait ainsi sa carte d’identité sur son visage ; en le voyant on savait immédiatement de quelle ethnie il était. Aujourd’hui cela n’est plus pratiqué : un grand nombre de gens ont un petit bout de papier appelé carte d’identité.
On l’écouterait des heures…Ce qui me frappe c’est que, à la différence du Musée du quai Branly où les objets sont présentés sans contexte ni cartel précisant l’époque…..( de plus c’est l’architecte quia pensé, beaucoup trop seul, la présentation des collections …voir l’article sur le musée dans « petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’attention de Nicolas Sarkozy » coordonné par l’historienne malienne Me Ba Konaré, ex-première dame du Mali) ici chaque objet est mis en scène comme dans le quotidien de la société Mossi , les guides sont à même d’expliquer leur place et leur sens et de répondre aux questions des visiteurs.
Dehors, devant le musée une sorte d’esplanade, « al dalle africaine » ; lors du décès du père Joseph Wresinski, fondateur de ATD-Quart-monde, des poignées de terre des 5 continents et de plusieurs pays ont été mélangées et l’ensemble a été réparti en différents lieux du monde ; Me Pacer a dit au président Compaoré que la responsabilité de ce symbole le dépassait mais, au bout de 2-3 ans voyant que l’état burkinabé ne mettait pas en œuvre la construction d’un lieu pour recevoir cette poignée de terre mondiale, il a construit cette « dalle africaine » en l’honneur des pauvres et en fidélité au message de J.Wresinski.
http://www.musee-manega.bf/fr/index.htm

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