01 septembre, 2010

Chantage juteux de Kadhafi

Aujourd’hui, plus qu’hier, l’Europe dans son ensemble et l’Italie en particulier, ont besoin du Guide de la révolution libyenne, le colonel Mouammar Kadhafi, pour freiner l’immigration clandestine. En effet, lorsqu’en 2009, Rome avait demandé au numéro un libyen de mieux contrôler ses côtes pour empêcher les migrants illégaux de débarquer en Italie, ce dernier n’avait rien trouvé à redire. Un accord fut alors signé et depuis, Kadhafi semble respecter son contrat en freinant l’élan de tous ces clandestins qui aspirent à l’eldorado européen via la Libye. Depuis lors, au pays de Kadhafi, le champion du panafricanisme, les migrants africains clandestins sont traqués. Et, à bien des égards, le colonel ne se plaint pas de ce rôle que l’Europe lui fait jouer. Il l’a si bien joué qu’entre 2009 et 2010, les débarquements de migrants clandestins sur les côtes italiennes ont diminué de 88%. C’est fort de ce résultat pour le moins satisfaisant et convaincu que l’Europe ne peut se passer de lui, que Kadhafi lui réclame 5 milliards d’euros par an en contrepartie de son action. Un chantage on ne peut plus juteux. On peut se demander si l’Europe a d’autre choix que de payer, elle qui a maintenant les doigts entre les dents du Guide libyen.

Mais cette nouvelle condition posée par Kadhafi pour contrer l’immigration clandestine suscite bien des interrogations. Sur quelle base le colonel a-t-il fait ses calculs ? Et puis, à supposer que l’Europe accepte de payer les 5 milliards d’euros par an réclamés, à quoi servira cette manne ? A créer des opportunités d’emplois pour tous ces parias qui tiennent, coûte que coûte, à aller en Europe et qui préfèrent mourir dans l’océan, fatigués de vivoter chez eux en Afrique ? Rien n’est moins sûr. Ou alors, si elle est effectivement versée, cette importante somme profitera-t-elle uniquement à la Libye ? On a des raisons de le croire. En effet, même si Kadhafi ne le dit pas ouvertement, il reste que l’arsenal sécuritaire déployé par son pays pour veiller au grain en vue de contrôler ses côtes par lesquelles transitent la plupart des migrants clandestins, exige des moyens à la fois humains, matériels et financiers colossaux. A cet égard, 5 milliards d’euros par an constituent une bouffée d’oxygène pour la Libye, une sorte de retour sur investissement. En tout état de cause, entre laisser ses frères africains, accéder clandestinement à l’Europe via son pays et leur barrer la route pour servir les intérêts de l’Europe, le numéro un libyen a visiblement opté pour la dernière solution. Faut-il lui en vouloir ? Peut-être, oui ; mais certainement plus aux dirigeants africains. Car, à dire vrai, rien d’autre n’alimente l’immigration clandestine que la mal gouvernance politique, économique et sociale. Bien des dirigeants ne sont toujours pas en mesure de capitaliser et d’exploiter cette ressource précieuse qu’est le capital humain, et de donner des raisons aux millions de jeunes Africains de rester chez eux.

AU BURKINA FASO Des séquelles toujours profondes


Cela fait une année que le ciel est tombé sur la tête des Burkinabè en général, et des Ouagalais en particulier, le matin d’un certain 1er septembre 2009. Pendant que de gros nuages s’amoncèlent et que les eaux font encore cette année des sans- abris au "Pays des Hommes intègres", nous avons suivi les traces laissées par le déluge de l’an 2009. Le constat : veuves sans ressources, familles logeant toujours dans l’œil de l’inondation, parce que n’ayant nulle part où aller ou n’ayant pas de quoi s’en aller ; infrastructures étruitesou endommagées attendant toujours d’être réhabilitées… Un an après, les Burkinabè se rappellent ce malheureux évènement par les séquelles à eux laissées.

Dapoya, secteur 12 de Ouagadougou. A moins de cinq cents mètres du barrage de Tanghin, se dresse la cour de la famille Zombra, au milieu des herbes et de l’humidité. Un caniveau de fortune passe devant le portail : une eau y stagne. Une épreuve de saut en longueur s’impose pour pouvoir accéder au reposoir de la famille Zombra. Cette épreuve franchie, nous trouvons des jeunes filles et deux femmes qui s’affairent dans une cuisine. Une cuisine ? Non, plutôt les trois murs d’une ancienne maison, "tombée lors du 1er-Septembre", nous a confié plus tard, Martine Zombra, la maîtresse de maison. Mais que fait-elle, elle et sa famille, ici ? N’est-elle pas au courant que la zone dans laquelle se trouve cette cour est déclarée inondable et que personne ne devrait y habiter ? "Si, répond-elle. Mais on n’a nulle part où aller." Pourtant, il a été procédé à la distribution de parcelles et de matériaux de construction aux sinistrés, avons-nous objecté. Le chef de famille n’a-t-il pas été bénéficiaire ? "Nous sommes allés à la mairie centrale. On a cité le nom de ceux qui étaient bénéficiaires de parcelles. Sans appeler le nom de notre chef de famille. On lui a dit d’attendre, qu’une fois qu’on en aura fini avec ceux dont les noms ont été appelés, on s’occupera de lui. Mais jusqu’à présent, on ne nous a rien dit", a répondu la jeune femme d’une trentaine d’années. Mais Yombi Ouédraogo, responsable au relogement et à l’ndemnisation des sinistrés, que nous avons plus tard contactés, a une réponse à la famille Zombra : "Au niveau du ministère, il y a une cellule technique qui a été mise en place pour faire un travail technique préalable sur l’ensemble des zones inondables de la ville de Ouagadougou. Et c’est sur la base de ce travail que ceux qui ont été triés dans ces zones vont être pris en compte. Quand la cellule aura fini son travail, il va fournir un rapport qui sera soumis au Conseil des ministres, et c’est au gouvernement de décider quelle attitude adopter vis-à-vis de ces gens. Mais, il faut faire la part des choses. Il y a des gens qui sont dans ces zones mais qui n’étaient pas sinistrés. (…) Je crois que le critère qui avait été retenu lors de ces recensements était celui des habitations." Soit. Mais en attendant, Mme Zombra n’a-t-elle pas peur ainsi de vivre dans cet endroit qui ne se différenciait plus du barrage, le 1er-Septembre 2009 ? "Si, mais que va-t-on faire ? La deuxième grande pluie qui s’est abattue en début d’hivernage a inondé la concession. On attend". Et elle attend en retournant à sa marmite dans laquelle bouillonnent des grains de riz qui iront étancher la faim des ramasseurs de sable qui travaillent juste à quelques mètres de sa concession. Concession que nous quittons pour rejoindre un voisin de Martine Zombra : le vieux Sibiri Ima, 77 ans et maçon à la retraite.

"J’avais vingt moutons ; mais les eaux les ont tous emportés. Tous !"

Vus de dehors, la clôture en banco et le portail rassurent que ce qui se trouve derrière eux peut être habitable. Mais une fois à l’intérieur, la stupéfaction chasse cette assurance : le vieux Sibiri Ima dort, avec sa famille (sa femme et ses petits-enfants), dans (plutôt sous) un…hangar ! En effet, on ne peut appeler autrement cet échafaudage constitué d’un mur en banco, qui semblait plus raccommodé que construit, et d’un empilement de tôles, de plaques de fer et de bois. En face, une autre maison se dressait, mais sans tôles et les trois quarts des murs écroulés. Le vieux Sibiri n’a-t-il pas eu de parcelle comme la famille Zombra pour accepter vivre ainsi dans cet habitacle délabré ? Si. "J’ai même eu 30 sacs de ciment, 20 tôles et 50 000 F CFA". Mais que fait-il toujours dans cette mansarde ? Le vieux Sibiri et sa femme s’exclament : "Les moyens !" Les 50 000 F CFA ont été engloutis. "Mais mes enfants ne valent rien", ajoute Sibiri Ima, pendant que sa femme indique : "J’avais un troupeau de moutons de 20 têtes. Mais les eaux les ont tous emportés ! Tous ! Nous n’avons plus rien !" N’ayant plus rien donc, le vieux Sibiri Ima attend un jour de meilleure fortune pour rejoindre et construire sa parcelle sur le site de Yagma. Jusque-là, il reste dans la zone inondable de Dapoya qui n’a pas été rasée comme celle de Lanoa Yiri, à quelques mètres du barrage, pendant que de gros nuages déambulent dans le ciel ouagalais et que des cris d’inondations fusent de plusieurs villages du Burkina. A une vingtaine de kilomètres plus loin, nous voilà entrant à la trame d’accueil de Yagma. Yagma où à la date du 19 août 2010, 12 785 sinistrés ont été relogés sur les 18 963 pris en charge par le gouvernement sur le nombre de départ de 24 271 sinistrés recensés. Yagma qui prend forme de jour en jour. Yagma, qui, naguère, était une brousse qu’on ne visitait que lors du pélérinage marial, prend les traits d’une petite ville naissante. Mais une ville qui se construit douloureusement. La veuve Alizèta Ouédraogo sort de la tente que lui a dressée la Croix-Rouge, pendant que ses petites-filles curent une marmite, pour répondre à notre salut. A souligner que nous n’avons pas pu frapper au portail, faute de murs de clôture pour le soutenir. La veuve entre ensuite dans la petite maison en banco de 10 tôles qui se tient côte à côte avec la blanche tente, puis en ressort avec sa pièce d’identité qui nous permet de savoir qu’elle a 60 ans. Sa bouche ridée nous révèle ensuite qu’elle est veuve, mère et grand-mère de 7 enfants et que tous dormaient dans la maisonnette de 10 tôles. "Je remercie tous ceux qui nous ont aidés. Mais nous avons toujours faim. Il n’y a pas à manger. Mes enfants, ceux qui sont assez grands, sont allés en ville (Ouagadougou) pour chercher du travail." Nous ne tardons pas à apprendre que les 50 000 F CFA ont été dépensés pour brider cette faim et que les 30 sacs de ciment ont changé de mains en échange de quoi acheter à manger. "Lorsque la pluie se calmera, nous construirons en banco", nous a dit la frêle vieille femme. Mais pendant que nous sommes en train d’échanger avec la vieille Alizeta, une jeune femme s’était approchée. Au moment où nous prenons congé de la veuve, la discrète visiteuse a lancé, la voix pleine d’espoir : "Et moi, vous ne recensez pas aussi mes difficultés ?" "Et quelles sont-elles ?", avons-nous répliqué. "J’ai construit, mais je n’ai pas terminé." "Vous, seule ?" Elle a fait oui de la tête. "Et votre mari ?", demandons-nous. "Nous sommes divorcés. Mes enfants, trois, dont le premier a 12 ans, sont au village." Elle est donc seule ici, à Yagma ? "Oui". Elle avait commencé à construire sa maison avec les matériaux qu’on lui a donnés. Mais la construction a été brutalement stoppée, à peine sortie de terre, faute justement de ciment. La déception s’est peinte sur son visage lorsque nous lui avons dit que nous ne sommes pas des agents recenseurs ou des membres d’une ONG. Sur ce, nous avons pris congé des deux femmes.

Le Canal de Wemtenga expose toujours au soleil ses gros ulcères

Pour tomber quelques mètres plus loin sur la famille Kafando. Elle aussi est dirigée par une femme divorcée. Mais sa maison, elle, est bien finie. En tout cas, elle semble habitable, puisqu’un rideau se balance nonchalamment à la porte et qu’un crépi recouvre tous les murs de la maison. Les filles de Mme Kafando, celle-ci étant absente, nous apprennent que la bâtisse est construite sur le modèle qui consiste à commencer les fondements avec des briques en ciment et de terminer le reste avec des briques en banco. Tout semble aller pour le mieux pour cette famille, au point qu’un restaurant, petit certes, mais un restaurant quand même, est né aux portes de la maison. Et les clients ne manquent pas selon Sidonie Kafando, fille de Mme Kafando. Voilà pour ce qui concerne les séquelles que l’inondation du 1er-Septembre a laissées sur le corps de certains Burkinabè. Pour ce qui est des infrastructures publiques, les plaies que leur a infligées le "1er-Septembre" ne se sont pas bien cicatrisées. En effet, revenant de notre randonnée à Yagma, les cameras en fer qui se donnaient la main pour former le mur du siège du FESPACO attendent toujours qu’on ressoude leurs bras violemment disloqués par le déluge. Le canal de Wemtenga, comme tant d’autres, expose toujours au soleil ses gros ulcères, creusés par les gros fragments de béton que les eaux furieuses du 1er-Septembre leur ont cruellement arrachés. Pendant que des riverains indélicats s’amusent à tourner le couteau dans la plaie pour soi-disant recueillir du sable. Bref, les séquelles, il y en a. Et la plus douloureuse de toutes, c’est sans doute quand le Ouagalais lève un regard anxieux vers le ciel lorsque des nuages commencent à s’amonceler. Et formulant cette angoissante et silencieuse question : "Que nous réserve le ciel aujourd’hui, demain, dans un an, désormais ?"

Des faits et des gestes de sinistrés

* Des boutiques à Yagma

Des boutiques qui poussent à Yagma, il y en a plein. De sorte qu’on finit par se demander si ce sont des sinistrés qui en sont les propriétaires ou des commerçants. Comment se fait-il que des habitations se transforment en lieux de commerce ? Le responsable au relogement de Yagma et chef de cabinet du ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Yombi Ouédraogo, répond : "On n’a jamais attribué de parcelles à usage commercial à qui que ce soit. Ce sont des parcelles à usage d’habitation qu’on a attribuées aux sinistrés. Ce sont des occupations illégales."

* Sinistrés, le ciment vous attend à Yagma !

Il y a quelques mois, les victimes du 1er-septembre attendaient impatiemment et dans la douleur, le ciment et les tôles que le gouvernement a mis à leur disposition. Le mercredi 18 août 2010, ce sont plutôt les sacs de ciment et les tôles qui attendaient des sinistrés introuvables. Léon Kiendrébéogo, le responsable à la distribution à la trame d’accueil de Yagma, en était exaspéré. "Il reste près de 1000 sinistrés que nous attendons mais qui ne viennent pas." Trois camions pleins de ciment n’avaient pas déchargé ce jour-là, car il n’y avait personne à qui les donner. Les distributeurs attendent donc, car, ont-ils affirmé, le ciment, qui vient du Togo est disponible et la date limite est fixée au 27 août 2010. Il y aura après cette date une permanence à la direction générale du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme.

* Le malheur des uns…

Malgré le dispositif mis en place pour éviter que de faux sinistrés ne s’infiltrent, il y en a qui ont pu passer tout de même. Cas de ce jeune homme qui a réussi à avoir parcelle et aide financière et matérielle pour ensuite les écouler et se remplir les poches ! Et il y en a pour l’envier et dire "si moi aussi je savais…"

Rassemblés par AZ et YS

BALI TRAORE, SG DU MINISTERE DE L’HABITAT ET DE L’URBANISME

"Les travaux seront exécutés en 2011"

L’inondation du 1er septembre 2009 a causé des dégâts au niveau du dispositif de drainage à Ouagadougou. Des canaux ont été détruits. Ce déluge a révélé que le plan de drainage de la ville n’était pas adéquat. Qu’est-il fait à ce niveau par les autorités ? Pourquoi un an plus tard les canaux de Zogona, de Wemtenga et du Mogho ne sont toujours pas réhabilités ? Questions auxquelles répond le Secrétaire général (SG) du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme (MHU), Bali Traoré.

"Le Pays" : Un an après les inondations du 1er septembre 2009, quel bilan faites-vous de la réhabilitation des infrastructures de drainage endommagées ?

Bali Traoré, SG du MHU : Il y a environ trois émissaires qui ont été endommagés. Il s’agit du canal du Mogho, du canal de Zogona et celui de Wemtenga. Ce sont de gros travaux. Actuellement, nous sommes au stade du dépouillement (NDLR, l’interview a été réalisée le 20 août 2010) et je crois que nous avons presque le nom de l’entreprise qui va exécuter ces émissaires. Ouagadougou a la chance de disposer d’un schéma de drainage et ce dernier dit que 70% des eaux transitent par le parc Bangrweogo. Le gros problème de drainage se trouve donc au niveau du parc Bangreweogo. Les partenaires techniques et financiers ont été mobilisés et nous avons eu des financements pour traiter l’exutoire.

Et qu’est-ce qu’un exutoire ?

C’est le lieu où on évacue les eaux. Vous pouvez collecter de l’eau, mais il faut savoir où vous allez l’évacuer à partir de la détermination d’une superficie. Ce qui est sûr, c’est qu’en 2011, ces travaux seront exécutés. Il y a aussi les émissaires de la branche sud, au niveau de Ouaga 2000. Nous avons émis un appel d’offres mais la procédure est longue. Nous sommes à la phase des manifestations d’intérêt. Nous avions déjà réfléchi sur la question. Nous avons sorti le dossier et certainement qu’en 2011, on pourra mettre cet ouvrage en chantier. Et il y a aussi le canal central, qui passe derrière l’hôpital Yalgado. Nous avons lancé un appel d’offres pour essayer de construire ce canal vers le barrage. Et comme le barrage sera l’exutoire de l’ensemble des déversements, l’écoulement devrait se faire sans problème. Mais même si on fait l’ensemble de ces investissements, tout est dimensionné avec les crues de chenal. Alors que ce qu’on voit tomber maintenant, ce sont de grandes crues. Mais je crois qu’on ne va pas annuler, mais on parlera de fortes améliorations du drainage.

Autrement, les canaux étaient mal construits ?

L’eau du canal (de Wemtenga) est la dernière à passer, de sorte qu’il y avait comme une sorte de carambolage. Mais si on résout le problème de l’exutoire, il n’y aura plus ce phénomène.

Est-ce la même raison qui a fait sauter certains ponts ?

Ce sont des choses qui fonctionnent ensemble. Ce sont les mêmes dimensions de chenal qui sont appliquées. De plus, les inondations arrivent très rarement. Même si on construit avec de plus grandes dimensions, cela coûte beaucoup d’argent et on a la probabilité que cela n’arrive que dans trente ans. C’est dommage, mais on n’a pas uniquement ces infrastructures comme problème. On a aussi des problèmes de santé…

Certes, mais il faut remarquer que les inondations ont encore frappé le Burkina cette année et que les changements climatiques ne laissent pas croire qu’il faut encore attendre trente ans avant qu’il y ait une autre catastrophe…

Bien entendu, on ne fera plus de dimensionnement avec des crues de chenal. On va chercher à voir comment avoir plus d’argent pour mettre des marges de sécurité. Mais cela va coûter excessivement cher. Est-ce que vous êtes prêts à faire cet investissement ?

A combien évaluez-vous le montant des travaux à effectuer ?

Je ne saurai vous le dire. Mais il faut qu’on travaille à faire des ouvrages assez importants. Il faudrait (aussi) qu’on accepte de temps en temps d’avoir les pieds dans l’eau, mais pas de dégâts. Le problème global des caniveaux, c’est l’entretien. Les caniveaux ne devraient évacuer normalement que des eaux de pluies. Pas d’eaux usées. Dans notre cas, on retrouve toutes ces eaux dans le même caniveau.

Mais à qui la faute ?

Je crois qu’il faut sensibiliser les gens. Et il y a beaucoup d’efforts qui sont fournis. A Ouaga, il y a un programme sur l’assainissement autonome. Avant, on voyait les puisards dans les rues et aujourd’hui, ils sont dans les cours. Ou alors, on voyait les tuyauteries sortir des concessions et déverser les eaux usées dans les caniveaux. Mais cela a diminué aujourd’hui. Il faut que nous aussi nous mettions la main.

Qui ? Le gouvernement, la mairie ou les populations ?

Les populations. Il y a des avancées qu’il faut certes améliorer, mais ce n’est déjà pas mal. Au niveau des eaux usées, il y a des réseaux qui se mettent en place. Au niveau des eaux de pluies, les efforts sont en train d’être fournis pour mettre les primaires en place. Et je crois que le schéma est en train d’être mis en place.

Qu’avez-vous à dire pour clore cet entretien ?

C’est déplorable, mais il y a des efforts qui sont faits à la hauteur des moyens. Je crois que ce n’est pas l’Etat seul qui doit les fournir ou les communes. Cela doit commencer par les populations elles-mêmes. Les choses sont en train de se mettre en place. Mais il faut que chacun mette la main à la pâte.

Propos recueillis par Abdou ZOURE

GESTION DE L’AIDE AUX SINISTRES

"Rien ne va dans la poche de personne"

Un élan de solidarité sans précédent a permis de récolter des fonds pour venir au secours des sinistrés du tristement célèbre 1er-Septembre. Un an après la catastrophe, nous avons rencontré le coordonateur de l’unité de gestion de secours d’urgence, Jean Baptiste Zoungrana, pour avoir des précisions sur la gestion de ces fonds.

"Le pays" : Suite aux inondations du 1er-Septembre, des fonds ont été récoltés pour venir en aide aux sinistrés. Combien au total, avez-vous pu collecter ?

Jean Baptiste Zoungrana : Depuis le lancement de l’opération jusqu’à la date du 21 août 2010, l’ensemble des contributions financières s’élève à 18 631 031 879 F CFA, hormis les dons qui n’ont pu être valorisés. Les contributions volontaires se chiffrent à 5 420 620 031 F CFA. En plus de ces contributions volontaires, l’Etat a apporté une subvention de 13 210 411 848 F CFA et c’est l’ensemble qui fait les 18 631 031 879 F CFA.

Les gens continuent-il jusqu’à présent à manifester leur solidarité en faveur des sinistrés ?

Oui nous recevons toujours des aides pour les sinistrés. Les gens ne cessent pas de se manifester.

Comment se fait la gestion de ces fonds ?

Pour la gestion des fonds qui sont récoltés, il y a un conseil de gestion qui a été mis en place. Ce conseil est composé des représentants du gouvernement, de l’administration, de la société civile, des partenaires techniques et financiers, des sinistrés et des autorités coutumières et religieuses. Il existe des procédures qui doivent être respectées et aucun franc, aucune somme, ne doit être dépensé sans l’autorisation de cet organe. Le rôle de ce conseil est d’assurer au maximum la transparence dans les dépenses au profit des sinistrés.

Sur les 18 milliards de CFA, combien ont pu être depensés à la date du 21 août ?

A l’heure où je vous parle, sur les 18 milliards, 10 830 910 938 F CFA ont été depensés. Cette somme a servi à l’achat du ciment, des tôles ; à la remise de 50 000 F CFA par sinistré, et à la réhabilitation de certaines infrastructures qui ont été endommagées pendant l’inondation.

Il vous reste à peu près 8 milliards ?

Oui, ces 8 milliards environ sont également en train d’être depensés parce que nous avons passé des marchés qui sont en phase d’exécution.

Que répondez-vous à ceux qui pensent qu’une partie des sous vont dans des poches ?

Ceux qui disent cela sont ceux-là qui ne sont pas venus prendre les informations à la source. Le gouvernement et le comité de gestion ont mis le maximum de transparence pour que tout ce qui a été récolté serve vraiment aux sinistrés. Rien ne va dans la poche de personne. Nous sommes en train d’élaborer un document qui contiendra toutes les dépenses engagées. Et, en plus, des audits financiers ont été réalisés. Tout cela dans le souci d’assurer la transparence dans la gestion des fonds. J’invite les gens à aller à la source des informations au lieu d’affirmer des choses infondées.

D’un grand mal peut naître un grand bien

Aujourd’hui 1er septembre 2010, il y a un an, jour pour jour, que Ouagadougou se réveillait sous un véritable déluge. Il ne manquait plus que l’arche de Noé, titrions-nous justement notre « Regard sur actualité » sur cette catastrophe (cf. L’Observateur Paalga du mercredi 02 septembre 2009). 279,3mm d’eau en une seule journée !

Les historiens du temps disent qu’il faut remonter jusqu’au 31 août 1914, où Bobo-Dioulasso avait reçu 246 mm d’eau, pour voir de telles hallebardes s’abattre en 24 heures sur une seule ville au pays des hommes intègres. C’est dire l’ampleur du phénomène et les dégâts causés par la furia des eaux.

Avec, entre autres, une dizaine de morts, 150 000 sinistrés, des dizaines d’édifices publics et d’ouvrages d’art endommagés, des maisons effondrées, les conséquences d’un surplace de nuages (la cause des fortes précipitations enregistrées) ont presque tout emporté sur leur passage. Force est de reconnaître et de saluer, à cet effet, le travail remarquable de l’armée et des corps paramilitaires, qui ont permis de limiter les dégâts. Que dire de l’élan de solidarité, dans un premier temps, entre les citoyens eux-mêmes à travers une entraide et, ensuite, à l’échelle nationale avec les contributions et les réponses à l’appel du Président du Faso, Blaise Compaoré, sinon qu’il aura prouvé, si besoin en était encore, que l’union fait la force ?

Un an après, les stigmates sont encore visibles à maints endroits de la ville et même dans les esprits à en croire la psychose engendrée par les précipitations d’hier mardi matin, vues par plus d’un Ouagalais comme les prémisses d’un nouveau déluge, qui plus est en plein anniversaire. Il faut dire qu’un pays comme le Burkina Faso n’était pas préparé à subir une telle catastrophe.

Et de fait, le déluge aura ramené en surface de nombreux problèmes plus ou moins connus mais sur lesquels on fermait les yeux : l’hôpital Yalgado-Ouédraogo, situé dans le lit d’un barrage et qui n’a eu jusque-là qu’un mur en béton armé pour le protéger de nouvelles crues ; les zones inondables, où des établissements publics ont pourtant été construits et où des citoyens se sont installés et ont même acquis des PUH et des titres fonciers, mettant à nu des lotissements hâtifs sans viabilisation préalable ; le manque de système de drainage des eaux pluviales digne de ce nom ; le Parc Bangr Wéogo dont le plan d’aménagement a besoin d’être diligenté compte tenu de sa situation de point de convergence de 70% des eaux de ruissellement de la capitale ; le manque de dispositif pérenne et efficace d’intervention en matière de gestion des catastrophes (les limites opérationnelles objectives du CONASUR ont ainsi été démontrées).

Inconscience, laxisme, impéritie… dans le comportement et la construction des infrastructures. C’est ce cocktail détonnant qui a produit les résultats que l’on sait. Mais, à quelque chose malheur est bon ; en d’autres termes, il y a toujours quelque avantage à tirer de nos malheurs, dont le grand mal du 1er septembre 2009. Le sinistre aura eu au moins l’avantage de révéler des failles dont les autorités semblent avoir pris la pleine mesure. En témoignent, entre autres, la mise en œuvre du plan général d’organisation des secours (plan ORSEC) avec des unités par région pour intervenir d’urgence, et le déguerpissement des zones inondables en cours.

La douche froide du déluge aura donc eu le mérite de nettoyer certaines malpropretés de notre gouvernance. Comme quoi, mieux vaut tard que jamais, surtout quand on sait justement que gouverner, c’est prévoir. Et quelquefois, il faut un grand malheur pour ouvrir les yeux aux gens et leur faire prendre enfin certaines décisions. Un an après, alors que tous les problèmes consécutifs à cette pluie diluvienne ne sont pas encore résolus, parmi lesquels le recasement des sinistrés et le dédommagement de certaines victimes, c’est peut-être ces leçons qu’il faut retenir. Un homme prévenu en vaut deux.

Blaise Compaoré invité à un sommet au Nigeria


Le chef de l’Etat, Blaise Compaoré, a reçu en audience, hier mardi 31 août 2010 en début de matinée, le ministre nigérian des Eaux et des Ressources, Chief Obadiah D. Ando, porteur d’une invitation du président nigérian Goodluck Jonathan. Elle est relative au sommet des pays membres de l’Autorité du Bassin du Niger (ABN) qui se tiendra du 15 au 17 septembre prochain à Abuja au Nigeria.

« Je suis venu adresser une invitation personnelle au Président du Faso, Blaise Compaoré, pour la rencontre des pays voisins du fleuve Niger qui se tiendra les 15, 16 et 17 septembre prochain à Abuja. Le président Goodluck Jonathan est le président de l’Autorité du Bassin du Niger. C’est pourquoi il a tenu à convier personnellement son homologue burkinabè à cet important sommet », a indiqué le ministre nigérian des Eaux et des Ressources, Chief Obadiah D. Ando à sa sortie d’audience.

Long de 4200 km avec un bassin actif couvrant près de 2 000 000 km2 sur neuf pays que sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Tchad qui le partagent, le fleuve Niger est le 3e plus grand fleuve d’Afrique, après le Nil et le Congo, et le plus grand en Afrique de l’Ouest.

La population vivant sur le bassin est estimée à environ cent cinquante millions (150 000 000) d’habitants qui vivent essentiellement d’agriculture, d’élevage, de pêche ainsi que de diverses autres activités de production en lien direct ou indirect avec la ressource en eau. M. Obadiah a expliqué l’enjeu du sommet qui se tiendra dans son pays. Le Bassin du Niger a des atouts certains sur le plan hydroagricole, halieutique, énergétique, du développement économique et social.

Cependant, les sécheresses répétées de ces trois dernières décennies, la pression démographique sur les ressources naturelles engendrent une accélération de la dégradation des terres et des eaux avec notamment un fort ensablement du lit, l’envahissement par des végétaux flottants, une fragilisation des écosystèmes ainsi que des tensions et conflits entre usagers.

Face à la dégradation accrue des ressources du bassin et aux besoins sans cesse croissants en matière de sécurité alimentaire, énergétique et de développement, les pays voisins du fleuve Niger ont mis en place l’Autorité du Bassin du Niger (ABN) en novembre 1980, à Faranah en Guinée. Son siège est à Niamey en République du Niger. Elle a une mission de diagnostic et de conseil en ressources humaines.

Le sommet de septembre prochain s’inscrit dans cette dynamique selon les propos du ministre nigérian. Son objectif est de réviser les stratégies déjà en place pour un meilleur partage des ressources en eau. Dans un contexte de changement climatique, la question de la protection de l’environnement sera au cœur des débats des chefs d’Etat membres de cette Autorité.

Louis Saha et ses recettes de famille


FOOTBALL - Drôles de méthodes pour P’tit Louis...

Louis Saha se fait sucer par… des sangsues. A Clairefontaine, l’attaquant a ramené dans son sac ses recettes de famille. «Comment j'ai soigné mon genou qui gonflait? Vous n'allez pas me croire... Je suis parti chez mes grands-parents, en Guadeloupe, et j'ai mis des sangsues dessus. Depuis, j'ai un genou qui n'est pas normal (séquelles des blessures, ndlr) mais qui gonfle beaucoup moins», a expliqué le joueur d’Everton.

Sélectionné pour la première fois avec les Bleus en février 2004, «P'tit Louis», un de ses surnoms, ne compte que 18 capes à 32 ans, en raison des nombreux pépins physiques qui ont émaillé sa carrière. La faute à «la poisse. Tout se passe bien pendant cinq ou six mois, et puis le jour de l'annonce de la sélection, tu te retrouves avec une blessure. Ça a été très dur à vivre, je ne le souhaite à personne. J'ai eu beaucoup de mal à me relever de ces évènements-là.»

Mariage de Dadis à la Patte d’Oie : Et Moussa devint Moïse


Les grandes orgues de la presse internationale avaient rapporté sa soif de retrouver sa Guinée natale qu’il dut quitter en décembre 2009, quand un confrère malien annonçait, pour ce point, son arrivée incognito sur les bords du Djoliba.

A telle enseigne qu’à Ouagadougou, la capitale burkinabè, l’on se demandait légitimement s’il répondait encore présent à l’appel de la clinique présidentielle de Kosyam, Moussa Dadis Camara, l’illustre patient du « Docteur Honoré », en convalescence prolongée.

Mais voici qu’en ce mois d’août finissant, la Faucheuse, l’agenda politico-diplomatique du président-médiateur Blaise Compaoré, et la conjoncture guinéenne vinrent éloquemment lever le doute.

L’ancien chef de la junte demeure toujours au « Pays des hommes intègres ». En tout cas, preuve nous en a été donnée tant à la faveur du transit de la dépouille mortelle de son fils adoptif, Moriba Dadis Camara Junior, le 24 août dernier ; le séjour les 26 et 27 août de son intérimaire, le Général Sékouba Konaté au « Compaoré Land ».

Mieux, le capitaine Moussa Dadis Camara, dont on peut se féliciter d’une santé retrouvée, se serait fait baptiser en même temps qu’il régularisait son mariage religieux dans la soirée du dimanche 22 août 2010. Théâtre de cette double célébration : l’église Notre Dame des Apôtres de la Patte d’Oie, à un jet de pierre de sa résidence à Ouaga 2000.

De sources généralement bien informées, celui-là qui s’appelle désormais Moïse Dadis Camara aurait, devant le vicaire général de l’archidiocèse de Ouagadougou, Abbé Pascal Nikièma, et face à des convives triés sur le volet, promis amour et fidélité à Jeanne Saba, tout au long de leur vie.

Parrains et témoins de ce jeune couple chrétien à qui nous souhaitons heureux ménage, si cela s’avérait, le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi, Justin Koutaba, et la juge constitutionnelle, Maria Goretti Sawadogo/Korogho. Et bien, si Dadis a pu vaincre les balles de son aide de camp, retrouver la paix du cœur et de l’esprit, pourquoi désespérer de sa patrie, cette Guinée en peine depuis l’éternité sur les voies rocailleuses de l’Etat de droit et de la démocratie ?

La rédaction

L’Observateur Paalga