24 juin, 2010

Fichier électoral ivoirien : Gbagbo veut laver plus blanc qu’OMO (1)


Qu’il est poussif, le train de la paix, qui crachote depuis d’interminables années en Côte d’Ivoire ! Non content de traîner comme une limace, s’arrêtant à toutes les stations, même à celles qui n’existent pas, elle fait souvent des marche-arrière intempestives. Et l’Accord politique de Ouagadougou (A.P.O.), conclu en mars 2007 et qui était censé régler le problème en...

10 mois, ne sera finalement pas parvenu à inverser durablement la tendance. Au point qu’on se demande quand est-ce que la locomotive entrera enfin en gare. Dernier avatar de cette marche périlleuse au rythme “d’un pas en avant deux pas en arrière”, le passage au peigne fin de la liste blanche du fichier électoral à partir d’aujourd’hui.

Un corpus de quelque 5,3 millions d’électeurs, qu’on pensait pourtant propre mais visiblement pas suffisamment blanchi aux yeux du camp présidentiel, qui a exigé une nouvelle toilette, question de débarrasser le document de ceux (des centaines de milliers, dit-on) qui s’y seraient introduits frauduleusement. Les cas litigieux seraient même de l’ordre de 1,5 millions de personnes. Un vrai travail de bénédictin.

Laurent Gbagbo, qui veut laver plus blanc qu’OMO, tient donc à essorer son linge électoral pour avoir un fichier crédible et acceptable par tous. Le drame est que sur les bords de la lagune Ebrié, cela confine souvent au délit de patronyme et vise, dans la plupart des cas, les Touré, Ouattara, Coulibaly, Koné, Fofana et autres noms de famille à consonnance nordique, rappellant la querelle sordide des “ou” et des “et” qui avait cours sous Henri Konan Bédié et qui a, depuis, plongé le pays d’Houphouët dans ce piège sans fin.

Il est vrai que l’enjeu et les forces en présence sont tels que, dans ce combat d’Eléphants qui s’annonce, la moindre voix est précieuse ; d’où les présentes vérifications, qui devraient accoucher d’une nouvelle liste, blanche et immaculée à laquelle devrait venir s’ajouter les repêchés de la liste grise. En attendant, on ne sait toujours pas quand, après tous ces multiples croisements, vérifications et contrôles, les heureux électeurs qui auront réussi ce parcours identitaire du combattant pourront déposer leurs bulletins dans l’urne.

AU BRKINA FASO LA CAMPAGNE COTONNIERE 2010-2011 : 600 000 tonnes de coton graine attendues


L’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) a tenu son assemblée générale ordinaire les 17 et 18 juin 2010 à Bobo- Dioulasso. Le ministère de tutelle était représenté au plus haut niveau par le ministre délégué à l’Agriculture, Abdoulaye Combary, qui a présidé les travaux en présence de Joachim Somda, secrétaire général de la région des Hauts-Bassins représentant le gouverneur. Le président de l’UNPCB, Karim Traoré a situé l’importance de la rencontre qui devra accoucher des orientations pour la campagne cotonnière 2010-2011.

Quatre mois seulement après sa prise de fonction, le nouveau président de l’UNPCB, Karim Traoré, et son équipe veulent impulser une dynamique nouvelle à la faîtière des organisations de producteurs de coton après la période de léthargie qu’a connu la filière au plan mondial. C’est dans cette optique que le conseil de gestion a convoqué les membres en assemblée générale. Toutes les provinces couvertes par l’UNPCB étaient représentées à cette rencontre. Deux jours durant, les producteurs ont eu droit à un compte rendu des activités menées au cours de l’année 2009, ce qui lui a permis de proposer des activités pour bien amorcer l’année 2010. L’assemblée générale a adopté un programme d’activités à soumettre à l’Association professionnelle des producteurs de coton en Afrique (AProCA), et la demande d’adhésion de l’Union provinciale des producteurs de coton du Kourittenga à l’UNPCB.

Aussi, sous l’impulsion du nouveau conseil de gestion, une stratégie de relance de la filière à travers la recherche de solutions durables à la crise du secteur a été adoptée. Ainsi, l’assemblée a souhaité vivement que l’UNPCB soit le "vecteur de la relance de la production cotonnière, de l’amélioration de la productivité dans les exploitations agricoles, de la cohésion et de l’amélioration des conditions de vie des producteurs de coton” tel que le stipule l’article 5 des statuts de l’Union. Dans cette optique, des stratégies à court et moyen termes devront être appliquées à savoir, entre autres, le renforcement de la communication interne et externe tant à la base qu’avec les partenaires, la pérennisation du conseil de gestion financière, une nouvelle orientation à l’opération commercialisation collective du maïs et le renforcement des capacités de création de la valeur par les unions provinciales.

Des actions pour accompager la nouvelle vision

Des actions devront accompagner cette vision du nouveau conseil de gestion dont notamment des sorties d’information des producteurs, des cadres de concertation avec les partenaires (sociétés cotonnières, l’Association des producteurs de coton au Burkina et les services déconcentrés de l’Etat) en vue de mener de nouvelles réflexions et définir de nouvelles orientations. Enfin, des activités génératrices de revenus, le renforcement du réseau d’épargne et de crédit propre aux cotonculteurs, la réorientation des activités économiques de l’Union afin de garantir la rentabilité au strict profit des producteurs (programme coton biologique qui semble présenter beaucoup d’avantages pour les producteurs, opération intrants) sont en ligne de mire du programme du conseil de gestion qui entend redonner un nouveau souffle à la filière.

Le ministre délégué, Abdoulaye Combary, a réaffirmé l’appui du gouvernement aux producteurs à travers l’équipement agricole, les intrants et les semences. Cette campagne agricole se tient sous le thème “Quel système de production agricole en réponse aux changements climatiques ?”. Le ministre Combary a fait remarquer que de façon globale, il y a une baisse de la production agricole au plan national à l’exception du riz pluvial. Dans un message particulier adressé aux producteurs, il a insisté sur les pratiques agricoles qui, d’après lui, sont tributaires de l’augmentation de la production particulièrement la productivité.

C’est pourquoi il a exhorté les producteurs à mettre un accent particulier sur l’utilisation de la matière organique, la rotation des cultures (coton-céréales-légumineuses/jachère) car "la culture du coton Bt a ses propres exigences. Le facteur déterminant de la production étant le sol, nous devons amener la fumure organique dans nos champs. Nous devons aider nos champs à être aptes à produire. Il faut également intensifier sur nos parcelles car c’est un passage obligé pour échanger d’égal à égal avec nos partenaires". Le ministre Combary a rappelé aux producteurs l’engagement pris devant le Président du Faso, Blaise Compaoré, lors de la 13e Journée nationale du paysan tenue à Koudougou à savoir “une famille, une fausse fumière ”. Dans cette optique, il a demandé à l’UNPCB d’établir un partenariat avec le Bureau national des sols et les structures déconcentrées du ministère de l’Agriculture.

Un bilan globalement satisfaisant

Dans l’ensemble, cette assemblée générale ordinaire a eu un succès total de l’avis des délégués provinciaux qui y ont pris part. Les échanges ont été fructueux, les débats ont été démocratiques, a estimé le président Karim Traoré qui a tenu à ce que tous les participants s’expriment car, il y va de l’avenir de la structure dans la mesure où les décisions prises engagent tout le monde. Au cours de la conférence de presse qui a suivi la clôture de l’AG, le conseil de gestion a présenté les conclusions des travaux et s’est également prêté aux préoccupations des journalistes. Au cours des échanges, le président a fait remarquer que le bilan est satisfaisant de façon globale en dehors de l’opération maïs qui a connu quelques difficultés.

A propos de l’affaire dite du licenciement des 88 conseillers, les membres du conseil de gestion ont fait remarquer que l’UNPCB n’a pas les moyens de les prendre en charge. C’est pourquoi, elle leur a demandé de rester à l’écoute car l’argent qui devrait permettre d’assurer leurs salaires (qui coûte à la structure environ 46 millions de F CFA par mois) n’est pas disponible et le bailleur qui devait prendre en charge 75% des salaires pour la première année, 50% pour la deuxième année et 25% pour la troisième année n’a pas encore apporté sa contribution. Le bailleur pose comme préalable que l’UNPCB apporte sa contribution, ce dont elle ne dispose pas car les sociétés cotonnières ne se sont pas encore acquittées de leur dette envers l’Union, a dit le président du conseil de gestion. Ce qui veut dire que le recrutement des conseillers semble prématuré eu égard au fait que la structure avait déjà en charge 60 conseillers qu’elle peinait à payer, a-t-il ajouté.

Les 88 conseillers en gestion recrutés portent le nombre total des conseillers à 148. Le conseil de gestion a dit être conscient que la question de l’emploi est une préoccupation des jeunes, "D’ailleurs, en tant que père de famille, nous ne pouvons pas mettre en chômage 88 jeunes qui sont nos enfants mais nous avons pris une décision "sage et responsable”, a fait savoir le président. Ce n’est pas un licenciement, nous sommes disposés à les reprendre si les conditions du bailleur sont remplies car leur apport est bénéfique à l’Union, a-t-il conclu sur la question.

Les membres du conseil de gestion ont chacun répondu tour à tour aux questions des journalistes avant que le président ne fasse une synthèse. Pour le président, cette méthode de travail est une trouvaille du nouveau bureau qui accorde une importance capitale au débat démocratique et à l’esprit d’équipe. L’UNPCB a besoin d’idées innovantes, d’un esprit nouveau afin de faire oublier les périodes de turbulence qu’elle a traversées. Le président Karim Traoré et son équipe ont promis travailler d’arrache-pied à redorer le blason de l’Union au grand bonheur des producteurs. Cela passe également par l’intensification de la production dont environ 530 000 tonnes de coton graine sont attendues pour la campagne cotonnière 2010-2011.

AU BURKINA FASO Conseil constitutionnel : Décision portant déchéance du député Louis Armand Ouali

Décision n° 2010-015/CC portant déchéance et remplacement par un suppléant du député Mihyemba Louis Armand Ouali, élu sur la liste du Rassemblement pour le développement du Burkina (RDB) de la province du Poni et présentement secrétaire général adjoint, chargé des affaires politiques de l’Union pour le progrès et le changement (UPC).

Le Conseil constitutionnel, saisi par lettre n° 2010-039/ AN/PRES/SG du 24 mai 2010 de Monsieur le président de l’Assemblée nationale aux fins de constater et de prononcer la déchéance de Monsieur Mihyemba Louis Armand Ouali, de son mandat de député conformément à l’article 85 alinéa 2 de la loi constitutionnelle n° 015-2009/AN du 30 avril 2009 portant modification de la constitution ;

vu la constitution du 11 juin 1991 ;

Vu la loi organique n° 011-2000/AN du 27 avril 2000 portant composition, organisation, attributions et fonctionnement du conseil constitutionnel et procédure applicable devant lui ;

Vu la loi n° 2001-014/AN du 3 juillet 2001 portant code électoral, ensemble ses modificatifs ;

Vu le règlement intérieur du 06 mai 2008 du conseil constitutionnel ;

Vu la décision n° 2010-005/CC du 24 mars 2010 portant classification des délibérations du conseil constitutionnel ;

Vu l’arrêté n° 2010-42/MATD/SG/DGLPAP/DAPCR du 14 mai 2010 portant reconnaissance du parti politique dénommé ’’Union pour le progrès et le changement’’, en abrégé UPC ; Ouï le rapporteur en son rapport ;

Considérant que le conseil constitutionnel a été saisi par lettre no 201039/AN/PRES/SG du 24 mai 2010 de Monsieur le président de l’Assemblée nationale aux fins de constater et de prononcer conformément à l’article 85 alinéa 2 de la loi constitutionnelle n° 015-2009/AN du 30 avril 2009 portant modification de la constitution, la déchéance de Monsieur Mihyemba Louis Armand Ouali, élu sur la liste du Rassemblement pour le développement du Burkina (RDB) de la province du Poni, présentement Secrétaire général adjoint, chargé des affaires politiques de L’Union pour le progrès et le changement (UPC) ; que cette saisine du Conseil constitutionnel par une autorité habilitée pour connaître d’une question relevant de sa compétence, est régulière aux termes de l’article 157 de la Constitution ;

Considérant que les mandats conférés par le suffrage universel prennent fin avant leur terme dans certaines circonstances déterminées par les lois et règlements ; que la constatation de l’existence de ces circonstances est une tâche juridictionnelle confiée au Conseil constitutionnel par les articles 43, 85, alinéa 2 de la Constitution du 11 juin 1991 et l’article 202 du code électoral ;

Considérant que l’article 85, alinéa 2 de la loi constitutionnelle n° o15-2009/AN du 30 avril 2009 portant modification de la constitution dispose entre autres que ’’toutefois, tout député qui démissionne librement de son parti ou de sa formation politique en cours de législature est de droit déchu de son mandat et remplacé par un suppléant’’ ; Considérant que le député Mihyemba Louis Armand Ouali, a démissionné librement du Rassemblement pour le développement du Burkina (RDB) pour rejoindre l’Union pour le progrès et le changement (UPC) où il occupe les fonctions de Secrétaire général adjoint, chargé des affaires politiques ainsi qu’il résulte du récépissé n° 2010/42/MATD/SG/DGLPAP/DAPCR du 14 mai 2010 portant reconnaissance du parti politique dénommé ’’Union pour le progrès et le changement’’, en abrégé UPC ; Considérant que de ce qui précède, il y a lieu de constater la déchéance de Monsieur Mihyemba Louis Armand Ouali de son mandat de député ;

Décide

Article 1er : Le député Mihyemba Louis Armand Ouali est déchu de son mandat de député à l’Assemblée nationale et sera remplacé par un suppléant de la liste du RDB.

Article 2 : La présente décision sera notifiée au président du Faso, au Premier ministre, au président de l’Assemblée nationale et publiée au Journal officiel du Burkina Faso. Ainsi délibéré par le conseil constitutionnel en sa séance du 4 juin 2010 où siégeaient :.

Côte d’Ivoire : On vous l’avait dit, Gbagbo ne veut pas d’élection


Il ne fait pas bon souvent être l’éminence grise ou l’âme damnée d’un dirigeant. La politique au sommet se menant sans pitié, de nombreux proches de chefs d’Etat ont souvent fait les frais de leur politique de transparence ou tout simplement ont été passés par pertes et profit, pour sauvegarder le fauteuil présidentiel. Autant ils sont bienveillants et aux petits soins avec les fidèles du premier cercle, autant la disgrâce n’est jamais loin

En Côte d’Ivoire, depuis 2000, date de l’accession à la magistrature suprême de Laurent Gbagbo, les deux faces de Janus de ce dernier, propres aux grands hommes, sont sporadiquement sous les feux de la rampe : hier Lida Moïse Kouassi et le Général Mathias Doué, sont passés à la trappe pour des raisons d’Etat. Aujourd’hui, le tour de Désiré Tagro ?

Le communiqué de la présidence ivoirienne, au JT de 20 heures, le 20 juin dernier par le porte-parole du palais est sans équivoque : Laurent Gbagbo a saisi Tchimou Raymond, procureur de la République, de faire la lumière sur de prétendus détournements de fonds dont se serait rendu coupable son ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro.

Cette saisine présidentielle fait suite aux accusations du président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, proférées le 2 juin dernier à l’encontre du ministre Tagro. Il aurait, de l’avis de l’occupant du perchoir, fourgué des centaines de personnes de son ethnie non méritantes à l’Ecole nationale d’administration. Pire, il aurait mis indûment plusieurs poires de côté, notamment dans l’organisation de plusieurs Hadj pour quand il y aura la soif.

En attendant que les fins limiers du procureur Tchimou disent si oui ou non Tagro est mouillé, on se pose la question de savoir à quoi joue Gbagbo : diversion pour encore éclipser l’essentiel, à savoir la poursuite du processus électoral ? Poursuite de l’opération "Mains propres", qu’il a entamée avec la filière café-cacao ?

En fait, on aurait rien trouvé à redire à cette cuisine intérieure, des camarades politiques qui s’étripent ou un chef d’Etat qui moralise son entourage étant d’une banalité déconcertante, si ici, le nom du premier ministre Guillaume Soro, n’avait été cité.

Sous d’autres cieux, la sacro-sainte règle de la présomption d’innocence est comprise par les populations. Sous nos tropiques, le fait qu’un nom a été jeté en pâture confine souvent à la culpabilité. Gbagbo n’ignore donc pas qu’en effleurant le nom du chef des croquants nord-ivoiriens, le chef du gouvernement apparaîtra aux yeux de bon nombre de ses compatriotes probablement impliqué voire même sûrement coupable. Le chef de l’Etat sait pertinemment l’impact qu’une telle information aura sur le lanterneau politique.

Alors que, subrepticement, l’Accord de Ouaga semble avoir vécu, en dépit des dénégations factices, avec ce geste, Gbagbo apporte de l’eau au moulin de ceux qui affirment qu’il ne veut pas de cette présidentielle, en tout cas pas pour le moment.

A peine le processus électoral a-t-il timidement repris que voilà le président Gbagbo remettant les pieds dans le plat ivoirien chauffé, n’ayant jamais craint de se brûler les orteils. Il aurait voulu mettre fin à son attelage avec Soro qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

Fin calculateur, il sait qu’avec la débâcle des Eléphants, le Onze national de football, à la présente coupe du monde, les Ivoiriens auront de quoi épiloguer jusqu’en août 2010, date à laquelle il pourra allégrement fêter le cinquantenaire du pays.

Ces adversaires trépignent-ils de l’impatience, y compris la communauté internationale de voir la présidentielle se tenir au plus tard en octobre ? Bah ! Gbagbo en a vu d’autres. Pour le moment, force est de constater qu’il faut hurler avec les loups qui disent : Gbagbo ne veut pas d’élection. Et sa force est qu’il a toujours une longueur d’avance sur ses adversaires.

Ethiopie : La dictature reprend ses droits

En matière de démocratie, l’Ethiopie reste un contre-exemple. Et pourtant, d’une certaine manière, ce pays est comparable à la Belgique, la capitale de l’Europe. Tout comme Bruxelles, Addis Abéba, la mégapole éthiopienne, est le siège de l’organisation continentale, l’Union africaine, depuis 1963. Mais la comparaison semble s’arrêter là, car autant du côté de la Belgique on vit dans un pays développé tout en surfant sur la vague démocratique, autant du côté de l’Ethiopie, le multipartisme, les libertés d’expression et de presse et manger à sa faim pour l’immense majorité de la population semblent y être les choses les moins partagées.

Et cette image, peu flatteuse du pays du roi Hailé Sélassié, paraît être, à quelque exception près, celle d’une bonne partie du continent noir. Pour avoir une petite idée de la démocratie en Ethiopie, jetons simplement un petit coup d’œil sur les résultats des dernières législatives.

En effet, selon les résultats officiels de ces législatives rendus publics le lundi 21 juin dernier, le Front révolutionnaire et démocratique des peuples éthiopiens du Premier ministre, Méles Zénawi, et ses alliés, au pouvoir depuis 1991, ont remporté 545 sièges sur les 545 que compte l’Assemblée nationale .Un score qui finit d’enlever toute crédibilité à une élection qui se voulait pourtant multipartite. C’est dire que l’opposition avait depuis pris la pleine mesure du tripatouillage et de l’achat des consciences, elle qui dénonçait par avance un scrutin biaisé. Le Medrek, qui regroupe huit partis d’opposition, avait exigé dès la fin du scrutin que de nouvelles législatives soient organisées.

Mais, à dire vrai, ce score à la soviétique n’étonne guère, car le maître d’Addis Abéba est coutumier du fait : on se souvient qu’en 2005 déjà, l’organisation des législatives avait été des plus opaques, et l’opposition avait fait montre de toute sa colère et de sa franche désapprobation, ce qui lui avait valu les foudres du pouvoir avec, à la clé, plus d’une centaine d’arrestations avec des condamnations à la prison à vie pour certains. En dépit de sa mise à l’index à cause de ses nombreuses violations des droits de l’homme par les arrestations des leaders politiques et des journalistes et la gestion opaque du processus électoral, le N° 1 éthiopien est resté sur ses positions : un pouvoir pur et dur avec la bénédiction de Washington.

On se souvient en effet de la vigoureuse action militaire de l’Ethiopie en Somalie, d’où elle avait chassé sans ménagement les islamistes et autres fous d’Allah. Eh bien, cette action avait été saluée à sa juste valeur par Washington qui, quelques années auparavant, avait essuyé un fiasco à l’issue de l’opération « Restore Hope » en 1992. C’est pour cela que l’Ethiopie, qui reste un rempart contre les islamistes, bénéficie d’un conséquent soutien financier et militaire américain. C’est dire que Méles Zénawi, qui incarne un pouvoir dur, peut continuer de régner. Et avec cette réélection, la dictature reprend ses droits.

Attentat contre le général rwandais Kayumba : A qui aurait profité le crime ?


Certes, la Nation arc-en-ciel est aussi un haut lieu où la criminalité n’est pas une vue de l’esprit. On recommande d’ailleurs aux étrangers en séjour en Afrique du Sud d’éviter certains quartiers chauds de Jo’burg, dans lesquels des bandes armées ont pignon sur rue. Mais il y a de ces assassinats ou de ces tentatives d’assassinats qu’on peut classer difficilement dans la catégorie de ceux dits "crapuleux". Sont de ceux-là auquel a échappé le général Faustin Kayumba Nyamwasa du Rwanda.

Samedi 19 juin 2010, alors que la Coupe du monde, une première en terre africaine, battait son plein, alors que de nombreux supporters jubilaient et se délectaient de cette fête planétaire du ballon rond, l’ex-chef d’état-major de l’armée rwandaise était grièvement blessé devant son domicile, au volant de son véhicule.

Cette agression aurait été classée dans le registre des faits divers si la victime n’avait pas fui le courroux des autorités rwandaises quelques mois plus tôt. En effet, depuis mars 2010, celui qui était ambassadeur en Inde (un exil doré pour avoir toujours critiqué le président Kagamé) avait rejoint le pays de Mandela, accusé qu’il est d’être un des cerveaux d’attaques à la grenade à Kigali, qui avaient tué deux personnes. Comme en pareil cas, les premiers responsables du pays des mille collines ont nié être mêlés de près ou de loin à cette histoire.

Cependant, la nature de cette violence sent la politique et n’est pas sans rappeler certains crimes accomplis ou au non pour des questions de sûreté d’Etat. Lorsqu’on remonte le cours du temps, que ce soit par balles ou par poison à effet immédiat, certaines personnes civiles ou militaires ont toujours été "sacrifiées" sur l’autel étatique :
- en octobre 1960, Félix-Roland Moumié, le leader camerounais de l’opposition armée, succombait en Suisse après plusieurs verres ingurgitées en compagnie d’un certain William Bechtel de l’organisation la Main Rouge ;
- plus de 40 ans après sa disparition, le fantôme de Ben Barka, mort dans des circonstances non encore élucidées, remue toujours ses chaînes au Maroc ;
- en 1985, le Burkinabè Valentin Kinda, propriétaire de l’hôtel Hibiscus à Abidjan et, accessoirement, logeur de certains "ennemis" de la Révolution du 4 août 83 tombait sous des balles meurtrières.

Pour en revenir au Rwanda, un constat est actuellement palpable : depuis quelques mois, le calme qui prévalait dans ce pays s’est mué en une paix fourrée : attentats à la grenade, arrestation et jugement de l’opposante Ingabiré, mise aux arrêts de 2 généraux proches de Kagamé, fuite en Afrique du Sud de l’ex-chef d’état-major Kayumba. "La Maison Kagamé serait-elle en train de se craqueler ?", tel était déjà notre interrogation-titre de la grille de lecture du 22 mars 2010.

Rien, absolument rien, n’indique pour le moment que l’Exécutif du Rwandais serait derrière cette mésaventure de l’ancien patron de l’armée rwandaise. Mais vu la position qu’occupait ce haut gradé (proche de Kagamé et membre du FPR), la probabilité qu’il soit au parfum de secrets d’Etat est élevée. A-t-on voulu le faire taire pour cela ? Veut-on sanctionner sa félonie pour l’exemple ? En un mot comme en cent, à qui aurait profité ce crime ? Autant de questions sans réponses pour l’instant.