22 décembre, 2010

Tabou gay: Obama s'offre une victoire, une seconde devrait suivre avec START

WASHINGTON (AFP)

Getty Images/AFP

Le président américain Barack Obama (C) signe la loi mettant fin au tabou gay dans l'armée, le 22 décembre 2010 à Washington

A quelques jours de Noël, le président Barack Obama a concrétisé l'une de ses principales promesses en abrogeant la loi sur le tabou gay dans l'armée et s'apprêtait mercredi à savourer une autre victoire annoncée au Congrès, la ratification du traité START.

Lors d'une cérémonie euphorique à Washington, le président a promulgué une loi historique permettant aux homosexuels de servir ouvertement dans l'armée américaine, mettant fin à une interdiction en vigueur depuis 17 ans.

"Votre pays a besoin de vous, votre pays vous appelle et nous serons honorés de vous accueillir dans les rangs de la meilleure armée que le monde ait jamais connu", a déclaré M. Obama à l'adresse de ses compatriotes homosexuels, avant de parapher le texte de loi adopté en fin de semaine dernière par le Sénat après de longues tractations.

Au cours de la cérémonie, le président a cité un soldat américain, qui a selon lui parfaitement résumé la situation: "Il y a un homosexuel dans notre unité. Il est fort. Il est méchant. Il tue plein de sales types. Toute le monde s'en fout qu'il soit gay".

Il a aussi rappelé que de nombreux homosexuels avaient donné leur vie pour les Etats-Unis, de la Guerre d'indépendance à la Seconde Guerre mondiale, notant que "leurs noms sont gravés sur nos monuments aux morts, leurs tombes parsèment le (cimetière national) d'Arlington".

La chambre haute avait adopté samedi par 65 voix contre 31 le projet de loi abrogeant "Don't ask, don't tell" (Ne rien demander, ne rien dire) un texte controversé de 1993 interdisant aux soldats américains d'afficher leur homosexualité. Huit élus républicains avaient voté pour la mesure, malgré la forte opposition de la majorité des sénateurs de leur camp.

Après la promulgation de la loi, il faudra toutefois plusieurs mois avant son entrée en vigueur, le temps pour les forces armées de se préparer à l'arrivée de soldats ouvertement homosexuels dans ses rangs.

Cette victoire pour M. Obama, attendue de longue date par l'aile gauche de son parti, pourrait se coupler à un second cadeau pour le président avant Noël: la ratification du traité de désarmement nucléaire START que le chef de l'Etat américain a présentée comme cruciale pour la relance des relations américano-russes.

Le Sénat a ouvert la voie mardi à une ratification de ce traité signé en avril par M. Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev.

Après des semaines d'intense lobbying de la Maison Blanche pour rallier des républicains réticents, les élus ont approuvé la clôture des débats par un premier vote test, qui a emporté l'adhésion d'une majorité de 67 sénateurs sur 100, dont 11 républicains.

Les démocrates espèrent maintenant un vote final dans les heures qui suivent sur le traité qui prévoit un maximum de 1.550 têtes nucléaires déployées pour chacun des deux pays, soit une réduction de 30% par rapport à 2002. Le texte prévoit aussi la reprise des vérifications mutuelles sur les arsenaux nucléaires des deux superpuissances, interrompues fin 2009.

M. Obama, qui pourrait tenir une conférence de presse dans la foulée du vote, selon les indications de la Maison Blanche, devrait ensuite rejoindre sa famille à Hawaii pour quelques jours de vacances.

Si la ratification du traité START se déroule sans encombres, comme attendu, M. Obama aura su rebondir de façon inattendue après la "raclée" subie, selon ses propres mots, lors des législatives de novembre.

Avec la loi sur le tabou gay, mais également un compromis fiscal obtenu à l'arrachée auprès des républicains, il a en effet su tirer profit des derniers jours de la session parlementaire avant l'entrée en fonctions en janvier du nouveau Congrès.

La nouvelle majorité républicaine à la Chambre et la minorité renforcée au Sénat devrait alors rendre sa tâche encore plus ardue.

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