30 décembre, 2010

Russie: Khodorkovski en prison jusqu'en 2017

MOSCOU (AFP)

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L'ex-magnat russe du pétrole Mikhaïl Khodorkovski au tribunal de Moscou le 30 décembre 2010

L'ex-magnat russe du pétrole Mikhaïl Khodorkovski et son associé Platon Lebedev resteront en prison jusqu'en 2017 après avoir été condamnés jeudi à 14 ans de prison à l'issue d'un second procès influencé, selon la défense, par l'homme fort du pays, Vladimir Poutine.

Jugé depuis mars 2009 par un tribunal de Moscou, les deux hommes ont été reconnus coupables par un tribunal moscovite du vol de millions de tonnes de pétrole et du blanchiment de 23,5 milliards de dollars, accusations qu'ils contestent vivement.

Ils resteront en prison jusqu'en 2017, le tribunal ayant pris en compte la peine purgée depuis leur incarcération en 2003 dans le cadre d'une première affaire d'évasion fiscale et d'escroquerie, selon le site internet des défenseurs de l'ex-homme le plus riche de Russie, www.khodorkovsky.ru.

Le juge, Viktor Danilkine, a estimé que les deux hommes devaient être "isolés de la société". Dès lundi, la défense avait indiqué qu'elle ferait appel.

Assis dans une cage en verre, M. Khodorkovski a accueilli avec un sourire l'annonce de la peine, ne s'attendant pas à une relaxe après avoir été déclaré coupable dès le début de la lecture lundi de l'interminable jugement de quelque 800 pages.

"Notre exemple montre qu'en Russie il n'y a pas d'espoir de protection contre les bureaucrates", a réagi M. Khodorkovski, dans un communiqué lu par un de ses avocats à la sortie du tribunal. Mais "nous ne nous laissons pas décourager", a-t-il ajouté.

La réaction de la mère de M. Khodorkovski a été plus émotionnelle: "Soyez maudits, vous et vos descendants!", a-t-elle hurlé.

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L'ex-patron de Ioukos Mikhaïl Khodorkovski et son associé Platon Lebedev au tribunal de Moscou le 30 décembre 2010

L'avocat de la défense, Iouri Schmidt, a lui estimé que ce jugement était "illégal" et le fruit des pressions exercées par M. Poutine, qui avait déclaré à la mi-décembre à propos de M. Khodorkovski que "tout voleur (devait) aller en prison".

La défense avait alors dénoncé une "ingérence directe" de M. Poutine qui a déjà comparé M. Khodorkovski au mafieux Al Capone.

L'opposition russe et nombre d'analystes considèrent que les poursuites engagées dans ce procès ont été organisées par le pouvoir russe pour faire taire M. Khodorkovski, un homme d'affaires jugé trop indépendant et manifestant des ambitions politiques. Une élection présidentielle est prévue en 2012.

Les réactions se sont multipliées après l'annonce de la peine. L'Allemagne a jugé que ce procès soulève "de sérieuses questions sur le respect de l'Etat de droit et représente un pas en arrière sur le chemin de la modernisation en Russie prônée par le président (Dmitri) Medvedev".

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Chronologie de l' affaire Khodorkovski

La diplomatie française a appelé Moscou "à tenir pleinement compte des préoccupations", rappelant que "la consolidation de l'Etat de droit est une condition nécessaire à la réussite du processus de modernisation de la Russie".

La Russie a encore "un très long chemin à accomplir" pour moderniser son système judiciaire, a renchéri le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, dans un communiqué.

M. Khodorkovski, ex-patron du groupe pétrolier démantelé Ioukos, et M. Lebedev sont en prison depuis 2003. Ils ont déjà été condamnés en 2005 à huit ans de prison pour escroquerie à grande échelle et évasion fiscale.

Les déboires de M. Khodorkovski ont commencé après une rencontre houleuse avec M. Poutine. L'homme d'affaires avait dénoncé la corruption au sommet de l'Etat, finançait l'opposition et des programmes d'aide à la société civile.

Ancien fleuron de l'industrie pétrolière russe, Ioukos a été démantelé lors du premier procès au profit d'entreprises proches du pouvoir.

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