30 décembre, 2010

Abidjan s'enrhume, Ouagadougou éternue

CÔTE D'IVOIRE

La crise politique ivoirienne commence à avoir de graves conséquences sur l'économie du Burkina Faso, constate Le Pays.Le marché des fruits et légumes de Ouagadougou

Le marché des fruits et légumes de Ouagadougou

Quand la Côte d'Ivoire s'enrhume, le Burkina éternue. Il suffit de voir la récession qui frappe les marchands installés aux environs de la gare ferroviaire de Ouagadougou [capitale du Burkina Faso] pour s'en convaincre. Voyageurs, marchands de fruits, gérants de télécentres, restaurateurs, bref, tous ceux qui mènent des activités lucratives au niveau de la gare ferroviaire de Ouagadougou subissent les affres de la crise ivoirienne. Et ce ne sont pas les voyageurs qui diront le contraire. Eux dont certains séjournent à la gare depuis le lundi 27 décembre 2010 dans l'espoir de pouvoir emprunter les rails pour se rendre à Abidjan [capitale économique de la Côte d'Ivoire] où ils résident.

Parmi ces infortunés, Mme Salimata Ouédraogo, âgée d'environ 50 ans. Originaire de Tanwoko dans la commune rurale de Boussouma [Nord du Burkina Faso], Mme Ouédraogo, après son séjour au pays des hommes "intègres" [surnom du Burkina Faso], nourrissait le désir de regagner la Côte d'Ivoire où elle réside depuis quelques années. Mais voilà qu'il n'y a pas de train pour qu'elle puisse s'y rendre. C'est une gare presque déserte que nous avons trouvée dans la journée du mercredi 29 décembre 2010 car certains voyageurs, après avoir été informés de la situation, ont préféré quitter les lieux. De leur côté, les vendeuses essayent tant bien que mal de tenir le coup. Leurs activités sont frappées de plein fouet par cette crise ivoirienne.

"On a des problèmes actuellement à cause de la crise ivoirienne. On n'arrive plus à avoir des fruits et de l'attiéké [plat à base de manioc] comme avant. Le commerce des fruits n'est plus rentable", déclare Bintou Traoré, vendeuse de fruits. Selon ses explications, les prix des produits ont aussi subi une hausse à cause de leur rareté. Elle a précisé que certains s'approvisionnent à partir du Ghana par des camions avec tous les risques que cela comporte. A l'en croire, les vendeuses ont fait deux semaines sans voir arriver le train de marchandises. Mais l'espoir renaît avec l'arrivée le 28 décembre dernier, d'un train de marchandises, soutient-elle. Marie Nikièma, une autre vendeuse de fruits, déplore aussi la situation que vivent les vendeuses.

Pour elle, le commerce des fruits n'est plus fluide. " C'est la misère, les fruits ne viennent plus et quand ils arrivent, on a des problèmes à les écouler parce que leurs prix ont été majorés", fait-elle remarquer tristement. Sans détour, Alizèta Derra, vendeuse de fruits, soutient qu'il n 'y a plus à manger car la vente des fruits est au ralenti. Son vœu le plus cher est que l'on trouve une issue favorable à la crise ivoirienne pour que le transport des marchandises soit régulier. "Si Laurent Gbagbo peut céder le pouvoir à Alassane Ouattara, qu'il le fasse pour que nous ayons la paix", lance-t-elle. " Les marchandises ne viennent plus. On passe le temps à se tourner les pouces parce qu'il n'y a plus de fruits à vendre. C'est Laurent Gbagbo [selon les Nations Unis, le président sortant a été battu lors du scrutin du 28 novembre par Alassane Ouattara] le responsable de cette situation. On doit le faire partir", décrète pour sa part Flore Compaoré.

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