10 décembre, 2010

Médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo, 4e chef d’Etat

La médecine militaire, le pouvoir et la clinique « Notre Dame de la Paix" Ancien président de Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo est, sans conteste, une figure de l’histoire sociopolitique de notre pays. A la fois bénéficiaire et victime de coup d’Etat, cet homme consacre actuellement sa vie à ses premières amours, la médecine. Médecin-pédiatre de formation et militaire de carrière, le nom de Jean-Baptiste Ouédraogo reste maintenant intimement lié à la clinique « Notre Dame de la Paix » qu’il a ouverte dans la capitale au quartier Somgandé après avoir passé onze (11) mois seulement à la magistrature suprême. Un passage éclair très tumultueux dans son propre camp. Le successeur du colonel Saye Zerbo est arrivé à la tête du pays à l’issue du putsch du 7 novembre 1982 qui avait renversé son prédécesseur et collègue militaire. Il va ensuite perdre les rênes du pays dans les mêmes conditions.

Dans la nuit du 4 au 5 août 1983, il a été déposé par un autre militaire, et non des moindres, son Premier ministre le capitaine Thomas Sankara, instigateur de la Révolution porté au pouvoir par un commando venu de Pô. Ce renversement de situation apparait comme une revanche sur Jean-Baptiste Ouédraogo qui l’avait fait arrêter en mai 1983 et qui soupçonnaît son chef de gouvernement de comploter avec la Libye contre son régime. Un bref passage à la tête de l’Etat avec le Conseil de salut du peuple (CSP) qu’il présidait cumulativement avec celle de ministre de la Défense et des Anciens combattants. Né le 30 juin 1942 à Kaya, dans la région du Centre-Nord, Jean-Baptiste Ouédraogo est un officier de l’Armée burkinabè.

Il effectue ses études primaires à Kongoussi (province du Bam) et celles du secondaire, respectivement au Petit séminaire de Pabré et au Lycée Philippe-Zinda-Kaboré de Ouagadougou. Le baccalauréat en poche, Jean-Baptiste Ouédraogo va opter pour une carrière médicale, en fréquentant les facultés de médecine d’Abidjan (Côte d’Ivoire), de Bordeaux et de Strasbourg (France). A l’issue de ce cursus, il décroche un doctorat d’Etat en médecine, un diplôme de médecine sportive et un diplôme de pédiatrie et puériculture. Sur le plan professionnel, il fut d’abord médecin-chef du service de pédiatrie du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo de 1976 à 1977. A partir de 1982 et peu avant son accession au pouvoir, il exerça comme médecin-chef dans la clinique du camp militaire de Gounghin.

Il s’essayera alors à la fonction présidentielle avant de se consacrer à la gestion de sa clinique. En 2005, ses efforts dans le milieu des affaires ont même été reconnus. Jean-Baptiste Ouédraogo a reçu deux distinctions honorifiques, à savoir la médaille d’Or pour l’excellence dans la pratique des affaires, attribuée à l’occasion d’un forum à Genève et le Baobab du premier prix du concours du meilleur cadre de vie des formations sanitaires de la région du Centre.

Le coup d’Etat qui a contraint le médecin-militaire à quitter le pouvoir est intervenu après un long bras de fer dont le point culminant est intervenu le 17 mai 1983 avec le mouvement de la résistance. Arrêté après un coup d’Etat par son tombeur, Jean-Baptiste Ouédraogo sera emprisonné pendant deux ans dans les locaux du Centre national d’entrainement commando (CNEC) de Pô. Après sa libération, il renonce à sa carrière pour se consacrer entièrement à la médecine. Il crée quelques années plus tard la clinique "Notre Dame de la Paix" à Ouagadougou. Jean-Baptiste Ouédraogo n’aura donc pas fait un an au pouvoir.

Kader Patrick KARANTAOsidwaya.bf

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