30 décembre, 2010

Israël: l'ex-président Katzav reconnu coupable de viols

TEL-AVIV (AFP)

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Moshe Katsav à la sortie du tribunal le 30 décembre 2010 à Tel Aviv

L'ex-président israélien Moshé Katzav a été reconnu coupable jeudi de deux viols, au terme d'une procédure de plus de quatre ans durant laquelle il s'est posé en victime d'un "lynchage" public.

L'ex-chef de l'Etat, 65 ans, a été reconnu coupable par le tribunal de district de Tel-Aviv de deux viols sur une de ses subordonnées à l'époque où il était ministre du Tourisme dans les années 1990. Il a en outre été reconnu coupable de deux actes indécents, dont un avec usage de la force, et de harcèlement sexuel contre trois de ses employées au ministère du Tourisme puis à la présidence après son élection en 2000.

M. Katzav a d'autre part été reconnu coupable d'entrave à la Justice.

Il risque au minimum huit à ans de prison, la peine devant être prononcée en janvier.

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Des femmes manifestent contre Katzav le 30 décembre 2010 devant le tribunal à Tel Aviv.

Inculpé le 19 mars 2009, M. Katzav avait plaidé l'innocence. Le procès s'est déroulé à huis clos.

L'ex-président, qui peut faire appel devant la Cour suprême, n'a désormais plus le droit de quitter Israël et a été contraint de remettre son passeport aux autorités.

Son avocat Avigdor Feldman a affirmé à la radio son intention de faire appel, estimant que la sévérité du verdict "permettait de soulever le fait que le tribunal a ignoré les preuves".

Vêtu d'un costume gris, l'ex-président a blêmi et murmuré "non, non" à la lecture des attendus du jugement par le président du tribunal, le juge George Kara.

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Moshe Katsav à la sortie du tribunal le 30 décembre 2010 à Tel Aviv

"L'accusé a brouillé les cartes et s'est prêté à une campagne de dénigrement des plaignantes. Si quelqu'un a utilisé le double langage, c'est lui, et ses arguments selon lesquels il avait un alibi se sont effrités" à propos des deux accusations de viols, a encore dit le juge.

"Avec le temps, de nouveaux éléments sont venus étayer ces accusations. Même si celles-ci ont été exprimées tardivement, cela ne prouve pas qu'elles ont été fabriquées. Nous faisons confiance à la plaignante (qui l'a accusé de viol), car son témoignage a été appuyé par des éléments de preuves, et elle a dit la vérité", a poursuivi M. Kara.

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Moshe Katsav le 30 décembre 2010 au tribunal à Tel Aviv

"Quand celle-ci a refusé de répondre à ses avances, l'accusé a commencé à la harceler et à se venger. Son refus a été prouvé. Elle s'est débattue sur le sol, et l'accusé a eu recours à la force ainsi qu'à la violence" tant au ministère du Tourisme que dans un grand hôtel, a précisé le juge.

"C'est un jour triste pour l'Etat d'Israël et ses citoyens, mais le tribunal a adressé aujourd'hui deux messages très clairs sur l'égalité de tous devant la loi et sur le plein droit de chaque femme à disposer de son corps", a commenté le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dirigeant du Likoud (droite), le parti de M. Katzav.

Miriam Schler, directrice d'un centre d'aide aux victimes d'agressions sexuelles, a affirmé à l'AFP "espérer que cela enverrait aux victimes le message que même si leur agresseur était un homme très haut placé, le système juridique les protégerait".

Les premières révélations sur le comportement scandaleux de l'ex-président avaient été publiées en 2006, et le procès avait ensuite connu plusieurs rebondissements.

Après des mois d'enquête, les avocats de M. Katzav avaient réussi à conclure un accord de compromis entériné par la Cour suprême, aux termes duquel il ne serait poursuivi que pour "harcèlement sexuel", "actes indécents" et "subornation de témoin", mais pas pour viol.

Mais, se disant victime d'"un ignoble complot" et d'un "lynchage organisé", M. Katzav avait décidé de récuser ce compromis.

Père de cinq enfants et juif pratiquant d'origine iranienne, Moshé Katzav avait démissionné après avoir été suspendu dès janvier 2007 à sa demande.

Il avait été le premier homme politique de droite à accéder aux fonctions essentiellement protocolaires de chef de l'Etat.

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