19 décembre, 2010

ILE DE YEONPYEONG (Corée du Sud) (AFP) Pyongyang promet un "désastre" si la Corée du Sud lance ses manoeuvres

AFP

Des soldats sud-coréens patrouillent sur l'île de Yeonpyeong près de la frontière maritime avec la Corée du Nord, le 17 décembre 2010

La Corée du Nord a promis samedi un "désastre" si la Corée du Sud ne renonce pas aux manoeuvres militaires avec tirs réels d'artillerie qu'elle compte effectuer sur l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, revendiquée par le régime nord-coréen.

Pyongyang, qui avait pilonné cette île au canon le 23 novembre, faisant quatre morts, a menacé de lancer une attaque encore plus violente si les manoeuvres avaient lieu.

Séoul a annoncé que des exercices de ses forces auraient lieu sur Yeonpyeong pendant une journée, entre le 18 et le 23 décembre, et comporteraient des tirs d'artillerie à munitions réelles.

Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a lancé un avertissement très ferme. "Si la Corée du Sud ose mener à bien ses manoeuvres à tirs réels d'artillerie, la situation dans la péninsule coréenne explosera et un désastre ne pourra pas être évité", a déclaré le ministère dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle KCNA.

"Nous avons déjà averti que nous punirions sans pitié et sans hésitation les provocateurs qui envahiraient notre territoire souverain. Nos militaires ne parlent pas à la légère", a menacé le ministère.

Mais Séoul a assuré que les manoeuvres auraient lieu en dépit des menaces de Pyongyang. "Il n'y a pas de changement" sur le déroulement des manoeuvres, a déclaré samedi à l'AFP un porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense.

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Des militaires sud-coréens déchargent du ravitaillement d'un ferry vers un port de l'île de Yeonpyeong, le 18 décembre 2010

La Russie "appelle instamment la République de Corée à renoncer à mener les tirs d'artillerie prévus, pour éviter une escalade des tensions sur la péninsule", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.

Pékin est "profondément préoccupé et inquiet" de la situation "extrêmement précaire" dans la péninsule, a déclaré le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhang Zhijun.

Les Etats-Unis ont, eux, jugé que les manoeuvres ne menaçaient pas la Corée du Nord et que Pyongyang ne devait pas en tirer le prétexte de "nouvelles provocations".

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira dimanche à 16h00 GMT "pour des consultations sur la Corée du Nord", a annoncé un porte-parole de la mission américaine aux Nations unies. Cette réunion a été réclamée par la Russie, selon des sources diplomatiques à New York.

L'île de Yeonpyeong se trouve en mer Jaune, près de la limite maritime fixée par l'ONU après la guerre de Corée (1950-1953). Pyongyang conteste cette limite et revendique Yeonpyeong et d'autres îles ainsi que leurs eaux territoriales.

La Corée du Nord affirme que lors de précédentes manoeuvres, le 23 novembre, des obus sud-coréens étaient tombés dans ce qu'elle considère comme ses eaux territoriales.

Elle avait alors déclenché des tirs d'artillerie sur Yeonpyeong, tuant deux soldats et deux civils, blessant une vingtaine de personnes, détruisant plusieurs dizaines de maisons et déclenchant une crise régionale et internationale.

Pour les manoeuvres annoncées, Pyongyang accuse les Etats-Unis de fournir un "bouclier humain" aux forces de Séoul, car une vingtaine de militaires américains doivent apporter une assistance technique à la marine sud-coréenne.

"Le département d'Etat américain a envoyé un message menaçant à la République démocratique populaire de Corée, en rappelant avec insistance que des Américains et des journalistes étrangers sont présents sur l'île. Les Etats-Unis fournissent même un bouclier humain" à l'armée sud-coréenne, a déclaré le ministère des Affaires étrangères.

Pyongyang accuse les Etats-Unis de pousser la Corée du Sud à l'escalade, affirmant que la tenue des manoeuvres a été décidée la semaine dernière lors d'une visite à Séoul de l'amiral Mike Mullen, le chef d'état-major inter-armées américain.

En visite à Pyongyang, Bill Richardson, ancien ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, a qualifié la situation de "poudrière". Il a appelé vendredi les responsables nord-coréens à faire preuve d'une "extrême retenue".

Sur Yeonpyeong, des activistes sud-coréens hostiles à Pyongyang ont lâché en direction de la côte nord-coréenne, située à 12 kilomètres de l'île, des ballons géants transportant 200.000 tracts condamnant la Corée du Nord pour les tirs du 23 novembre.

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