07 décembre, 2010

Etat palestinien: les reconnaissances sud-américaines donnent du poids à Abbas pour négocier

Etat palestinien: les reconnaissances sud-américaines donnent du poids à Abbas pour négocier

"Elles constituent un tournant important pour de nombreux autres pays, y compris ceux qui pèsent dans la prise de décision internationale", a ajouté M. Fayyad, en allusion aux membres permanents du Conseil de sécurité.

Les engagements de plusieurs pays d'Amérique latine à reconnaître un Etat palestinien dans les frontières de 1967 donnent du poids aux alternatives aux pourparlers de paix brandies par les négociateurs palestiniens.

L'Argentine a reconnu lundi, après le Brésil vendredi, l'Etat de Palestine sur les frontières de 1967, avant l'occupation israélienne, soit sur l'intégralité des territoires palestiniens: la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, l'Uruguay annonçant son intention de les imiter en 2011.

Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas, en visite à Ankara, a exprimé "sa fierté", tandis que le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki affirmait s'attendre à ce que "le Paraguay et tous les autres pays d'Amérique latine prennent des décisions similaires".

Israël a déploré ces initiatives, assurant qu'elles entraient en contradiction avec les pourparlers de paix et les accords israélo-palestiniens d'Oslo de 1993.

Les Palestiniens, a répété M. Abbas, prévoient une série d'alternatives aux négociations avec Israël, exposées initialement lors d'une réunion de la Ligue arabe le 8 octobre.

Si le blocage des pourparlers directs persiste, M. Abbas envisage de solliciter une reconnaissance américaine de l'Etat palestinien sur les frontières de 1967, quitte en cas de refus à porter cette demande devant le Conseil de sécurité, voire l'Assemblée générale des Nations unies.

Faute de résultat dans cette voie, M. Abbas demanderait à l'ONU le placement des Territoires palestiniens sous mandat international, avant de cesser d'appliquer les accords avec Israël et, en dernière instance de dissoudre l'Autorité palestinienne et sommer Israël d'assumer ses obligations de puissance occupante.

Le négociateur palestinien Nabil Chaath avait confié en octobre, lors d'un colloque à Jérusalem-Est, que ces alternatives étaient encore en préparation mais que l'Autorité palestinienne s'employait à les rendre crédibles pour faire pression sur Israël.

Un expert palestinien, Abdelmajid Souilem, voit dans ces reconnaissances "une étape préliminaire pour créer un climat favorable si la direction palestinienne allait aux Nations unies pour obtenir la reconnaissance de l'Etat".

Selon Samir Awad, professeur de politique internationale à l'Université de Bir Zeit (Cisjordanie), "la direction palestinienne devrait annoncer explicitement l'échec des pourparlers avec Israël afin que ces reconnaissances de l'Etat palestinien ne donnent pas à Israël un prétexte pour tergiverser dans les négociations".

"Nous devons exploiter ces efforts internationaux pour en faire une réalité et non pas pour le bien des négociations", a-t-il affirmé à l'AFP.

Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad s'est déclaré confiant dans un communiqué que les déclarations latino-américaines "seraient suivies d'autres reconnaissances dans le reste du monde".

"Elles constituent un tournant important pour de nombreux autres pays, y compris ceux qui pèsent dans la prise de décision internationale", a ajouté M. Fayyad, en allusion aux membres permanents du Conseil de sécurité.

Le jour de la déclaration du Brésil, le chef de mission de Palestine en France a présenté ses lettres de créances au président Nicolas Sarkozy en présence de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, une cérémonie inédite qui traduisait le rehaussement du statut de la représentation palestinienne en France, décidé en juillet.

Réagissant aux reconnaissances du Brésil et de l'Argentine, le Quai d'Orsay a cependant indiqué mardi que la France ne voulait "pas anticiper" les discussions de paix entre Palestiniens et Israéliens, dont elle souhaite la reprise pour permettre la création d'un Etat palestinien "viable".

lepoint।fr

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