13 décembre, 2010

BURKINA FASO Ras-le-bol de payer pour aller à l’école

observers.france24.com
Au Burkina Faso, on paie pour inscrire son enfant à l’école, mais aussi pour qu’il puisse passer ses examens. Alors quand tous ces frais augmentent du simple au double sans explication, c’est la grève.
Tous les ans, les parents burkinabés doivent effectuer l’"écolage" de leurs enfants, c’est-à-dire casser leur tirelire pour les inscrire à l’école. Car l’école publique n’est pas gratuite, ce qui explique en partie que le taux d’analphabétisme soit de 80% dans ce pays. Dans ce contexte, ce sont souvent des associations qui tentent, tant bien que mal, d’apprendre à lire aux enfants.
La semaine dernière, le gouvernement a pourtant annoncé l’augmentation des frais d’inscription à l’examen du baccalauréat et du brevet des collèges. Cette décision a déclenché une grève générale des élèves et des professeurs à Tenkodogo, la capitale de la province du Boulgou.
La question de la vie chère est de longue date au centre du débat public au Burkina Faso. En 2008, le gouvernement avait dû faire face à de violentes émeutes contre la hausse des prix des produits de grande consommation. Depuis le début du mois de décembre, les Burkinabés doivent d’ailleurs, une fois de plus, faire face à l’augmentation des prix du carburant et du sucre.
Le Burkina Faso est dirigé d’une main de fer par Blaise Compaoré depuis 1987. Le président a été élu, pour la 4ème fois, le 21 novembre 2010.


"Si on paye pour nos études, il faut que le gouvernement face en sorte qu’il y ait une vraie politique de l'emploi"

Kenz Lunik (pseudonyme) est en terminal au lycée Rialé de Tenkodogo, au Burkina Faso.
Au Burkina Faso, on a beaucoup entendu parler du droit à l’éducation pour tous, mais sans jamais que ça n’aboutisse à quelque chose de concret. Dans le système burkinabé, on a le choix entre écoles publique et privée. Les établissements publics sont payants du cour préparatoire à la terminale, mais restent beaucoup moins chers que les établissements privés [dans les écoles privées, les places sont aussi beaucoup plus rares ]. On paye tous les ans des frais d’inscription [environs 8000 Francs CFA dans le public, soit 12 euros]. Et les frais sont plus élevés encore si on n'était pas inscrit dans la même école l’année précédente. Nous versons aussi une contribution à l’association des parents d’élèves (APE), à hauteur de 5000 Francs CFA [8 euros] par an. Enfin, dans le privé comme dans le public, les élèves doivent payer des frais de dossier pour passer le brevet des collèges et le bac, ce qui est, selon moi, complètement anormal car cela fait des années qu’on paye déjà des frais d’inscription.
On ne pouvait donc qu’être mécontents quand ces frais de dossier ont augmenté sans aucune justification. Pour le bac, ils sont passés de 10000 Francs CFA [15 euros] à 15000 francs CFA (23 euros) , pour le BEPC (ou brevet, ndlr), on est passé du simple au double, de 2000 à 4000 Francs CFA [3 à 6 euros, sacahnt que le SMIC est d’un peu moins de 40000 Frcs CFA mensuel, soit 61 euros]. Si nous faisons grève, c’est parce qu’aucune raison ne nous a été donnée pour expliquer cette augmentation.
Dans les villages et les coins reculés, des parents bataillaient déjà pour payer l’école à leurs enfants. Même quand ils sont pauvres, ils s’arrangent toujours pour payer l’école en priorité. Mais là, ça va devenir très difficile.
"Des professeurs de terminal doivent parfois faire cours à 130 élèves"
Les professeurs se sont joints à nous pour la manifestation de samedi parce qu’ils ne tiennent plus le coup face à la forte augmentation des effectifs des classes. Nous sommes 60 dans la mienne, ce qui est censé être la limite. Mais dans d’autres lycées, des professeurs de terminal doivent parfois faire cours à 130 élèves. Comment avoir un enseignement de qualité dans ces conditions ?
En plus, ce qui m’inquiète, c’est que je ne suis pas certain que cet investissement vaille le coup à terme. J’ai peur d’atterrir dans une université dont le diplôme ne m’assure aucun travail. Il y a trop de chômage ici. Si on paye pour nos études, il faut que le gouvernement face en sorte qu’il y ait une vraie politique de l’emploi et qu’on n’investisse pas pour rien."



Photos publiées sur le profil Facebook de notre Observateur.

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