04 décembre, 2010

Après les criminels étrangers, l'UDC s'en prend aux étudiants étrangers

Le Point.fr -

Après sa victoire concernant l'expulsion des criminels étrangers, la droite populiste réclame des mesures contre les étudiants étrangers.

Après les criminels étrangers, l'UDC s'en prend aux étudiants étrangersLe groupe parlementaire de l'Union démocratique du centre (UDC), la formation la plus à droite de l'échiquier politique helvétique, n'a pas perdu de temps. Dimanche, son initiative visant à expulser les criminels étrangers a recueilli 52,9 % des suffrages. Cette semaine, députés et sénateurs UDC s'en prennent à "l'afflux d'étudiants étrangers en Suisse", dont le nombre aurait doublé entre 2000 et 2009. Dans une "interpellation urgente" au Parlement, le parti du leader populiste Christoph Blocher a déclaré : "Les universités helvétiques atteignent leurs limites personnelles et logistiques. Il faut donc examiner la possibilité d'introduire des examens d'admission ou des contingents pour les étudiants étrangers."

Cette fois, ce ne sont pas les populations venant d'autres continents ou d'Europe de l'Est qui sont dans la ligne de mire de l'UDC, mais les étudiants de l'Union européenne, et plus précisément ceux venant d'Allemagne (représentant 31 % des étudiants étrangers, contre 11,3 % de Français). En effet, beaucoup de lycéens allemands, refusés dans leurs universités, s'inscrivent dans celles de Zurich ou de Saint-Gall.

Faire payer davantage les étrangers

En mars dernier, au Parlement cantonal de Zurich, l'UDC, mais aussi le Parti démocrate-chrétien (PDC), ont demandé une hausse des taxes d'étude pour les jeunes étrangers. Il faut savoir qu'en Suisse, les cantons se facturent mutuellement les frais pour les étudiants qui se forment hors des frontières cantonales. Le site Swissinfo.ch a calculé que le canton du Jura débourse entre 7.600 et 35.500 euros, selon les disciplines, pour qu'un de ses étudiants étudie à Zurich. En revanche, un étranger ne paye que les taxes universitaires, soit 760 à 1.780 euros par an.

Toutefois pour l'UDC, il ne s'agit pas que d'une histoire de gros sous. Le parti populiste souligne dans son "interpellation urgente" que "la Suisse n'impose pas d'exigences particulières aux filières d'études master". La Confédération offre le libre accès au master (généralement deux ans d'études après la licence) pour les étudiants étrangers ayant obtenu un Bachelor (l'équivalent d'une licence) dans les États signataires de l'accord de Bologne, qui harmonise les études en Europe

Vers un référendum ?

En 1980, la Suisse comptait 8.191 étudiants étrangers, soit 13,3 % des étudiants. En 2000, 13.987, soit 14,4 %, et en 2009, 26.867 étudiants étrangers sur un total de 126.940 (21,1 %). Avec près de 5.000 étudiants étrangers, c'est l'université de Genève qui en accueille le plus grand nombre. "On ne peut pas se permettre de sélectionner les meilleurs étudiants étrangers et donner le libre accès à tous les Suisses", proteste dans la presse locale Jacques Neirynck, député démocrate-chrétien d'origine étrangère, et ancien professeur à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Que risque-t-il de se passer ? Le Parlement devrait rejeter l'interpellation de l'UDC. Et celle-ci risque, comme à son habitude, de se retourner vers le peuple en proposant une nouvelle initiative populaire.

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