16 décembre, 2010

Abidjan aujourd’hui : L’orage ou le crachin ?

C’est en principe ce jeudi 16 décembre 2010 que, sur appel de leur champion, ADO, les partisans du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) doivent déferler "pacifiquement" sur les locaux de la Radio télévision ivoirienne (RTI), la première chaîne, en vue d’installer, par la force, le nouveau DG de ce média d’Etat.

S’emparer du tube cathodique national, empêcher que les pro-Gbagbo aillent y pavoiser sont devenus des impératifs politiques pour les perclus de l’hôtel du Golf, car, ils le savent bien, la télévision s’est intégrée au mécanisme politique, laquelle est devenue le métier dû paraître.

Qui tient donc ce média tient l’essentiel du pouvoir, encore que, dans le cas ivoirien, Laurent Gbagbo tienne plus que l’essentiel, telle l’armée, qui lui est restée fidèle.

Et justement, à moins d’un rétropédalage du tandem Ouattara-Soro, les marcheurs auront face à eux cette armée, qui a encerclé certains points névralgiques d’Abidjan comme la BCEAO, les ministères et surtout la RTI. Déjà en répétition générale à Tiebessou, entre la zone Nord et Yamoussoukro, les militants du RHDP ont été dispersés le lundi 14 décembre dernier.

Ils descendaient sur la capitale politique. Un avertissement à peu de frais de la part de Gbagbo, pour signifier qu’il n’hésitera pas à user de la force, pour ne pas dire plus, pour éparpiller ceux qui battront le macadam aujourd’hui.

A l’heure où vous lirez ces lignes, peut-être que les premiers responsables du RHDP auront agi comme ils l’ont fait il y a quelques mois, à la veille des Assises de la BAD, en surseyant à cette action de la rue. Même si le contexte est totalement différent.

La sagesse recommande en tout cas de ne pas jeter tous ces jeunes gens dans la rue, car ils ne serviront que de chair à canon à la soldatesque. Pire, envoyer ses militants offrir leur poitrail aux balles assassines n’est nullement la solution pour mettre fin à cette présidence surveillée de Ouattara, et même si l’opération s’avérait payante, ce serait sous un signe macabre que son mandat débuterait ; une option à éviter.

Mais si l’opportunité et l’efficacité de cette marche sur la RTI se posent, car porteuses de tragédie, elles ne sauraient occulter le fait que la situation en Côte d’Ivoire est à une phase où ni les travel band (interdiction de voyager) ni les gels des avoirs, Gbagbo s’en fout éperdument comme de sa première barboteuse, encore moins les médiations semblent avoir peu d’effet. La solution ultime, "se rentrer dedans", se profile donc à l’horizon, même si on ne sait pas qui en sortira vainqueur.

Le président "légitime", ADO, veut empoigner son pouvoir, tandis que le président sortant-sorti "légal", Gbagbo, semble faire du "moi ou le chaos" sa stratégie. C’est à présent une question de vie ou de mort entre les deux hommes.

D’ailleurs en Afrique, même avec l’avènement de la démocratie, le pouvoir suprême reste toujours consubstantiel à la mort. A Abidjan ce 16 décembre 2010, il ne fait pas bon vivre, car il y a la peur en ville. L’orage ou le crachin ?

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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