27 novembre, 2010

Mon grand rêve, c’est de construire une école dans chaque pays du continent”

mediafaso.com En concert de promotion d’”African Revolution”, le reggaeman africain Tiken Jah Fakoly s’est prêté à une partie de questions-réponses avec Mediafaso : un concert, une école, les élections en Guinée et au Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, qui va voter demain. Tous ces sujets au coeur de l’actualité en une demie heure d’entretien.

Réalisé par Bruno SANOGO

Mediafaso : Comment se passe cette tournée de promotion en France ?

Tiken Jah Fakoly : Tout se passe très très bien depuis le début. Jeudi on était à Paris, où la salle était complet six mois avant le concert. On a un bon public, qui nous suit. Nous sommes à notre douzième date ici à Lille. Et nous affichons complet partout. Je pense que l’album a été très bien accueilli….

“African révolution” enregistré entre Bamako, Londres et la Jamaïque. Quelle est la symbolique de cette démarche ?

Tiken Jah Fakoly : L’album s’appelle “African révolution” parce que moi je réclame la révolution par l’éducation. C’est l’école, qui va nous permettre de comprendre la civilisation, qui n’est pas la nôtre, et qui nous a été imposée. C’est l’école, qui va nous permettre de nous poser des questions et d’exiger des réponses. Jusqu’à présent, la minorité, qui est allée à l’école et qui s’est posée des questions a été soit assassinée, soit éjectée du pouvoir. Je pense à des gens comme Thomas Sankara, je pense à des hommes comme Patrice Lumumba. Je pense qu’il nous faut un mouvement d’une masse éduquée. Regardez en Occident, quand les gens ne sont pas contents, ils le manifestent dans les rues. C’est ce que j’appelle poser des questions….

Cela fait une démarche philosophique, non, que de se poser des questions ?

Tiken Jah Fakoly : Je pense qu’il en faut des démarches philosophiques. Parce que la réalité en Afrique, c’est que le continent va mal. Et les Africains ne disent rien. C’est comme des gens qui ont envie d’aller au paradis et qui refusent de mourir. Alors qu’il faut oser franchir le pas quand on veut le meilleur pour les siens. Ce que j’appelle paradis, c’est une école gratuite, une santé garantie. Un gouvernement qui se bât pour que les jeunes aient du travail. Maintenant, il y a un prix à payer pour ça…

Justement de prix à payer, vous avez avez un concept : un concert, une école. Quel bilan peut-on en faire à ce jour ?

Tiken Jah Fakoly : Le projet continue et le but, c’est d’apporter ma contribution au développement du continent. C’est aussi faire passer un message par rapport à l’importance de l’éducation dans nos pays en voie de développement. Je ne voulais pas seulement être celui qui chante l’importance de l’école. Mais je voulais posé des actes concrets. C’est ainsi que nous avons construit un collège dans le nord du Mali, une école primaire en Côte d’Ivoire, où nous venons également de réhabiliter l’école Biafra de Treichville. Nous sommes en train de construire une école primaire à Orodara au Burkina Faso. Voilà mon grand rêve, c’est de construire une école dans chaque pays du continent. Parce que j’ai envie d’être en accord avec le combat que je mène, à travers ma musique. Quand les 90 % de la population sauront lire et écrire. Ces populations vont réclamer leurs droits et ça va changer les choses…..

Nous sommes en pleine actualité électorale en Afrique de l’Ouest : ça y est, on a voté pour Alpha Condé en Guinée et Blaise Compaoré au Burkina. Avec de très faibles taux de participation. Qu’est-ce que tout cela vous inspire ?

Tiken Jah Fakoly : J’aime bien dire aux gens, qu’il faut aller voter. Parce que c’est la seule façon de changer les choses. Et en démocratie, bien qu’il ait le nombre de participation, c’est celui qui remporte la majorité de cette minorité, c’est lui qui remporte les élections. C’est pourquoi quand on a le choix et la liberté d’aller voter, on doit en profiter pleinement. Regardez en Afrique du Sud, comment les Noirs, qui n’avaient pas le droit de vote, se sont battus pour pouvoir participer aux élections. Rien que ça. Donc, il faut bien que ceux qui souhaitent avoir d’autres dirigeants, aillent le manifester dans les urne. Sinon on sera toujours là à déplorer les élections des mêmes personnes que l’on ne veut pas…

Ne pensez-vous pas qu’un nouveau mandat de Blaise Compaoré en soit un de trop ?

Tiken Jah Fakoly : Blaise Compaoré sait ce qui l’attend s’il n’est plus Président. Il y a des dossiers d’assassinats sur son compte, qui ne manqueront pas de surgir dès qu’il ne sera plus au pouvoir. C’est pourquoi d’ailleurs, il s’attèle à des médiations par-ci, des réconciliations par-là. Tout cela certes améliore l’image du Burkina. Mais si vraiment les Burkinabès veulent un autre Président, ce ne sera pas en restant chez eux, le jour des élections, qu’ils pourront avoir ce Président. Il faut déjà aller voter et la suite, on verra…
Quel est votre message à l’adresse des Ivoiriens à la veille du second tour de la présidentielle ?

Tiken Jah Fakoly : Je voudrais dire aux Ivoiriens que nous avons perdu du temps pour en arriver là malheureusement. Mais il n’est jamais trop tard, parce que tout pays a des périodes sombres de son histoire. Et l’essentiel, c’est d’avoir pu surmonter cette période. C’est pourquoi, je demande donc, à chaque Ivoirien d’aller voter le candidat, dont il pense, qu’il peut conduire la Côte d’Ivoire vers des lendemains meilleurs.

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