18 novembre, 2010

Mobilisation mexicaine en faveur de Florence Cassez

lepoint.FR

Mobilisation mexicaine en faveur de Florence Cassez

Florence Cassez, condamnée à 60 ans de prison au Mexique, est désormais soutenue par la population locale © Benjamin Charles/Sipa

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C'est assez inattendu pour le souligner : pour la première fois depuis le début de "l'affaire" il y a cinq ans, la société civile mexicaine prend position sur le cas Florence Cassez, la jeune Française condamnée à soixante ans de prison au Mexique. Mercredi matin, la Commission mexicaine des droits de l'homme (CDHDF) avait invité les représentants de nombreuses ONG et institutions citoyennes à la lecture de plusieurs "Amicus curiae", des rapports destinés à la Cour de cassation - qui a été saisie de l'affaire - ou à la Cour suprême de justice et élaborés par des personnes ou des associations qui ne sont ni juges ni parties mais qui veulent donner leur point de vue afin d'éclairer les autorités judiciaires. L'objectif : défendre Florence Cassez et démontrer aux juges que l'affaire ne tient juridiquement pas la route.

Un premier Amicus déposé par Miguel Sarre, éminent professeur de droit pénal, explique qu'il pourrait y avoir un conflit de compétences car le haut fonctionnaire qui nomme une partie des juges en charge de l'affaire n'est autre que l'ancien procureur de la République en fonction lors de l'arrestation de Florence Cassez. Un deuxième texte s'appuie sur l'Église catholique, au sein de la Conférence épiscopale, qui, après une enquête de plusieurs mois, a déclaré publiquement être convaincue de l'innocence de la Française. Enfin, un troisième Amicus, présenté par une ONG catholique progressiste, explique que les règles de droit élémentaire n'ont pas été appliquées. Le rapporteur de la CDHDF Fernando Coronado Franco a d'ailleurs souligné que le cas de Florence Cassez a été choisi par la Commission parce qu'il est emblématique du dysfonctionnement de la justice mexicaine et de la manière dont la police agit pour fabriquer des coupables, soulignant que "cette affaire est un cas mexicain, un dossier qui appartient à la société civile mexicaine et que la Commission, au nom des nombreuses ONG qu'elle représente, adhère et rejoint la lutte de la société pour la justice et le droit".

Jusqu'alors le cas de Florence Cassez était une question de souveraineté, de nationalisme, un bras de fer entre deux présidents de la République, l'un, Felipe Calderon, cherchant à plaire à son électorat en utilisant le discours sécuritaire, l'autre, Nicolas Sarkozy, déterminé à sortir une concitoyenne innocente des griffes d'une justice manipulée. Les médias, en particulier les deux grands groupes de télévision (Azteca et Televisa), proches du pouvoir, avaient participé activement à la condamnation de la Française par l'opinion publique en filmant et diffusant un montage d'une fausse arrestation. Florence avait été alors condamnée avant même d'être présentée au juge d'instruction. Une violation flagrante de la présomption d'innocence. La prise de position de la société civile, à travers l'Église catholique et les ONG des droits de l'homme, constitue donc un virage sans précédent. "Ce cas est celui de tous les Mexicains, ce n'est pas une question de nationalité, a déclaré Alfonso Garcia de l'ONG Fray Francisco de Victoria OP, au contraire, Florence Cassez est le symbole des pratiques peu démocratiques qui ont cours dans la justice mexicaine."

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