19 novembre, 2010

LISBONNE L'Otan confirme un retrait d'Afghanistan d'ici à fin 2014

Source Reuters

L'Otan confirme un retrait d'Afghanistan d'ici à fin 2014

L'Otan a confirmé que ses troupes quitteraient l'Afghanistan fin 2014 © Stephane Lemouton / Abacapress.com

L'Otan a confirmé vendredi être prête à entamer le transfert de la sécurité en Afghanistan aux forces afghanes dès l'an prochain, avec pour but un retrait de la plupart des troupes étrangères d'ici la fin 2014. Cet objectif, qui doit être formalisé par les chefs d'État et de gouvernement de l'Alliance atlantique lors d'un sommet de deux jours qui s'est ouvert vendredi à Lisbonne, a été réaffirmé par son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, en dépit des doutes exprimés au cours des dernières semaines au sein même de l'organisation et de l'administration américaine.

"Nous allons annoncer que la transition est sur le point de commencer en 2011. Nous espérons que ce processus soit achevé d'ici la fin de 2014 afin que les forces de sécurité afghanes assument la responsabilité de l'ensemble de l'Afghanistan", a-t-il déclaré à son arrivée dans la capitale portugaise. Plus tôt dans la journée, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton avait insisté sur l'importance de ce calendrier qui, a-t-elle dit, a été suggéré par le président afghan Hamid Karzaï lui-même. "Nous reconnaissons et respectons la souveraineté du peuple afghan et du gouvernement et nous travaillons en coopération étroite", a-t-elle poursuivi, tout en soulignant que les alliés maintiendraient leur engagements civils dans le pays.

Retrait en 2014 ?

Le président américain a lui aussi confirmé avant son arrivée en Europe que la réduction du contingent de son pays débuterait en juillet 2011, et il a appuyé le principe d'une réconciliation avec les taliban. "Les États-Unis et nos alliés de l'Otan soutiennent fortement un processus visant à réintégrer au sein de la société les talibans qui sont d'accord sur quelques points : abandonner la violence, rompre leurs liens avec Al Qaïda et accepter la Constitution afghane", a-t-il dit au journal espagnol El Pais. "Ceci commence par un dialogue avec les insurgés qui doit être mené par les Afghans eux-mêmes", a-t-il ajouté.

Certes cette stratégie sera formalisée lors du sommet de Lisbonne, mais des doutes demeurent au Pentagone et à l'Otan sur la capacité des forces afghanes à assumer la responsabilité de la sécurité nationale d'ici cette date. La France estime par exemple que ce processus de transition ne doit pas être contraint par un calendrier. "Cela doit être fonction de l'évaluation des progrès réalisés sur le terrain, district par district, province par province", dit-on à l'Élysée. Le haut représentant civil de l'Otan en Afghanistan, Mark Sedwill, a estimé que la force des insurgés dans plusieurs régions pourrait différer la date de transfert des responsabilités en matière de sécurité.

De son côté, le Pentagone a jugé que la date de 2014 était une "aspiration" et pourrait ne pas se matérialiser sur l'ensemble du territoire afghan. "Il s'agit de la fin de 2014, donc en réalité c'est d'ici 2015 (...) même si notre volonté est d'avoir les forces de sécurité afghanes en première ligne dans la plus grande partie du pays, une prépondérance des forces de sécurité afghanes dans le pays, ce qui ne veut pas dire que ce sera le cas dans l'ensemble du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone.

Acteur militaire global

Après dix ans passés en Afghanistan, où la situation sur le terrain reste difficile, les États-Unis cherchent une voie de sortie afin de ne pas répéter l'expérience du Vietnam dans les années 1970. L'objectif des alliés n'est donc plus de défaire les talibans mais plutôt de trouver une solution politique au conflit, une tâche rendue difficile par le refus des insurgés d'entrer dans ce processus avant un retrait militaire complet, les nombreuses désertions dans les forces de sécurité afghanes et la corruption et la faiblesse du gouvernement d'Hamid Karzaï.

Ceci ne devrait pas empêcher les dirigeants de l'Otan de réaffirmer leur volonté de demeurer un acteur militaire global, dans le cadre du concept stratégique de l'Alliance pour la prochaine décennie. Ils devraient en outre s'entendre sur un système de défense antimissile et renforcer leur coopération avec la Russie, dont le président, Dmitri Medvedev, se joindra au sommet samedi.

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