15 novembre, 2010

L'Irlande lutte pour éviter l'aide des Européens, malgré la pression

A Dublin, les piétons passent devant un magasin prêt à fermer, le 15 novembre 2010
A Dublin, les piétons passent devant un magasin prêt à fermer, le 15 novembre 2010
A Dublin, les piétons passent devant un magasin prêt à fermer, le 15 novembre 2010 Peter Muhly AFP

Le gouvernement irlandais luttait lundi pour régler les problèmes financiers du pays sans aide extérieure, malgré la pression grandissante de ses partenaires européens qui s'alarment d'une contagion au reste de la zone euro.

"Nous devons résoudre nos problèmes nous-mêmes", a martelé le ministre irlandais des Affaires européennes, Dick Roche.

"Des contacts se poursuivent à un niveau officiel avec des responsables internationaux à la lumière des conditions actuelles du marché", avait reconnu auparavant un porte-parole du ministère des Finances, en ajoutant aussitôt: "l'Irlande n'a pas fait de demande pour une aide extérieure".

Les autorités irlandaises tentent depuis plusieurs jours de convaincre qu'elles peuvent s'en sortir seules, une intervention extérieure risquant d'être vécue dans le pays comme une perte intolérable de souveraineté dans un contexte politique déjà très tendu.

"La souveraineté de ce pays a été gagnée de haute lutte et le gouvernement n'a pas l'intention de l'abandonner à qui que ce soit", a déclaré ce week-end le ministre des entreprises Batt O'Keeffe.

Mais, selon des médias britanniques, des "discussions d'urgence" ont eu lieu dimanche soir à Bruxelles sur les conditions d'une aide à l'Irlande qui pourrait atteindre quelque 90 milliards d'euros.

L'opposition a conforté ces spéculations. Michael Noonan, porte-parole pour les Finances du Fine Gael, principal parti d'opposition, s'est dit persuadé qu'une intervention européenne était en préparation, et a qualifié les démentis gouvernementaux de "combat d'arrière-garde pour sauver les apparences".

La situation en Irlande suscite des "tensions" et des inquiétudes pour la stabilité financière "dans l'ensemble de la zone euro", a estimé de son côté la Commission européenne, tout en affirmant à son tour qu'une aide à Dublin n'était pas à l'ordre du jour.

L'Irlande a vu les rendements sur sa dette souveraine s'envoler la semaine dernière à des niveaux sans précédent, les investisseurs privés se délestant de leurs obligations irlandaises par crainte que le pays n'arrive pas à juguler son déficit abyssal. Celui-ci devrait culminer à 32% du Produit intérieur brut (PIB) cette année à cause du renflouage des banques du pays.

Les pays de la zone euro s'inquiètent d'une "contagion" de la crise irlandaise à des pays comme le Portugal ou l'Espagne, dont les taux d'emprunt à long terme ont également flambé.

Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a d'ailleurs lancé un appel indirect à l'Irlande pour qu'elle accepte une aide extérieure afin de calmer les marchés.

Les taux irlandais et portugais se sont toutefois replié lundi pour la deuxième séance de suite, grâce à la déclaration rassurante de cinq ministres des Finances européens vendredi.

Le ministère irlandais des Finances a réaffirmé lundi que "l'Irlande est totalement financée" jusqu'à mi-2011.

Mais, selon certains analystes, le coût faramineux du sauvetage des banques irlandaises (environ 50 milliards d'euros) pourrait être encore revu à la hausse et obliger Dublin à emprunter plus tôt que prévu. Et des médias irlandais ont suggéré que l'Irlande pourrait négocier un plan d'aide qui servirait uniquement à renflouer les banques.

Ce regain de tension intervient dans un contexte politique périlleux, le gouvernement devant présenter le 7 décembre au Parlement un budget de rigueur, dans le cadre d'un plan quadriennal d'austérité qui devrait être dévoilé la semaine prochaine.

Le gouvernement de centre-droit, impopulaire, ne dispose que d'une majorité de trois voix, qui pourrait encore fondre après une élection partielle le 25 novembre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire