06 novembre, 2010

Le train de déchets radioactifs bloqué par les opposants après des heurts

Des policiers tentent de déloger des militants antinucléaires qui cherchent à couper la voie ferrée pour empêcher le passage d'un train de déchets radioactifs, le 7 novembre 2010 à Metzingen en Allemagne
Des policiers tentent de déloger des militants antinucléaires qui cherchent à couper la voie ferrée pour empêcher le passage d'un train de déchets radioactifs, le 7 novembre 2010 à Metzingen en Allemagne Johannes Eisele AFP

Les opposants au convoi de de déchets radioactifs vers un centre de stockage ont réussi à bloquer pacifiquement le train, dimanche soir, après une journée marquée par les premières violences avec les forces de l'ordre.

Dans la nuit de dimanche à lundi, un barrage pacifique regroupant 2 à 5.000 personnes, selon les sources, a bloqué le train à une quinzaine de kilomètres de Dannenberg.

La police n'a pas exclu la possibilité de procéder à une évacuation, si des négociations en cours n'aboutissent pas, mais des sources syndicales policières, ainsi que l'association écologiste Greenpeace ont laissé entendre qu'attendre le matin pour reprendre le trajet serait une décision judicieuse.

"En tout état de cause, nous ne procéderons à une évacuation de la voie que si les conditions sont rassemblées", a indiqué une porte-parole de la police à Lunebourg, en sous-entendant qu'elles ne l'étaient pas pour l'instant.

Une fois à Dannenberg, les conteneurs de déchets d'Areva seront chargés sur des camions pour la vingtaine de kilomètres jusqu'à Gorleben.

La journée de dimanche avait vu les premiers incidents entre manifestants et force de l'ordre.

Dans le plus violent un millier de militants "de la mouvance autonome" ont tiré avec des fusée éclairantes et des grenades lacrymogènes sur les policiers, qui les ont repoussés avec matraques et canons à eau, à une vingtaine de kilomètres de Dannenberg, a déclaré une porte-parole de la police.

"Il y a eu des blessés du côté des manifestants comme parmi les policiers, mais je ne peux pas vous dire combien", a déclaré un porte-parole de la police à Lüneburg.

Une manifestante a été blessée près de Harlingen par un cheval de la police montée, "il semble qu'elle ait l'épaule cassée", a dit le porte-parole.

Dans la matinée, des militants ont tenté à plusieurs reprises de retirer le ballast de la voie ferrée, avaient attaqué une première fois les policiers à coups de fusées éclairantes.

Un blindé de la police a pris feu dans cet assaut mais est resté en état de marche, d'après un porte-parole des policiers. Ceux-ci ont repoussé l'assaut avec des canons à eau, des matraques et du gaz lacrymogène.

Les témoignages sur des oppositions violentes entre manifestants et policiers se sont également multipliés dans les médias.

Le chef d'un syndicat policier (GdP), Konrad Freiberg, a regretté qu'on ait franchi "un nouveau degré dans la violence".

Dans les bois ou à travers champs, de petits groupes jouaient au chat et à la souris avec les policiers qui dressaient des barrages sur les routes. Plusieurs hélicoptères survolaient la région.

Les organisations antinucléaires ont mobilisé des dizaines de milliers de personnes ce week-end pour retarder le passage du train transportant 123 tonnes de déchets retraités en France, vers la mine de Gorleben en Basse-Saxe.

Plus de 16.000 policiers étaient déployés pour protéger ce 12e transport de conteneurs "Castors", auxquels s'opposent à chaque fois les écologistes.

Les antinucléaires comptaient poursuivre leurs actions de harcèlement jusqu'à l'arrivée à Gorleben où des déchets nucléaires sont stockés dans une mine, sous un dôme de sel, depuis 1995. Les écologistes considèrent comme dangereux ce site où des fuites radioactives ont été signalées.

Le mouvement antinucléaire redouble de vigueur en Allemagne depuis que la chancelière Angela Merkel a décidé cette année de prolonger la durée de vie des centrales, que son prédécesseur, le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder (1998-2005), avait décidé de fermer en 2020.

Samedi, une vaste manifestation a réuni à Dannenberg jusqu'à 50.000 personnes, selon les organisateurs, au moins 20.000 selon la police.

Traumatisée par la catastrophe de Tchernobyl en 1986 en Ukraine, la population allemande est majoritairement opposée à l'énergie nucléaire.

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