05 novembre, 2010

Le convoi de déchets nucléaires a redémarré

Sous protection policière, le train a quitté la gare de Valognes vendredi en début d'après-midi.
Sous protection policière, le train a quitté la gare de Valognes vendredi en début d'après-midi. Crédits photo : David Vincent/AP

Bloqué ce vendredi après-midi à Caen par des militants anti-nucléaires, le convoi transportant 120 tonnes de déchets retraités par Areva a repris sa route vers le nord de l'Allemagne.

C'est le transport «le plus radioactif qui ait jamais eu lieu», affirme le réseau français Sortir du nucléaire. Une cargaison ferroviaire de 120 tonnes de déchets nucléaires, représentant 308 conteneurs ou 11 wagons de trains, a été bloquée vendredi après-midi à Caen, peu de temps après avoir quitté la gare de Valognes.

Cinq militants anti-nucléaires s'étaient enchaînés à la voie quelques centaines de mètres avant la gare. Le train a pu repartir après le dégagement des voies et les manifestants ont été interpellés et placés en garde à vue. Deux autres manifestants qui se trouvaient à proximité des voies ont également été interpellés, selon un militant du réseau Sortir du nucléaire.

Parti de l'usine de retraitement de La Hague en Normandie, le convoi transite vers la ville allemande de Gorleben, non loin de Hambourg. Un déplacement qui met les opposants au nucléaire en ébullition, en France comme en Allemagne. «Ce transport concentre au moins deux fois plus de radioactivité que le total des pollutions radioactives émises par la catastrophe de Tchernobyl», dénonce Sortir du nucléaire. Une affirmation qualifiée d'«esbroufe médiatique» par Areva. Ce convoi serait «moins radioactif» que le dernier parti de Normandie pour l'Allemagne en novembre 2008 : il comptait 12 wagons contre 11 pour celui-ci, assure le groupe.

Plainte de Greenpeace

Vendredi, Greenpeace a déposé plainte contre l'entreposage depuis le 25 octobre de conteneurs en gare de Valognes, à 35 km de l'usine Areva. C'est «un endroit qui n'est pas classé Installation nucléaire de Base, comme l'impose la loi de juin 2006 sur les déchets», a dénoncé Yannick Rousselet, chargé des questions nucléaires à Greenpeace France :


«Nous procédons ainsi depuis plus de 10 ans pour renvoyer les déchets. Et nous avons bien sûr toutes les autorisations nécessaires», a réagi Christophe Neugnot, le directeur de la communication de l'usine de retraitement. Mardi, Greenpeace a affirmé avoir relevé «des pics» de radioactivité au passage des camions qui acheminent progressivement les déchets de l'usine à la gare. «Aucune particule ne peut s'échapper de ces déchets, rendus inertes par vitrification, un processus qui consiste à mélanger les poussières nucléaires à du verre en fusion. Par ailleurs, les cylindres spéciaux servant au transport assurent une protection efficace contre tout rayonnement, et peuvent aussi résister au choc d'un accident ferroviaire», affirme-t-on chez Areva.

L'usine de La Hague trie les déchets issus de centrales nucléaires électriques pour en tirer essentiellement du plutonium et de l'uranium recyclables, à hauteur de 96% de la matière reçue, estime-t-on chez Areva. Les 4% restants sont stabilisés et renvoyés dans le pays d'origine, en l'occurrence l'Allemagne, où ils sont stockés. Selon Areva, la quantité de déchets évacués vendredi correspond à la consommation annuelle en électricité de 24 millions d'Allemands. Ces convois controversés entre la France et l'Allemagne ont été entamés à la fin des années 1990. Douze ont été programmés au total, celui de vendredi étant le onzième.

Des manifestants attendus tout au long du trajet

En France, des manifestations sont annoncées sur le trajet du train à Valognes, Caen, Rouen, Amiens, Arras, Nancy et Strasbourg, selon Sortir du nucléaire. Areva ne confirme pas le parcours. Le convoi est accompagné par les forces de l'ordre, «entre 50 et 80 hommes», a indiqué au figaro.fr Henry-Jacques Neau, porte-parole de la branche transport d'Areva. «Il s'agit essentiellement d'éviter les troubles à l'ordre public, explique-t-il, rappelant qu'un militant antinucléaire était mort en 2004 en s'approchant trop près d'un convoi. En aucun cas, nous ne craignons de nous faire voler cette cargaison de déchets ultimes qui n'ont plus aucun intérêt».

lefigaro

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