04 novembre, 2010

Gbagbo # ADO... : Comment se comportera l’électorat de Bédié ?

La loi lui donnait jusqu’à hier mercredi 3 novembre au plus tard pour donner les résultats provisoires de la présidentielle du 31 octobre 2010. Et le président Issouf Bakayogo de la Commission électorale indépendante (CEI) le répétait à l’envi depuis dimanche soir. Mais plus le temps passait, plus l’attente devenait insoutenable. On se demandait pourquoi la seule institution habilitée à donner des chiffres, ne les publiait pas au fur et à mesure qu’elle les recevait.

Ce faisant, elle a donné libre cours à toute sorte de rumeur dans un climat général déjà suffisamment lourd. Cela, d’autant plus que les différents candidats qui avaient, ne l’oublions pas, des représentants dans tous les bureaux de vote, savaient dès lundi quel sort les urnes leur avaient réservé.

Le point de rupture était presque atteint quand la CEI est enfin sortie de son mutisme pesant, sur insistance du Premier ministre qui sentait le feu couver, pour commencer à égrener mardi soir les résultats partiels des différentes régions de la Côte d’Ivoire. Une litanie qui s’est poursuivie hier et qui donnait un aperçu de l’issue de l’élection en attendant le moment fatidique.

Puisque sur les 14 candidats, il n’y en avait que 3 qui sortaient du lot, cela est connu depuis longtemps, alors qui de Laurent Koudou Gbagbo (FPI), d’Henri Konan Bédié (PDCI-RDA) ou d’Alassane Dramane Ouattara (RDR) allait franchir l’étape du premier tour pour disputer le second round le 28 novembre prochain ? Telle est la question qui taraudait les esprits aussi bien en Côte d’Ivoire que dans de nombreux autres pays tel le Burkina Faso.

Si au moment où nous tracions ces lignes on n’avait pas les résultats officiels mais provisoires de la CEI, les tendances qui se dégageaient laissaient entrevoir un duel Gbagbo-Ouattara au second tour.

En effet, selon Radio France Internationale (RFI), des résultats portant sur un peu plus de 60% des suffrages, il en ressortait que Laurent Koudou Gbagbo arrivait en tête avec environ 38% contre 34% à Alassane Dramane Ouattara et 27% pour Henri Konan Bédié (HKB).

Si ces tendances devraient se confirmer, elles feraient mentir les nombreux sondages commandités souvent par le Gbagbo-land qui plaçaient toujours Henri Konan Bédié après le président sortant.

Alors faut-il finalement croire que les Ivoiriens pour une charge aussi lourde que la magistrature suprême n’ont pas voulu remettre leur destin à un homme qui, pour expérimenté qu’il soit, n’est plus tout à fait jeune ?

Maintenant en tout cas que tout semble clair, la question est de savoir si le perdant va reconnaître dignement sa défaite et pouvoir tenir ses troupes. Mettons donc que la finale devrait opposer le candidat du FPI (Front populaire ivoirien) à celui du RDR (Rassemblement des républicains).

Ce dernier étant lié dans le cadre du Rassemblement des Houphouëtistes pour le développement et la paix (RHDP) par un accord avec Henri Konan Bédié. En vertu de cette entente, celui des deux qui ne franchirait pas le premier tour devrait apporter tout son soutien et ses voix à l’autre. Tous avaient juré, la main sur le cœur, que le deal sera respecté.

Mais nous sommes en politique et les choses ne sont jamais aussi simples et où une élection n’est pas toujours une affaire d’arithmétique. Il faut d’abord que Bédié respecte effectivement la parole donnée et pas seulement du bout des lèvres. Sur ce premier point, on peut lui faire confiance dans une certaine mesure.

Mais il faudra ensuite, et ce sera sans doute le plus difficile, que son électorat suive, quand on sait qu’un candidat, qui qu’il soit, n’est jamais propriétaire des voix de ceux qui l’ont voté. Le report des voix de HKB à d’ADO pourrait de ce fait ne pas être systématique.

Une telle situation pourrait alors faire l’affaire de l’actuel locataire du palais de Cocody à l’issue d’un second tour qui, dans tous les cas, sera âprement disputé. Mais si par extraordinaire les « Bédiéïstes » faisaient bloc derrière ADO, alors là, Gbagbo aura du souci à se faire.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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