27 novembre, 2010

Fureur en Corée du Sud, regrets limités en Corée du Nord

par Cheon Jong-woo et Kim Kyoung-hoon

SEOUL (Reuters) - Le chef des "marines" sud-coréens a juré samedi de venger "mille fois" la mort de deux de ses hommes et de deux civils dans l'attaque d'artillerie nord-coréenne de mardi contre l'île de Yeonpyeong.

De son côté, Pyongyang a jugé "très regrettable" la mort des deux civils tout en en attribuant la responsabilité à la Corée du Sud pour avoir "déployé des civils comme 'boucliers humains' autour de positions d'artillerie et dans des bâtiments militaires", selon l'agence officielle nord-coréenne.

Le président sud-coréen Lee Myung-bak a déclaré aux responsables de la sécurité de se tenir prêts à de nouvelles "provocations" du Nord, parallèlement aux manoeuvres navales du Sud avec les Etats-Unis qui débutent dimanche en mer Jaune. Le porte-avions américain à propulsion nucléaire George Washington fait route vers la région pour y participer.

"Il est possible que la Corée du Nord prenne une initiative inattendue, alors veillez à y être parfaitement préparés en coopérant avec la force conjointe américano-coréenne", a-t-il dit selon un porte-parole.

Les deux soldats tués ont été inhumés samedi avec les honneurs militaires en présence de leurs familles et de responsables sud-coréens qui ont salué le cortège funèbre.

Des dizaines d'habitations de l'île de Yeonpyeong ont été détruites dans l'attaque. La Corée du Sud y a répliqué ensuite par treize minutes de tirs d'artillerie, mais on ignore quel impact a eu cette riposte.

"COLÈRE ET HOSTILITÉ"

"Tous les marines, y compris les marines en service et les réservistes, vengeront à tout prix leurs deux camarades, en conservant à l'esprit la colère et l'hostilité que nous éprouvons aujourd'hui", a déclaré le général Yoo Nak Joon, chef d'état-major et commandant du corps des marines.

"Nous devons éprouver au plus profond de nous-mêmes ces sentiments de colère et d'animosité pour nous venger de la Corée du Nord", a-t-il ajouté devant le fourgon mortuaire.

La cérémonie funéraire a été suivie de manifestations anti-nord-coréennes à Séoul, tandis que l'envoi du porte-avions George Washington suscitait la colère de Pyongyang et une mise en garde de la Chine, son unique alliée.

"Il est temps d'agir (...) de mener des représailles. Frappons le palais présidentiel à Pyongyang", scandaient près de mille anciens marines rassemblés dans le centre de la capitale où des portraits du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il ont ensuite été brûlés et de son fils et "dauphin" Kim Jung-un.

Des centaines d'anciens militaires sud-coréens avaient manifesté vendredi dans la ville-frontière de Paju en accusant le gouvernement de faiblesse.

La Chine s'est dite déterminée à empêcher une escalade de la violence mais a formulé une mise en garde contre les mouvements militaires à proximité de ses côtes, allusion aux exercices conjoints des Etats-Unis et de la Corée du Sud en mer Jaune.

Deux responsables chinois, le conseiller d'Etat Dai Bingguo et Wu Dawei, émissaire chargé du nucléaire nord-coréen, se sont rendus samedi à Séoul et ont rencontré le chef de la diplomatie sud-coréenne Kim Sung-hwan pour examiner les moyens de faire baisser la tension dans la région, a annoncé le ministère des Affaires étrangères à Séoul.

Le chef de la diplomatie japonaise, Seiji Maehara, et son homologue chinois Yang Jiechi ont déclaré samedi après un entretien téléphonique que leurs pays coopéreraient afin de prévenir de nouvelles tensions sur la péninsule coréenne, rapporte l'agence nippone Kyodo.

Les manoeuvres militaires qui commencent dimanche ont été présentées comme une "nouvelle provocation militaire impardonnable" par les autorités nord-coréennes. Les Etats-Unis font valoir que ces exercices, prévus avant l'attaque de mardi, visent à dissuader la Corée du Nord mais ne sont pas dirigés contre la Chine.

Jean-Stéphane Brosse, Pierre Sérisier et Philippe Bas-Rabérin pour le service français

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