20 novembre, 2010

Faible participation à la présidentielle au Burkina Faso

Les Burkinabè se sont rendus aux urnes ce dimanche pour le premier tour de l'élection présidentielle dont l'actuel chef de l'Etat, Blaise Compaoré, est le grand favori.

Selon un correspondant de Reuters, les électeurs ne se sont pas pressés dans les bureaux de vote, malgré l'appel du président.

"Je crois qu'il faut attendre la fin du scrutin pour apprécier, mais je pense qu'il faut que les électeurs participent massivement à ce vote parce que c'est un moment qui nous permet de faire le bilan, mais aussi de nous projeter vers l'avenir", a déclaré Blaise Compaoré, après avoir voté lui-même en milieu de matinée, à Ouagadougou.

Les résultats devraient être connus d'ici au 25 novembre.

Outre quelques retards constatés dans l'ouverture des bureaux de vote, on a pu remarquer l'absence des représentants de l'opposition dans de nombreux bureaux.

Le scrutin s'est toutefois déroulé dans le calme, mais les problèmes de cartes d'électeurs qui ont émaillé les préparatifs du scrutin ont persisté.

"Un quart des cartes que je devais distribuer n'ont pas été retirées et de nombreux électeurs se sont inscrits mais ne retrouvent pas leurs cartes", a expliqué à Reuter Awa Traoré, agent distributeur de cartes au bureaux de vote No1 de Koulouba, à Ouagadougou.

Blaise Compaoré reste néanmoins confiant. "Moi, je n'ai qu'une voix, donc il faut faire confiance au choix du peuple et nous attendons avec confiance ce choix", a-t-il indiqué.

Le président burkinabè, âgé de 59 ans, a pris le pouvoir en 1987 après la mort toujours inexpliquée de son prédécesseur Thomas Sankara.

INÉGALITÉS

Bien qu'il ait instauré le multipartisme, l'opposition reste cantonnée au rôle de faire valoir. En 2005, le chef de l'Etat a été réélu avec 80,3% des voix.

Pays enclavé de 15 millions d'habitants, le Burkina Faso a échappé aux troubles qui affectent ses voisins. Sur le plan économique, la hausse des cours de l'or et du coton ne l'a guère remonté dans le classement établi sur la base de l'Indice de développement humain des Nations unies. Au dernier pointage, le 4 novembre, il figurait en 161e position sur 169 et les inégalités y sont criantes.

"A Ouaga 2000, les fleurs ont droit à l'eau potable qui est inexistante dans les quartiers voisins", déplore Bénéwendé Sankara, principal adversaire du chef de l'Etat, évoquant le quartier huppé de la capitale dans les colonnes de Jeune Afrique.

Le chef de file de l'opposition, âgé de 51 ans, n'a obtenu que 4,93% des voix en 2005. Bien qu'il ait l'appui de sept formations, rares sont ceux qui le croient en mesure de faire de l'ombre au président sortant.

Avec le soutien de la France et des Etats-Unis, Blaise Compaoré a notamment négocié le règlement de la crise guinéenne. L'accord conclu le 15 janvier à Ouagadougou a ouvert la voie à l'élection présidentielle censée sceller le retour à l'ordre constitutionnel après le coup d'état militaire de décembre 2008.

Il aurait en outre convaincu le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte guinéenne, de ne pas regagner son pays après la tentative d'assassinat à laquelle il a échappée. L'officier vit toujours en exil à Ouagadougou.

Selon des rapports de l'Onu, le président burkinabé a en revanche soutenu les insurgés sierra-léonais pendant la guerre civile qui s'est achevée en 2002.

Les autorités ivoiriennes l'ont en outre accusé d'avoir pris le parti des rebelles après le coup d'Etat manqué de septembre 2002, ce qui ne l'a empêché de jouer ensuite les médiateurs.

Mathieu Bonkoungou, Jean-Philippe Lefief et Marine Pennetier pour le service français

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