06 novembre, 2010

Espagne: le pape met en garde contre un anticléricalisme "agressif"

Espagne: le pape met en garde contre un anticléricalisme "agressif"

La tradition religieuse connaît un net recul en Espagne - 73% des Espagnols se disent catholiques contre 80% il y a huit ans - et ce pays est devenu ces dernières années l'un des plus progressistes en Europe sur les questions de société.


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Le pape Benoît XVI a appelé samedi l'Europe à retrouver ses "racines chrétiennes" et à "s'ouvrir à Dieu", et mis en garde contre un retour à l'anticléricalisme "agressif" des années 30 en Espagne, au premier jour d'une visite dans ce pays.

"C'est une tragédie qu'en Europe, surtout au 19ème siècle, se soit affirmée et diffusée la conviction que Dieu est l'adversaire de l'homme et l'ennemi de sa liberté", a déclaré le pape lors d'une messe à Saint-Jacques de Compostelle.

"L'Europe doit s'ouvrir à Dieu, sortir sans crainte à sa rencontre", a ajouté Benoît XVI qui avait choisi pour lancer son message cette ville aux sources de la tradition catholique, lieu de pèlerinage depuis le Moyen Age.

Le pape devait ensuite partir pour Barcelone, dernière étape de ce voyage de deux jours, où il consacrera dimanche la basilique de la Sagrada Familia, le chef d'oeuvre de l'architecte catalan Antoni Gaudi, toujours en chantier et qui deviendra un lieu de culte 128 ans après la pose de la première pierre.

Benoît XVI a rendu hommage samedi au "courage" de Gaudi, catholique très fervent, qui a "su s'insérer dans la tradition des grandes cathédrales avec une créativité nouvelle".

Accueilli à Saint-Jacques aux cris de "Viva el papa", il a célébré samedi la messe devant 7.000 personnes, entouré d'une centaine de prêtres, prononçant quelques mois en galicien, la langue de cette région du nord-ouest de l'Espagne.

Une grande estrade bordée de bouquets de fleurs violettes avait été dressée sur la grande place Obradoiro, face à la cathédrale du 12ème siècle, au coeur de la ville médiévale.

"Voilà la jeunesse du Pape", "On le voit, on le sent, le Pape est présent", pouvait-on lire sur quelques unes des pancartes agitées par la foule.

Arrivé samedi matin à Saint-Jacques, où des milliers de pèlerins avaient veillé toute la nuit pour l'attendre, Benoît XVI a affirmé que l'affrontement entre "foi et modernité" était "très vivace" en Espagne, plaidant pour une "rencontre entre la foi et la laïcité et pas une confrontation".

Il a rappelé la naissance dans l'Espagne des années 30, avant la guerre civile et le franquisme, de forts courants prônant la laïcité et l'anticléricalisme.

"L'Espagne a vu dans les années 30 la naissance d'un anticléricalisme et d'un mouvement de sécularisation et de laïcisation fort et agressif", a lancé le pape en mettant en garde contre le risque d'un retour à cette tendance.

La tradition religieuse connaît un net recul en Espagne - 73% des Espagnols se disent catholiques contre 80% il y a huit ans - et ce pays est devenu ces dernières années l'un des plus progressistes en Europe sur les questions de société.

Le gouvernement socialiste a en effet fait voter en 2005 une loi légalisant le mariage homosexuel - 20.000 unions déjà célébrées - puis une autre en février dernier qui élargit le cadre légal de l'avortement. Toutes deux ont provoqué la colère de l'Eglise catholique.

Accueilli par le prince héritier Felipe à sa descente d'avion, le pape, vêtu d'une soutane blanche, a appelé l'Espagne et l'Europe à "donner une nouvelle vigueur à leurs racines chrétiennes".

Benoît XVI a ensuite pris dans ses bras, tour à tour, trois bébés vêtus de rose, de bleu et de blanc, avant de quitter l'aéroport à bord de sa papamobile aux vitres transparentes.

Salué sur son passage par des rangées de fidèles, il a parcouru les 11 kilomètres vers le centre de la ville médiévale puis est allé visiter la cathédrale, revêtant un moment la cape marron des pèlerins de Compostelle ornée de la célèbre coquille Saint-Jacques.

Il s'est aussi incliné sur le tombeau argenté de Saint Jacques, le saint patron de l'Espagne, dont il a ensuite embrassé la statue, sacrifiant à une tradition observée par des générations de pèlerins depuis le Moyen-Age.

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