19 novembre, 2010

ESPAGNE Belén Esteban, star du corazón et "princesse du peuple"

Le Point.fr

Belén Esteban, star du corazón et "princesse du peuple"

Capture d'écran du site officiel de Belén Esteban, la "people" qui fait parler d'elle en Espagne.

"Moi, je ne voterai pas Zapatero, car il a abaissé la retraite de ma mère et parce que mes deux frères sont au chômage." Diva de la presse people, Belén Esteban ne se pique pas de politique, mais tout le monde l'écoute, même sur ce sujet. Un visage et un corps enlaidis par d'innombrables opérations, une voix de charcutière et un rire exagérément sonore, cette (fausse) blonde de 37 ans s'est imposée comme un phénomène médiatique. Au point que sociologues et chercheurs universitaires se penchent sur le "cas Belén Esteban" et voient en elle une sorte d'héroïne postmoderne, sulfureuse et outrancière, similaire à une Kate Moss. Un récent sondage du très sérieux institut Sigma Dos montre que, si elle se présentait aux élections générales, cette Madrilène obtiendrait sans difficulté un siège au Parlement.

Issue d'un quartier ouvrier, Belén Esteban est l'archétype de la "telebasura", cette télé-poubelle qui bat des records d'audience. Sa popularité date des années 1990, lorsqu'elle se sépare du riche torero Jesulín de Ubrique ; depuis, détestée par sa belle-famille, elle écume les plateaux de télévision pour étaler ses états d'âme de femme rejetée et de mère-courage. Exclusivités, unes de magazines, records d'audience : dans le monde du corazón national, pourtant bien garni, Belén Esteban n'a pas de rivale. Ces jours-ci, ils sont près de trois millions d'Espagnols - soit un quart de l'audimat - à la suivre sur Tele 5 dans l'émission J'ai une question pour vous, où seuls, jusqu'à présent, avaient été invités José Luis Zapatero, le chef du gouvernement, et Mariano Rajoy, son rival de l'opposition conservatrice.

Sur Tele 5, la chaîne des reality-shows et de Big Brother qui se frotte les mains des "sorties" de la star, journalistes et téléspectateurs interrogent Belén Esteban sur l'immigration, la crise économique, les retraites, voire... le déficit public. Et elle de lancer des répliques de café du commerce, ponctuées de rires, de moues de dégoût ou de larmes. Pour l'écrivain Sánchez Dragó, "elle incarne la vendeuse de poissons, la voisine de votre immeuble, une voix populaire, celle à laquelle s'accrochent tant de gens perdus et désespérés dans une globalisation et une crise économique qui les dépassent". Belén Esteban a d'ailleurs hérité du surnom de "princesse du peuple" pour avoir un jour, lors d'une cérémonie mondaine, exhibé le même habit de soirée que Letizia Ortiz, épouse du prince Felipe.

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