11 novembre, 2010

Cinq questions au candidat Bénéwendé Sankara

sidwaya


Question 1 : Quels sont les principaux axes de votre projet de société ?

Me Bénéwendé Sankara, candidat de la coalition "Burkinlom"

Notre projet de société que nous avons baptisé « Programme alternatif sankariste (PAS) » traduit la vision que nous avons pour notre pays, une vision construite autour d’une triple interrogation : comment le Burkina a été hier, comment nous le voyons aujourd’hui, et comment nous le voyons demain.

C’est à partir de cette triple interrogation que nous avons construit notre projet de société qui s’articule sur notre volonté de construire notre pays sur la base d’une voie, originale de développement. Cette voie c’est le Sankarisme.

Notre projet de société est bâti sur les principaux axes suivants : -transformer les structures de production et de consommation pour les mettre au service de notre peuple ;

- rétablir la justice sociale ;

- restaurer la souveraineté de notre pays ;

- développer le respect de la souveraineté des autres peuples ;- développer la mutualité entre les peuples.

Question : Que proposez-vous comme solution pour la lutte contre la pauvreté dans un pays comme le Burkina Faso ?

Me Bénéwendé Sankara

La définition et la cartographie de la pauvreté sont assez édifiantes dans notre pays. Cette cartographie donne en même temps des indications quant aux solutions à apporter au phénomène de la pauvreté dans notre pays pour peu qu’on accepte de reconnaître que le chemin emprunté actuellement n’est pas le bon et qu’il faut changer de route du développement.

En lisant cette cartographie, on note les données suivantes :

- le PIB par tête d’habitant est d’environ 430$, soit 215 000 FCFA par Burkinabè et par an ou pour être plus explicite, 17 918 FCFA par mois et par Burkinabé. Cela veut tout simplement dire que si on décide de répartir la richesse annuelle de notre pays, chacun d’entre nous aura à peine 17 918 CFA par mois pour vivre. Vous voyez l’ampleur du phénomène ;

- 46% d’entre nous vivent en dessus du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 500 FCFA par jour. Les experts estiment que ce sont ces gens qui sont qualifiés de pauvres.

Parmi ces 46% :

Il ya ceux qui n’ont pas de revenu du tout. Ces Burkinabè ne disposent même pas de moins d’un dollar, ils ont zéro dollar. Il s’agit des sans-emplois. Cette catégorie vit essentiellement dans les grandes agglomérations urbaines.

Il y a ceux qui ont des revenus mais des revenus insuffisants pour qu’ils quittent le seuil des moins d’un dollar. Il s’agit de la masse des ruraux dont la production ne leur procure pas de revenus suffisants. Cette catégorie de Burkinabè vit essentiellement en milieu rural et sont les plus nombreux.

A partir de cette cartographie, on voit apparaitre clairement les causes de notre pauvreté qui tiennent en trois facteurs fondamentaux :

- l’insuffisance de richesse ;

- la mauvaise répartition de la richesse ;

- et le manque d’emplois.

Si nous arrivons à créer plus de richesses et d’emplois, nous pourrons en ce moment voir le bout du tunnel. Maintenant comment créer plus de richesses et d’emplois ? Les solutions, nous les avons dans notre programme de gouvernement. Il s’agit de reconstituer la chaîne du développement qui comporte trois maillons essentiels : l’agriculture, l’industrie et les services.

Le développement est un processus, et dans ce processus, chaque maillon de la chaîne joue à un moment donné un rôle capital.

Ainsi au début du processus, c’est l’agriculture qui, sous l’effet conjugué de la modernisation, de l’accroissement des rendements et de la productivité, libère la main-d’œuvre, la matière première et même les ressources financières pour le secteur industriel.

L’essor du secteur industriel entraîne à son tour le développement du secteur du commerce, des finances, de la recherche, de la technologie, de la formation, bref du secteur des services. Voilà comment le développement se conçoit et s’exécute dans un processus dynamique avec trois phases importantes les unes les autres.

Malheureusement dans notre pays, le processus de développement, selon les indicateurs macro-économiques, révèle un paradoxe. En effet, alors même que la transition entre le secteur agricole et le secteur industriel n’est pas effective (le secteur secondaire contribue pour à peine 20% du PIB) que le secteur tertiaire est en train de prendre le pas avec plus de 40% de contribution au PIB.

Or, tout le monde sait que le tertiaire est dominé dans notre pays par les activités d’importations de produits étrangers et ne contribue donc pas à la création de richesses. Une telle situation ne garanti pas une économie solide car un maillon important du processus de développement n’est pas constitué, ce qui explique l’ampleur de la pauvreté et le développement du secteur informel.

En effet, notre tissu industriel est très faible, faiblesse du fait qu’il n’est pas assis sur la production agricole qui regroupe encore près de 80% de la population. Elle ne peut donc pas tirer la production agricole et distribuer des revenus à la masse des ruraux à travers l’achat de matières premières agricoles locales. Du coup, près de 80% de la population sont quasiment exclus du marché.

Pour s’en sortir, ceux-ci préfèrent venir dans les grandes villes où elles espèrent de meilleures conditions de vie. Mais la faiblesse du tissu industriel ne permet pas d’offrir des emplois à cette masse de demandeurs qui vient s’ajouter à ceux qui étaient déjà là, contribuant ainsi à aggraver la pauvreté urbaine. L’activité informelle devient une alternative au manque d’emploi et une stratégie de sortie de la pauvreté. Il faut donc revenir aux fondamentaux du développement qui s’articulent autour de l’agriculture, de l’industrie et des services. Notre stratégie de modernisation et de développement de l’agriculture va se faire de la manière suivante :

- découpage du pays en Zones de productions spécialisées applées ZOPS ;

- création de centres de formation agricole dans les ZOPS dans lesquels nous allons former au moins 200 agricultures modernes par an ;

- création d’unités de transformation des produits agricoles dans les ZOPS ;

- création d’unités industrielles de production d’intrants et de matériel agricole en vue de mettre à la disposition des agricultures les moyens modernes de production.

Des agriculteurs organisés, formés et dotés de moyens modernes de production produiront suffisamment pour offrir au secteur industriel les matières premières locales pour la transformation. Le développement de l’agriculture va donc entraîner celui du secteur industriel qui bénéficiera d’un important programme de création de petites unités de transformation, au moins une centaine.

A terme, notre politique économique, telle que déclinée, va permettre de créer de la richesse et de l’emploi au bénéfice de nos populations, contribuant ainsi à lutter efficacement contre la pauvreté. C’est la seule alternative crédible.

Question : Que préconisez-vous pour la paix et la stabilité au burkina faso ?

Me Bénéwendé Sankara Nous sommes un peuple de tolérance et de paix et nous l’avons démontré à maintes reprises. Mais, ces valeurs si chères à notre peuple risquent de disparaître si nous n’y prenons garde. Parce qu’à force de subir les injustices et les humiliations, les gens peuvent se sentir acculés et lorsqu’on a le dos au mur, on est capable des pires extrémismes. C’est ce qui s’est passé ailleurs avec des peuples qui étaient aussi pacifistes que nous, mais qui malheureusement ont été poussés à la révolte et à la violence à cause de la mal-gouvernance politique et économique.

Dans notre pays, nous sommes en train de glisser dangereusement vers ce scénario. Dans notre programme de gouvernement, nous mettons en bonne place la question de la bonne gouvernance politique et économique, gage de stabilité réelle et durable.

Question : Quelles sont vos solutions pour résoudre le problème du chômage, notamment des jeunes ?

Me Bénéwendé Sankara

La jeunesse est l’actrice et la principale bénéficiaire de notre programme de gouvernement, dans ce sens que la politique économique que nous comptons mener et que nous avons décrite plus haut va permettre de générer des richesses et des emplois. Ainsi, plus de 200 000 emplois seront créés durant les cinq ans de notre gouvernance, soit 40 000 emplois par an.

Des jeunes bien formés ne manqueront pas d’emplois dans le cadre de la politique économique que nous comptons mettre en œuvre. Ainsi, des centres de formation professionnelle modernes seront créés dans toutes les régions du pays. En plus des emplois que nous allons créer, notre politique à l’endroit de la jeunesse va plus loin avec leur implication dans la conduite de notre programme qui a été conçu par eux et pour eux. Ainsi, des postes de responsabilité leur seront réservés dans toutes les sphères de décision.

Question : Que comptez-vous entreprendre pour plus de rayonnement international du Burkina Faso ?

Me Bénéwendé Sankara

Parce que pour vous, le Burkina rayonne actuellement sur le plan international ? Non, le rayonnement international de notre pays doit se faire dans le strict respect des autres peuples et dans l’intérêt de notre peuple et non au seul profit du président Compaoré qui, seul, sait ce qu’il gagne dans les conflits dans lesquels pourtant, nos braves soldats ont été entraînés à leur corps défendant, et dans lesquels il finit par jouer au médiateur.

Une diplomatie de respect, de considération mutuelle et davantage réciproques pour les peuples, voilà notre vision du rayonnement international que nous voulons pour notre pays et que nous avons déclinée dans notre projet de société et dans notre programme de gouvernement.

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