20 novembre, 2010

Burkina Faso : Les Occidentaux ont volé les œufs, Compaore tue la poule !

AfriSCOOP

Blaise Compaoré, président sortant et candidat à la présidentielle au Burkina Faso (DR)

(AfriSCOOP Analyse) — Il n’y aura aucun suspense. « Bref, il n’y aura rien à voir ; circulez ! », peut-on résumer l’issue prévisible de l’élection présidentielle qui aura lieu dimanche prochain. Plus de 23 ans après son accession au pouvoir, le président Blaise Compaore réaffirme donc à la face du monde qu’il est un célèbre médiateur, mais un médiateur voleur d’élections.

Blaise Compaoré a contribué à sauver la vie ou le destin de plusieurs Ouest-africains, mais oublie depuis 1987 d’offrir un avenir radieux et irréversible à ses compatriotes. Oui, le Burkina Faso a fait un pas dans la maîtrise du secteur de l’artisanat, de la transformation ingénieuse des fruits tropicaux et de leur exportation. Oui, également, le Burkina dispose d’une capitale dont les rues principales bénéficient d’un bon adressage et sont généralement maintenues propres. Oui aussi, Ouagadougou, la principale ville du Burkina dispose d’un quartier de ““haut standing” appelé « Ouaga 2000 ». On pourra par ailleurs mettre à l’actif du bilan positif du pays de Sankara (sous l’ère Compaore) son organisation d’une multitude de rencontres internationales. Des actions positives qui, hélas, ne remplissent pas quotidiennement le ventre des 15 millions des Burkinabé.

Blaise Compaore, un arbre qui cache la misère de ses compatriotes

« Les rues de Ouaga donnent d’une manière générale l’apparence que le Burkina dispose d’un bon réseau routier. Rentrez dans les ruelles de cette ville et vous verrez », commente un journaliste burkinabé qui couvre régulièrement les nombreux voyages à l’étranger du président-voyageur Compaore. Que la vie à Ouagadougou serait belle si toutes les rues et ruelles offraient le visage de la célèbre avenue « Kwame N’krumah ». Des négligences de développement qui dénotent les nombreux manquements du régime de l’ex-compagnon de T. Sankara, en matière de l’instauration au Burkina d’une véritable culture démocratique. Des tares qui se font sentir honteusement en cette période électorale qui emballe très peu, de l’avis de nombreux observateurs, l’électorat local.

Aux dires de Me B. Sankara (principal adversaire de l’actuel locataire du « Palais Kossiam », palais présidentiel, au scrutin de dimanche prochain), le Burkina qui s’est évertué ces dernières années à donner des leçons de démocratie et de concorde nationale à diverses Républiques ouest-africaines, ne dispose pas d’un fichier électoral sécurisé fondé sur des cartes numérisées comme M. Compaore l’a pourtant recommandé dans diverses médiations. Autant de paramètres qui enlèvent l’envie de voter aux « hommes intègres ». Conséquence, sur les 07 millions de potentiels électeurs, moins de la moitié s’est inscrite sur les listes électorales. « La photographie de l’ambiance électorale en ce moment dans mon pays est simple : bon nombre de partisans du Cdp (au pouvoir) sont déçus, et les sympathisants de l’opposition se sentent floués par leurs leaders », commente un Burkinabé.

Grosso modo donc, sur les 156 formations politiques du pays berceau du Fespaco, le Cdp écrase tout le monde. Raison d’ailleurs pour laquelle de la douzaine de candidatures lors de la précédente présidentielle (en 2005), B. Compaore en soit réduit cette année à affronter seulement 06 concurrents. Autrement dit, sur la terre du célèbre Joseph Ki-Zerbo, l’opposition est quasi broyée, et le Cdp est hyper puissant…

« L’Européen a volé les œufs, l’Africain a tué la poule », paraphrase le chanteur burkinabé Zedess dans une nouvelle chanson. Une chose est dorénavant claire : les « hommes intègres » ne pourront plus mettre sur le dos de l’Occident leur retard en matière de développement qui leur vaut habituellement des places peu enviables sur l’indice du développement huma in. La méningite et le paludisme pourront donc encore emporter des vies humaines au Burkina ; en attendant la fin ou le succès international d’autres médiations de l’enfant terrible de Ziniaré.

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