17 novembre, 2010

2012 Inventaire des engagements de Nicolas Sarkozy

Le Point.fr

Inventaire des engagements de Nicolas Sarkozy

Le chef de l'État s'est exprimé, mardi soir, à la télévision durant 90 minutes © AFP / France 2

Deux jours après le remaniement gouvernemental, Nicolas Sarkozy s'est exprimé à la télévision, mardi soir. Le chef de l'État a répondu durant 90 minutes depuis la bibliothèque de l'Élysée aux questions de Claire Chazal pour TF1, David Pujadas pour France 2 et Michel Denisot pour Canal+. Il est revenu sur ses choix et a fixé un cap au nouveau gouvernement pour cette année et demie qui le sépare de la prochaine présidentielle. Les principales déclarations du chef de l'État :

REMANIEMENT

Nicolas Sarkozy est revenu sur le long feuilleton du remaniement débuté en mars dernier. "La réforme des retraites devrait être conduite par le gouvernement précédent. De plus, le choix des personnes est important. Le président de la République n'a pas à faire de caprice. Il doit faire le choix de l'intérêt général. J'ai réfléchi et j'ai choisi François Fillon, car j'ai confiance en lui. Il est très compétent." Le chef de l'État juge que "les Français ne sont pas les commentateurs." Et de rajouter : "Les Français attendent de moi que j'aie des résultats, que je les protège, que l'économie reparte, que la sécurité soit assurée."

Ces dernières semaines, le nom de Jean-Louis Borloo, ex-ministre de l'Environnement, a été évoqué pour Matignon avant qu'il ne soit écarté. L'ancien maire de Valenciennes a préféré ne pas participer au gouvernement. "J'aurais préféré que Borloo reste au gouvernement. Un homme comme Borloo est un homme de très grande qualité", lance Sarkozy. "Borloo a très bien géré toutes les crises qu'il a eu à gérer, je pense notamment à Xynthia et à la crise des carburants. Il a été à la hauteur de la situation. Il a jugé par lui-même qu'il pouvait m'être utile autrement."

Ce remaniement a été l'occasion également de fermer l'ouverture. Nicolas Sarkozy préfère tempérer cette analyse et souligne que "le socialiste Dider Migaud est le président de la Cour des comptes. Claude Évin est le directeur de l'agence de santé la plus importante de France, Éric Besson a été sept ans à la direction du PS..." "On a voulu une équipe très professionnelle, très solidaire, insiste-t-il. Mercier, à ma connaissance, est très proche de Bayrou."

Il assure que le nouveau gouvernement "n'est pas partisan", mais un "gouvernement resserré", car il "reste convaincu qu'il faut s'ouvrir". "Naturellement, à partir du moment où il y a moins de ministres, il y a moins de représentants de toutes les formations politiques. Avec François Fillon, d'ailleurs, nous avons écarté du gouvernement plus de personnalités UMP que de toutes les autres formations", a poursuivi Nicolas Sarkozy, en réponse aux critiques sur un repli autour du noyau dur du parti présidentiel. Avec François Fillon, "nous avons considéré que la France devait réduire le nombre de ses ministres", souligne Sarkozy, indiquant, par ailleurs, avoir voulu "une équipe très professionnelle, très solidaire".

Le très controversé ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale a été supprimé. "Je reconnais bien volontiers que le débat sur l'identité nationale a provoqué des malentendus. Besson n'y est pour rien. Le sens de l'action que je mène est assez simple. Je dois concilier cette nécessité de changer vers l'avenir et, en même temps, j'entends les compatriotes dire on veut rester dans cette France que l'on aime." Il poursuit en disant : "J'ai supprimé l'identité nationale comme mots, M.O.T.S (sic), car c'était mal compris, mais je n'ai pas renoncé sur le fond."

RÉFORME DES RETRAITES

"Honneur soit rendu aux forces syndicales, nous avons fait cette réforme considérable des retraites sans violence", commence Nicolas Sarkozy. Le chef de l'État insiste pour justifier sa réforme-phare : "Il manquait 30 milliards d'euros pour financer les retraites. On me dira : vous auriez dû faire une plus grande négociation avec les syndicats. Mais sur quoi ? Woerth a eu 56 réunions avec les syndicats." "Voilà, on a fait cette réforme. Tous ceux qui sont retraités aujourd'hui ou qui le seront bientôt - voilà, je vous dis -, on a de l'argent pour financer vos retraites."

À l'occasion des multiples journées d'action contre le texte promulgué la semaine dernière, de nombreux jeunes sont descendus dans la rue. Ce qui fait dire au chef de l'État : "Je voudrais dire que ça n'a pas été une bonne idée d'appeler les lycéens à manifester. Je ne trouve pas cela très responsable." Concernant l'emploi des jeunes, le président lance : "Si plus de Français travaillent, il y aura plus de croissance, et plus d'opportunités de travail pour les jeunes."

GOUVERNANCE

"Bien sûr, je dois me remettre en question", lâche Sarkozy. "Je ne peux pas m'exonérer de cette part de responsabilité, mais de l'autre côté de l'Atlantique, Obama a le même problème, tout comme Merkel en Allemagne. Mais c'est normal que le président de la République porte la colère, l'inquiétude." "J'ai ma part de responsabilité, il faut que j'écoute, quand on est président de la République, on doit faire son devoir. Sur les retraites, la question n'était pas de savoir s'il fallait préparer 2012 ou pas, mais faire un choix dans l'intérêt général dont je savais qu'il portait en lui les germes de la mauvaise humeur."

Nicolas Sarkozy a été rattrapé par la polémique alors qu'il a étrenné à l'occasion du G20 son nouvel avion. "Nous avons vendu deux avions, deux A319, pour acheter un A330. Y a-t-il matière à scandale ? Je suis prêt à prendre les paris que ceux qui me succèderont trouveront ce choix excellent."

LE CAS WOERTH

Le chef de l'État a également dû gérer, ces dernières semaines, la tourmente dans laquelle était pris Éric Woerth. "Son départ a été une des décisions les plus difficiles que nous ayons dû prendre avec Fillon parce qu'elle touche l'humanité de quelqu'un. Il a suscité mon admiration pour son courage et sa dignité lors de la réforme des retraites et il m'est souvent arrivé de penser dans un pays qui fait de la présomption d'innocence un principe cardinal : mon Dieu... Lui-même m'a dit qu'il serait plus simple pour lui de se défendre s'il n'était plus ministre, parce que quand on n'est plus ministre, à la sortie du bureau du juge, il y a une caméra, quand on est ministre il y en a cent", explique Nicolas Sarkozy. "Par ailleurs, je lui ai fait valoir que pour la nouvelle équipe gouvernementale, c'était mieux aussi que nous n'ayons pas, en plus de toutes les difficultés, à gérer les rendez-vous judiciaires inévitables dans la situation qui est la sienne", ajoute-t-il. "Et quand il sera sorti de ses ennuis, j'espère que l'on pourra retravailler ensemble."

SÉCURITÉ ET IMMIGRATION

Fin juillet, le président prononçait le désormais fameux discours de Grenoble, qui marque un durcissement de la politique sécuritaire. "Revenons si vous le voulez bien au mois de juillet et regardons le JT qui est le vôtre : premier sujet, la situation n'est plus tenue à Grenoble ; les policiers veulent démissionner, c'est la jungle. Le lendemain, à propos d'une attaque d'une gendarmerie, vous en faites l'un et l'autre (Chazal et Pujadas) l'ouverture du JT et vous en tirez la conclusion : mais qu'est-ce qui se passe en France ? Vous ne l'avez pas fait un soir, mais toute cette semaine (...). Vous créez vous-mêmes, les médias, une stigmatisation sur l'attaque de la gendarmerie, cela a été médiatiquement déformé. Alors, nous allons à Grenoble, le Premier ministre et moi. Dans le discours de Grenoble, il n'y avait pas d'outrance, pas un mot plus haut que l'autre, je ne regrette rien."

Concernant le dossier des Roms, "il n'y a pas eu de stigmatisation, qu'on soit rom ou qu'on soit français, on respecte. S'il y a un Rom en situation illégale, le ministre de l'Intérieur a le devoir de le raccompagner en Roumanie. Qu'on soit rom ou pas rom, on doit respecter la règle de la République. Je n'ai pas été élu pour ne pas respecter la loi ? Vivianne Reding a fait une comparaison honteuse et blessante, pas simplement pour les juifs, mais pour tous ceux qui ont vécu la Shoah."

ÉCOUTES

"Vous imaginez que c'est moi qui organise le cambriolage de l'ordinateur portable d'un de vos confrères ? Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Soyons sérieux... Vous voulez que je m'occupe de savoir si un de vos confrères a perdu son portable ou se l'est fait voler ?" s'exclame le président à propos des vols de portables de journalistes enquêtant sur l'affaire Bettencourt. "Jamais, à aucun moment, d'aucune façon, je ne me préoccupe, de près ou de loin, des téléphones, des lieux et des rencontres des journalistes français", assure le chef de l'État.

RISQUE TERRORISTE

"Je suis spécialement inquiet pour nos otages au Mali pris en otage par une bande appartenant à Aqmi, je dis aux Français : n'allez pas dans cette région. Pour nos otages en Afghanistan, la situation est complexe, je suis un peu moins inquiet pour eux. Et nous avons encore sept otages en Guinée pour lesquels des négociations sont en cours et nous avons encore un otage en Somalie. C'est un sujet complexe, difficile. Nous ne changerons pas d'un iota notre politique au seul prétexte que nous sommes menacés comme le sont toutes les démocraties."

DÉPENDANCE

François Fillon a déjà abordé le sujet aujourd'hui. La dépendance est bel et bien une des priorités du nouveau gouvernement, confirme Nicolas Sarkozy. "Je souhaite la création, pour la première fois depuis la Libération, d'une nouvelle branche de la Sécurité sociale : le cinquième risque. Je souhaite que nous réformions la dépendance. Nous allons organiser une grande consultation qui va durer six mois, avec les conseils généraux, les forces syndicales... Nous prendrons les décisions à l'été 2011, à la suite de ce grand débat.

RÉFORME FISCALE

Nicolas Sarkozy s'est dit implicitement favorable à la suppression du bouclier fiscal et de l'ISF, en évoquant la création à leur place d'un nouvel impôt sur les revenus et les plus-values du patrimoine, dans le cadre d'une réforme de la fiscalité en juin 2011. "L'idée, c'est d'engager un vaste débat pour prendre une décision au printemps prochain qui permettrait d'harmoniser la fiscalité française et la fiscalité allemande, parce que je ne veux plus de délocalisations, parce que je souhaite qu'on garde des industries en France", explique le chef de l'État. Pour cela, il annonce la création d'"un nouvel impôt sur le patrimoine dont l'idée est la suivante : l'erreur faite dans les années passées, c'était de taxer le patrimoine alors qu'il vaut mieux taxer les revenus du patrimoine et les plus-values du patrimoine". "C'est l'axe de la réforme que nous allons engager", insiste Nicolas Sarkozy.

Le président de la République a, par ailleurs, réaffirmé qu'il n'y aurait pas d'augmentation générale des impôts. "Si nous augmentons les impôts (...), on aura moins d'emploi, moins de croissance, moins de pouvoir d'achat. Il n'y aura pas d'augmentation d'impôts, il y aura des réductions de dépenses", justifie-t-il.

CHÔMAGE

"Nous allons profiter des négociations engagées avec les partenaires sociaux. Nous voulons obtenir la généralisation du contrat de professionnalisation. Quand il y a un licenciement économique, la personne n'y est pour rien ! On lui garantira un an de salaire, on la prendra en charge et elle aura l'obligation d'accepter un emploi. Un jeune en formation en alternance a 70 % de chances de trouver un emploi. Il faut doubler le nombre de jeunes en formation en alternance. Il n'y a pas de fatalité. Je pense qu'on n'a pas encore tout essayé contre le chômage."

G20

La France a pris la présidence du G20 le week-end dernier. Le mandat français sera marqué par la guerre des monnaies en cours. "Depuis Bretton Woods, en 1945, on ne peut plus rester dans cette pagaille monétaire. Il faut un nouveau système monétaire international. La Chine m'a donné son accord pour organiser un nouveau séminaire au printemps que j'irai présider moi-même avec les Chinois et j'en parlerai avec Dominique Strauss-Kahn demain." "Si on ne veut pas de protectionnisme, il faut de la régulation. C'est la vocation de la France."

2012

"Je prendrai ma décision sans doute à l'automne 2011... J'ai tellement conscience du ridicule de mon propre intérêt par rapport aux problèmes des gens qui sortent de la crise. L'analyse que je fais, c'est que les Français ont envie que je travaille dans leur intérêt jusqu'au bout." Une candidature de DSK côté PS lui fait-elle peur ? "Vous croyez que les problèmes ne sont pas assez lourds pour penser aux petits intérêts personnels", balaye-t-il.

RÉFORME JUDICIAIRE

Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir que des "citoyens" prennent, avec les juges professionnels, les décisions concernant les libérations conditionnelles et a confirmé sa volonté d'introduire des jurés populaires en correctionnelle pour "les délits les plus graves".

Ce débat a été lancé dès le mois de septembre. Nicolas Sarkozy l'a relancé ce soir, jugeant qu'il ne "serait pas maladroit d'imaginer un système pour qu'il y ait matière à faire rentrer des jurés populaires dans des tribunaux correctionnels".

POUVOIR

"Parfois, j'ai eu des moments de découragements, mais je dois avouer qu'ils ne durent pas longtemps. J'ai une famille qui m'entoure. Quand on est marié avec une femme de grande intelligence, ça serait dommage de ne pas l'écouter. Sur les grands sujets, je deviens moins influençable, car je vois qu'il y a des choses que la France doit faire. Je me laisse plus de temps pour réfléchir. On en a parlé avec Fillon pour voir comment on pouvait mieux conduire l'action. Fillon a été en première ligne pour la constitution du gouvernement."

CENTRE

Deux poids lourds du centre ne sont plus au gouvernement, Hervé Morin et Jean-Louis Borloo. Les deux semblent s'organiser pour riposter. "Mon devoir n'est de ne pas rentrer là-dedans", balaye le président.

FRONT NATIONAL
"Je n'y ai jamais cru et je n'ai pas changé d'avis", dit le président, au sujet d'une alliance avec le FN.

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