21 octobre, 2010

ROYAUME-UNI PLAN D'AUSTÉRITÉ - Le gouvernement britannique accusé d'avoir "manié la hache"

Source AFP

PLAN D'AUSTÉRITÉ - Le gouvernement britannique accusé d'avoir "manié la hache"

Une bonne partie de la presse britannique accuse le gouvernement d'imposer les sacrifices les plus importants aux ménages les plus pauvres © Sipa

Le gouvernement britannique a défendu jeudi son plan d'austérité d'une ampleur sans précédent dévoilé la veille, rejetant les nombreuses accusations d'injustice, alors que le pays commençait à peine à prendre la mesure des lourds sacrifices à venir. Le ministre des Finances, George Osborne, a martelé sur les ondes des radios et télévisions que la réduction du déficit record dont avait hérité son gouvernement était "inévitable" et a défendu ses "choix difficiles" consistant notamment à réduire drastiquement les allocations sociales. "Nous avons pris des mesures pour sortir le Royaume-Uni d'une zone de danger financière", a-t-il plaidé. "J'ai fait un choix conscient, en décidant de maintenir les dépenses de santé et d'éducation", au détriment des allocations sociales, et "je pense que ce sont des décisions justes", a ajouté le chancelier de l'Échiquier.

George Osborne avait détaillé mercredi un plan d'austérité qui entraînera la suppression de près de 500.000 emplois publics et des coupes drastiques dans les dépenses sociales. Ce plan - considéré comme le plus sévère des grands pays de l'Union européenne - vise à réaliser 81 milliards de livres (environ 92 milliards d'euros) d'économies en moins de cinq ans, auxquels s'ajouteront 30 milliards de livres de hausses d'impôts, pour ramener le déficit britannique à 1,1 % du PIB en 2015 contre 10,1 % cette année.

Margaret Thatcher n'aurait pas été si loin, "même en rêve" (Guardian)

Au lendemain de ces annonces chocs, dont les effets ne se feront sans doute vraiment sentir que l'an prochain, les reproches pleuvaient de toutes parts, le gouvernement se voyant accusé par la presse et de nombreux commentateurs d'avoir "manié la hache" aveuglément, en imposant les sacrifices les plus importants aux ménages les moins aisés. Le Parti travailliste, relégué dans l'opposition depuis sa défaite cuisante aux élections législatives de juin, a ainsi dénoncé une "stratégie de la terre brûlée". De son côté, l'Institut d'études budgétaires (IFS), un centre de réflexion indépendant, a qualifié le plan d'austérité de "régressif", dans la mesure où les ménages les moins aisés seront touchés plus durement que les plus riches, selon ses calculs. Des reproches qu'ont rejetés catégoriquement George Osborne et le premier ministre David Cameron, assurant que tout le monde était mis à contribution, et que les ménages les plus riches seraient les plus durement frappés. Le chancelier a par ailleurs reçu le soutien des libéraux démocrates, partenaires de coalition des conservateurs. Ils ont serré les rangs en assurant que les coupes budgétaires étaient "les plus justes possibles". Il a également reçu un satisfecit de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui a jugé son plan "dur, nécessaire et courageux".

La presse a souligné quant à elle le bouleversement historique qu'entraînera la chute des dépenses publiques et le repli spectaculaire de l'État providence. Parmi les quotidiens proches des conservateurs, le Telegraph saluait un "ensemble de mesures intelligent, méthodique et courageux", tandis que le Sun se félicitait que le chancelier ait "botté les fesses de la Grande-Bretagne" en sonnant le glas de la "culture de l'assistanat". Mais le Guardian (centre-gauche) s'offusquait du cynisme d'un gouvernement "qui contenait difficilement sa joie" d'avoir imposé au pays une cure d'austérité que Margaret Thatcher n'aurait pas tentée "même en rêve". Les syndicats se sont, quant à eux, engagés à mobiliser la population en vue de s'opposer à ces coupes, mais sans concrétiser leur menace d'organiser des grèves massives.

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