Khadr ne purgera en fait la peine prononcée par les sept jurés militaires que si elle est plus courte que celle prévue dans l'accord à l'amiable qu'il s'est résigné à signer lundi avec les Etats-Unis et que le juge militaire entend rendre publique.
Les délibérations des jurés dans le procès du jeune Canadien Omar Khadr, qui plaide coupable de crimes de guerre, dont meurtre, ont été ajournées samedi en fin de journée à Guantanamo et reprendront dimanche à 16H30 GMT, a annoncé le juge militaire Patrick Parrish.
Les sept jurés militaires ont délibéré samedi pendant près de six heures pour examiner les quelque 200 pages d'éléments versés au dossier de ce cas délicat d'un ancien enfant soldat capturé à l'âge de 15 ans en Afghanistan.
Cela représente déjà un record par rapport aux procès des deux précédents détenus qui avaient plaidé coupable devant un tribunal militaire d'exception: pour le "taliban australien" David Hicks et l'ex-cuisinier d'Oussama ben Laden, Ibrahim Al Qosi, les délibérations avaient duré deux heures.
Le juge a fixé la reprise du procès à dimanche 12H30 (heure locale) pour permettre aux jurés qui le désirent "d'assister à la messe".
Samedi, les réquisitions du procureur ont réclamé "pas moins de 25 ans de prison supplémentaires", tandis que la défense a demandé dix ans, y compris les huit ans que l'accusé a déjà passés dans la prison américaine à Cuba.
Arrêté en Afghanistan à l'âge de 15 ans en 2002, Khadr ne purgera en fait la peine prononcée par les sept jurés militaires que si elle est plus courte que celle prévue dans l'accord à l'amiable qu'il s'est résigné à signer lundi avec les Etats-Unis et que le juge militaire entend rendre publique.
Selon des informations de presse, il s'agit de huit ans de prison, dont un an à Guantanamo et le reste au Canada si Ottawa est d'acord. Les jurés ne sont pas censés être informés de cette peine.
"Votre condamnation enverra un message au monde. Votre condamnation enverra un message à Al-Qaïda et à tous ceux dont le but est de tuer des Américains et de semer le chaos à travers le monde", a martelé le procureur Jeffrey Groharing devant la commission militaire d'exception réunie sur la base navale américaine à Cuba.
"Omar Khadr est un meurtrier, un terroriste accompli (...). Il a commis des crimes d'adulte", a-t-il poursuivi. "A 15 ans, on fait la différence entre le bien et le mal", a encore dit le procureur.
"Le gouvernement reconnaît qu'il y a des circonstances atténuantes et demande pas moins de 25 ans de prison supplémentaires", a-t-il ajouté, alors qu'Omar Khadr, fils d'un proche d'Oussama ben Laden, a été capturé lorsqu'il était adolescent.
L'avocat de la défense pour sa part, le lieutenant-colonel Jon Jackson, a demandé que les jurés prennent en compte les huit ans de prison déjà purgés et qu'ils le condamnent à l'équivalent de 10 ans d'internement, ne lui laissant que deux ans à faire.
"Il avait 15 ans" à l'époque des faits "et il a été influencé par son père", a plaidé l'avocat ajoutant: "c'était un enfant, avec un mauvais père".
"Tout jeune mérite une seconde chance. Il n'a jamais eu de première chance", a ajouté l'avocat de la défense. "Renvoyez-le au Canada, à la maison. Qu'il puisse s'instruire. Il ne sortira rien de bon à le garder ici", a-t-il affirmé alors que le jeune Canadien avait affirmé la veille avoir "soif de connaissance" et vouloir devenir médecin.
Les sept jurés militaires, dont trois femmes, doivent voter à la majorité des trois quarts (6 contre 1) s'ils le condamnent à une peine supérieure à 10 ans et à la majorité des deux tiers (5 contre 2) si la peine est moindre.
Aujourd'hui âgé de 24 ans, Omar Khadr comparaît pour meurtre, tentative de meurtre pour avoir confectionné des bombes artisanales, complot, soutien au terrorisme et espionnage.
En plaidant coupable, il a admis avoir tué un infirmier militaire, le sergent Christopher Speer, 28 ans, en lançant une grenade au cours d'une bataille en Afghanistan le 27 juillet 2002.
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