29 octobre, 2010

"Le Liban ne tombera pas dans la discorde", affirme Saad Hariri

"Le Liban ne tombera pas dans la discorde", affirme Saad Hariri

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a réitéré vendredi l'engagement de son bloc parlementaire à collaborer avec le tribunal de l'ONU chargé d'enquêter sur l'assassinat de son père Rafic, au lendemain d'un appel du Hezbollah à boycotter cette instance.

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a affirmé vendredi que "le Liban ne tombera(it) pas dans la discorde" au lendemain d'un appel du Hezbollah à boycotter le tribunal de l'ONU chargé d'enquêter sur l'assassinat de son père.

"Le Liban ne tombera pas dans la discorde, le non-dialogue et l'opinion unique", a déclaré Saad Hariri, selon un communiqué de son bureau, ajoutant: "Le Liban est un lieu de cohabitation égalitaire entre chrétiens et musulmans. Nous sommes responsables de la protection et de la stabilité de ce modèle".

Jeudi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait exhorté les Libanais à boycotter le Tribunal spécial sur le Liban (TSL), affirmant que toute coopération avec les enquêteurs serait une "agression" contre le mouvement chiite.

Le Hezbollah accuse le TSL, mis en place par l'ONU pour enquêter sur l'assassinat en 2005 à Beyrouth de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, d'être "politisé" et d'avoir basé son enquête sur de faux témoignages.

Le bloc parlementaire de Saad Hariri lui a répondu vendredi, "insist(ant) sur son engagement envers le tribunal, qui a fait consensus auprès des Libanais" et "invit(ant) toutes les parties politiques à respecter (les décisions) du dialogue national sur l'enquête entreprise" par le TSL.

Washington a apporté son soutien au tribunal et dénoncé les "intimidations" du Hezbollah. "Les commentaires de M. Nasrallah témoignent du fait que le Hezbollah n'a pas en tête les intérêts du peuple libanais", a indiqué le porte-parole du département d'Etat.

"Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider le gouvernement et le peuple libanais à résister à cette intimidation évidente".

Tout en exprimant "sa vive inquiétude", le président du TSL, le juge Antonio Cassese, a de son côté affirmé que le tribunal avait "fermement l'intention de ne pas (s')incliner devant les actes d'ingérence et d'intimidation tendant à entraver l'exercice de (son) mandat de manière juste et indépendante".

Hassan Nasrallah a appelé au boycott du TSL après un incident survenu mercredi dans une clinique gynécologique de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, où des enquêteurs du TSL s'étaient heurtés à un groupe de femmes et s'étaient vu empêcher l'accès à des dossiers.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a condamné l'incident et les propos de M. Nasrallah, estimant dans un communiqué que "de tels actes d'ingérence et d'intimidation (étaient) inacceptables".

Dans le camp des alliés du Hezbollah, le leader chrétien Michel Aoun a dit "n'avoir aucun problème à ne pas coopérer" avec le TSL, car "nous n'étions au départ pas favorables au tribunal".

Le député druze Walid Joumblatt, jadis un proche allié de Saad Hariri qui a depuis pris ses distances pour se positionner plus au centre, a pour sa part dit comprendre "l'objection politique, sécuritaire et morale" exprimée par Hassan Nasrallah sur la visite des enquêteurs dans une clinique gynécologique.

L'envoyé spécial de l'ONU au Liban, Terje Roed Larsen, avait jugé jeudi que la situation était "hyper dangereuse" alors que l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU accusait la Syrie et l'Iran de continuer à armer le Hezbollah.

Paris a appelé "toutes les parties libanaises et non libanaises à mettre fin à toute activité de transfert d'armes vers le Liban et de renforcement de capacités militaires échappant au contrôle de l'Etat".

Interrogé sur l'appel au boycott, le directeur du Centre libanais pour les études politiques, Oussama Safa, a estimé que "c'était une escalade prévue".

"Je ne pense pas qu'un autre mai 2008 pointe encore à l'horizon", a-t-il dit à l'AFP, en référence à une crise entre majorité parlementaire et le Hezbollah qui avait abouti à des violences meurtrières.

"Il semble qu'il y ait, pour le moment, un accord régional et international pour garder le Liban calme".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire