28 octobre, 2010

La Guinée sur des charbons ardents

On peut dire que le général Siaka Toumani Sangaré n’a pas perdu de temps. Après sa nomination, la semaine dernière, à la tête de la CENI guinéenne, l’expert malien a su créer la surprise. A peine les ronds de sa « concertation approfondie » achevés, le militaire de carrière a proposé, ce mardi, une nouvelle date pour le second tour : le 31 octobre 2010 ; repoussant d’une semaine seulement le rendez-vous des urnes.

Enfin une bonne nouvelle dans le ciel tourmenté de la présidentielle guinéenne. Et surtout une chance de sortie du tunnel, après 26 longues années de régimes militaires.

Une bonne nouvelle oui, mais pas pour tous apparemment, car Cellou Dalein Diallo, arrivé en tête du premier tour le 27 juin dernier, n’a pas trouvé mieux à faire que la fine bouche, estimant que la date proposée était « trop proche », ne permettant pas le retour des populations déplacées après les violences de ces derniers jours. Dans le principe, l’ancien premier ministre de Lansana Conté a sans doute raison, préférant ne pas confondre vitesse et précipitation.

Mais, dans le fond, il faut reconnaître que, pour quelqu’un qui a toujours poussé à la tenue de ce scrutin vaille que vaille, il est aujourd’hui très mal fondé à reculer alors qu’on lui propose enfin une date pour en découdre, bien sûr, en toute démocratie.

Et en dépit des réserves du candidat Diallo, il faut dire que le général n’a pas fait sa proposition au hasard : le choix du 31 octobre aurait été fait en tenant compte de « la disponibilité du matériel électoral » ainsi que des « 50 000 agents électoraux formés depuis une semaine » et afin de réduire le coût du processus électoral, déjà très élevé ; autant d’arguments objectifs qui militent en faveur de la tenue rapide d’un second tour, que les Guinéens attendent comme Godeau.

Alors si le choix du nouveau président de la CENI est approuvé par le général Sékouba Konaté, il faudra bien qu’on en finisse avec ce processus électoral qui, de part sa longueur et ses vicissitudes, est digne de figurer en bonne page dans le Guinness des records. Trois mois entre le premier et le second tour, c’est trop, beaucoup trop pour un pays où, après des décennies de dictature et de pouvoir militaire, tout est désormais urgent.

Il ne nous reste plus donc qu’à prier Dieu et tous les ancêtres de la Guinée pour que ce scrutin se tienne enfin, et dans de bonnes conditions, s’il vous plaît !

H. Marie Ouédraogo

lobservateur

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