26 octobre, 2010

Christine O'Donnell, le Tea Party et Obama

Portrait - Candidate du mouvement populiste issu du parti républicain pour un poste au Sénat lors des législatives de mi-mandat du 2 novembre, Christine O'Donnell est la nouvelle star de la droite dure américaine aux côtés de Sarah Palin. Sa cible préférée : le président.Christine O'Donnell, le 16 septembre 2010, à Dover (Etats-Unis)Christine O'Donnell, le 16 septembre 2010, à Dover (Etats-Unis) © TF1/LCI

Inconnue il y a encore quelques mois, Christine O'Donnell est aujourd'hui, et au moins jusqu'au soir du 2 novembre, l'une des figures principales de la politique américaine. Agée de 41 ans, elle est la candidate emblématique du Tea Party, ce mouvement populiste de droite issu du parti républicain. Après avoir battu un républicain modéré dans la primaire du parti de l'éléphant, elle brigue désormais l'un des deux postes de sénateurs de l'Etat du Delaware à l'occasion des élections législatives de mi-mandat. Et pas n'importe quel siège : il s'agit en effet de celui détenu auparavant par Joe Biden, l'actuel vice-président de Barack Obama.

Le Tea Party fait référence à la révolte des colons contre la monarchie britannique de 1773 qui déboucha ensuite sur la guerre d'Indépendance. Ses positions radicales contre les impôts fédéraux et pour le désengagement de l'Etat dans l'économie ont fait une entrée remarquée au 1er semestre 2009. Barack Obama, qualifié de socialiste (une insulte aux Etats-Unis), et l'establishment de Washington, sont ses cibles préférées. Sarah Palin, l'ancienne colistière de John McCain pour la vice-présidence en 2008, en est devenue l'égérie. Mais ayant passé son tour pour ces élections, c'est donc Christine O'Donnell qui symbolise actuellement le mieux ce basculement vers la droite du parti républicain.

Droite religieuse

C'est peu dire que les positions de Christine O'Donnell, dont le parcours universitaire est sujet à caution, sont tranchées. Proche de la droite religieuse, dont les thèses épousent celle du Tea Party sur les sujets de société, elle réfute la théorie de l'évolution et croit dur comme fer au créationnisme. Prônant l'abstinence sexuelle, cette célibataire, qui n'exclut pas de se marier, est logiquement opposée à l'avortement. Il y a quelques années, dans une interview télévisée, elle avait également comparé la masturbation à l'adultère. Sans surprise, elle bénéficie aussi du soutien du puissant lobby de la National rifle association (RFA).

Les médias et ses adversaires, aussi bien républicains que démocrates, mettent en avant son inexpérience politique et son extrémisme. Et ont trouvé quelques vidéos croustillantes, dont l'une (une interview remontant en 1999 où elle a annonçait avoir participé à des séances de sorcellerie) l'a obligée à expliquer qu'elle n'était pas une sorcière ! "Ce sont des politiciens de carrière, taillés pour diriger, qui ont placé le pays dans la situation où il est. Comme beaucoup de gens, je sais à quel point il est difficile de gagner le moindre dollar et c'est pour cela que je veux aller à Washington, pour aider à protéger ce dollar", réplique-t-elle. Il n'empêche : si elle a donc remporté la primaire républicaine dans le Delaware, elle est aujourd'hui moins bien placée, malgré sa médiatisation, que ne l'était le républicain qu'elle a battu pour la victoire finale face au candidat démocrate. C'est aussi souvent le cas pour sa dizaine de collègues du Tea Party en lice, sauf Marco Rubio en Floride.

Obama sauvé ou coulé ?

Et c'est là tout le paradoxe actuel du mouvement et de ses représentants. Nul doute qu'ils sont en train de bouleverser non seulement la donne future du parti républicain, qui peine à se relever et à trouver un nouvel héraut capable de tenir la dragée haute à Barack Obama en vue de la présidentielle de 2012, mais aussi celles de la société et de la politique américaines.

Mais, ce 2 novembre, pour leur première grande sortie, leur 'extrémisme" pourrait permettre aux démocrates et au président, malmenés par les républicains "classiques" qui profitent du haut niveau du chômage (10%), de limiter la casse. Effrayés par ce virage à droite, les électeurs républicains modérés pourraient en effet s'abstenir, voire voter pour le parti de l'âne.

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