16 septembre, 2010

Cherté du ciment : Les acteurs du domaine se rejettent la responsabilité


Le prix du sac de 50 kg de ciment local tourne autour de 6250 et 6500 francs CFA. Le gouvernement à travers le ministre en charge du Commerce, Léonce Koné s’est prononcé sur les mesures à prendre pour que le prix soit abordable. En attendant, les intervenants du secteur du ciment se rejettent la responsabilité sur cette cherté du produit.

Avoir son propre toit est le rêve de tout Burkinabè. Pour exemple, dès leur sortie d’une école professionnelle, ces derniers se précipitent pour l’achat de parcelles et plus tard, de matériaux de constructions dont le ciment. Le prix actuel de ce dernier tournant autour de 6 250 et 6 500 francs est jugé élevé par les consommateurs. Qu’est-ce qui explique la hausse du prix du ciment sur le marché burkinabè ? A cette question, Rasmané Congo vendeur de ciment au marché de Sankariaré pense que l’usine n’est pas accessible à tous les commerçants.

"Il y a des règles qui sont instaurées. Est grossiste, celui qui peut acheter au moins cinq contenaires de remorques", affirme M. Congo. Pour lui, le prix du ciment est fixé par les grossistes. "Actuellement, il faut au moins 125 000 francs pour la tonne. A combien vas-tu vendre pour tirer des bénéficies à ce prix" s’interroge-t-il.

La situation pouvait changer explique M. Congo. Selon lui, tout individu, par le passé, pouvait s’approvisionner à l’usine s’il pouvait acheter un contenaire de camion remorque. Pour Boukary Tapsoba, les commerçants n’ont pas le choix. "Nous vendons le ciment en fonction du prix auquel il arrive. Si les grossistes l’augmentent nous aussi nous suivons. S’il diminue, nous diminuons", soutient-t-il.

Pour l’augmentation actuelle du prix du ciment, M. Tapsoba a une autre explication. En effet, il explique cela par l’achat massif du produit au Burkina par des Maliens. La demande dépasserait donc l’offre. Noufou Ouédraogo rejoint Boukary Tapsoba : "tout le monde ne peut pas s’approvisionner à l’usine", confie t-il. Rasmané Congo pense même que le marché manque de transparence. D’après lui, à l’achat avec les grossistes, des reçus ne seraient pas délivrés.

L’on se contenterait de remettre aux clients des bordereaux de livraison où ne figure par le prix. Ce manque de transparence l’aurait conduit à se spécialiser dans le commerce du ciment ghanéen. Michel Lougué s’occupe d’un chantier non loin du marché central (Rood Wooko) de Ouagadougou. Il est catégorique : le prix du ciment est trop élevé. "Pire, notre ciment est plus élevé que ceux qui viennent de l’étranger" se plaint Michel Tapsoba.

Selon ses explications, le CPA 45 (ndlr, le ciment adapté au climat burkinabè, contrairement au CPJ pour les régions humides) tourne autour de 6250, ce qui augmente les coûts de construction. Pour lui, l’Etat est responsable de cette situation parce que les ciments étrangers serait fortement taxés. Des propos qui corroborent ceux de Rasmané Congo pour qui la forte taxation empêcherait de vendre à un prix raisonnable. Il soutient qu’au Ghana, le marché est plus ouvert qu’au Burkina Faso.

La réponse du gouvernement

Le gouvernement burkinabè s’est exprimer sur ce sujet lors d’une conférence de presse animé par le ministre en charge du Commerce Léonce Koné le jeudi 26 août 2010. Il est revenu sur la cherté des produits de grandes consommations dont le ciment. Cette augmentation entre 250 F et 800 F serait due aux nouvelles charges de l’usine Diamond Cement. Celle-ci serait liée entre autres, aux paiements des pénalités, aux contrôles de la charge pour le transport de la matière première. Le gouvernement compte ramener le prix du sac à 6000 francs CFA. En plus de cela, Diamond Cement s’est engagé à importer 15 000 tonnes supplémentaires chaque mois.

Cette baisse des prix du ciment bien que salutaire ne semble pas suffisant aux yeux de certains burkinabè. Boureima Tiemtoré, chef de construction d’un immeuble à Tampouy affirme que le sac de 50 kg s’achèterait dans un passé récent à 5000 francs ou même moins.

En plus du coût élevé, les consommateurs sont confrontés à un autre problème. Il s’agit des sacs mal remplis. Le constat est qu’ils ne sont pas pleins, mais sont vendus au même prix. Pour Michel Lougué, cela relèverait de l’usine. Il pense qu’il y a un problème de mesure car il y a des jours, où le sac dépasse 50 kg. Rasmané Congo indique une autre piste. Le problème est similaire à celui des sacs de riz mal remplis. Le principe selon ses explications, certains commerçants indélicats, après l’achat du riz, préfèrent décharger les sacs dans leur magasin pour recharger après pour livrer la marchandise aux clients.

Pourtant, selon ses explications, lorsqu’un commerçant achète un contenaire, il peut l’envoyer directement à celui qui a fait la commande. Il estime que le fait de décharger avant de renvoyer aux clients est suspect. "Il y a anguille sous roche", affirme M. Congo. Ce commerçant pense que c’est pareil avec le ciment, même s’il trouve plus compliqué avec ce produit. Les livraisons se font souvent la nuit pour éviter toute remarque.

Culpabilité des revendeurs

Ils accusent certains maçons de trafiquer le sac de ciment. Lorsque quelqu’un a une construction et qu’il veut acheter son ciment, ces derniers opposent leur veto, prétextant la mauvaise qualité du ciment.

Maîtrisant donc le système, ne s’adonnerait-il pas à cette pratique ? Rasmané Congo relève que les sacs de moins de 50 kg se reconnaissent par leurs dispositions. S’ils sont classés les uns sur les autres par colonne, c’est une preuve que le contenu du sac n’obéit pas à la norme. Il faut que les sacs soient superposés. Noufou Ouédraogo fait le même constat, mais estime être impuissant face à la situation. Dans cette situation, les maçons ont des problèmes pour le dosage. "Quand c’est comme ça, on nous accuse souvent d’utiliser beaucoup de sable", mentionne Boureima Tiendrébéogo.

La construction d’une maison ou un bâtiment digne de ce nom nécessite des matériaux de qualité pour que l’infrastructure tienne pendant longtemps. La qualité du ciment est donc importante dans ce contexte. Les consommateurs remettent souvent en cause la qualité de ce produit. "Le ciment 45 du Burkina et du Togo s’équivalent en qualité.

La différence se trouve dans la confection des briques. Le ciment du Burkina a besoin d’au moins deux heures pour sécher alors qu’une heure suffit pour ceux du Togo et du Ghana", fait remarquer Boureima Tiemtoré.

Cela rendait difficile l’usage du ciment burkinabè en saison pluvieuse. Les ouvriers et les commerçants pensent que les produits de Diamond Cement ont gagné en qualité. Comme le témoigne Boukary Tapsoba, ceux qui avaient de grands chantiers refusaient d’acheter le ciment local. La situation a évolué selon lui. M. Tiemtoré confirme : "ça n’allait pas du tout. Après le mélange, il y avait une espèce de couches huileuses au-dessus.

Nous avions des difficultés à travailler avec". Son collègue Abdoulaye Sawadogo confirme l’usage du ciment local pour les fondations. Lors de la conférence animée par Léonce Koné, ces préoccupations ont été prises en compte. La société Diamond Cement s’est engagée à améliorer la qualité de son produit. C’est le souhait des consommateurs. Cela facilitera la construction et la durée des infrastructures au Burkina Faso.

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