23 août, 2010

Gourcuff, qui dit vrai ?


Dans la moiteur parisienne de cette fin août, il régnait dimanche soir, dans les coursives du Parc des Princes, comme une odeur de soufre. Avec le retour de la chaleur sur la capitale, la zone mixte du stade parisien s'est vite transformée en étuve. D'autant qu'il y avait foule juste après la victoire de Bordeaux (2-1), la première de la saison. Un nom y était sur toutes les lèvres, celui d'un homme même pas titulaire dans la rencontre qui venait de se jouer : Yoann Gourcuff. Annoncé sur le départ, depuis la révélation le matin même dans L'Equipe de son entretien tenu la veille avec son président et son entraîneur, lors duquel le joueur aurait fait part des envies d'ailleurs, l'international était attendu pour venir s'expliquer. Passé en dernier devant les micros, il s'est arrêté, sans broncher. "Un seul passage", a toutefois été lancé par le chargé de presse à la meute de journalistes, soudain agglutinés dans un seul m2.C'est bien d'avoir gagné. C'est bien pour le moral du groupe, ça va lancer la saison. Ça va donner confiance à tout le monde. C'est une victoire importante, a d'abord lancé la star bordelaise courtisée par Lyon, avant LA question : "allez-vous partir ?" «Je ne sais pas. Je suis à la disposition du club. On verra. Je n'ai pas de commentaire à faire là-dessus», a-t-il conclu. Fin de l'interview. Avant lui Jean-Louis Triaud mais surtout Jean Tigana avaient été beaucoup plus loquaces, heureusement. «Si j'avais voulu le sanctionner, je l'aurais laissé à la maison. J'ai pensé que Jussiê serait plus motivé, avait affirmé le coach bordelais pour expliquer son choix de laisser son meneur sur le banc au coup d'envoi. Hier (samedi), il (Yoann Gourcuff) est allé voir le président pour lui demander de partir. Il peut partir mais on ne dit pas ça la veille du match, quand on a déjà deux défaites. Finalement, il s'est retrouvé sur le banc. C'était plus simple pour tout le monde.»
Tigana : «Pas le maître de la situation»

L'oeil rieur, sans doute grâce au premier succès de son équipe, le successeur de Laurent Blanc à la tête des Girondins, n'avait éludé aucune question, pas même celle concernant le possible départ de Gourcuff, son maître à jouer. «Je ne suis pas le maître de la situation, il faut attendre la fin du mercato, avait-il reconnu. Quand on a des internationaux, on préfère les garder mais je ne peux pas me mettre en travers des choix du joueur. Ils ont des clauses dans leur contrat. Après j'ai mon actionnaire car c'est bien de gagner et d'avoir des résultats mais c'est bien aussi d'avoir des comptes solides pour préparer l'avenir. Je ne suis pas fataliste.» Egalement d'humeur badine, soulagé par la victoire de son équipe, Triaud avait lui tenu un discours moins direct, et plus de rigueur dans ce genre de situation : on appelle ça la langue de bois ! "Gourcuff va frapper les corners encore pour longtemps avec Bordeaux ?", lui était-il demandé. «Voila une question qui a le mérite de ne pas être directe. Lui ou un autre, ça n?a pas une grosse importance. On a d'autres bons tireurs de corners, avait répondu le patron bordelais. "Est-il venu vous voir hier ?", lui demandait-on alors. «Qui ça ?, avait rétorqué Triaud. Yoann Gouffran ? Non, personne n'est venu me voir. Sur ce sujet, je ne dirai rien. Pas la peine d'insister, d'entretenir un feuilleton. Vous verrez bien ce qu'il se passera dans les jours qui arrivent. De toute façon, il n'y aura pas longtemps à patienter. Le mercato se termine le 31. C'est dans 8 jours.»

Dans cette euphorie ambiante, c'est comme si personne ou presque ne se rendait de ce qui était en train d'arriver. Ou ne voulait l'imaginer. «Espérons qu'il reste», avait toutefois lancé Michael Ciani. «Il est à 100% avec nous», avait assuré Mathieu Chalmé. «Il ne me reste pas longtemps», avait enfin conclu Tigana, référence faite à la recherche d'un possible remplaçant pour le numéro 8. Il serait temps de s'en rendre compte. - H.S, au Parc des Princes

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